La compagnie Air Calédonie et ses clients pris dans des turbulences qui les dépassent. Explications… Alors que le dépistage anti-Covid n’est plus gratuit, sauf exceptions, depuis le mardi 1er février, les trois grandes chefferies de Lifou ont opté pour la fin des tests obligatoires dès le mercredi 2 si on doit se rendre en pays drehu. Les trois districts se sont aussi positionnés pour que le pass sanitaire ne soit plus exigé, à bord des avions comme du Betico, desservant Lifou.
Le Wetr annonce la fermeture de l'aérodrome
Vendredi, communiqué signé par le grand chef du Wetr, Ukeneissö Sihaze : "Le gouvernement n’ayant pas donné suite à notre demande de supprimer le pass sanitaire pour les personnes souhaitant revenir sur Lifou ou Nouméa (maritime ou aérien), l’aérodrome de Wanaham sera fermé à ce jour à partir du dernier vol de 18 heures et cela jusqu’à nouvel ordre." Aérodrome situé sur les terres du district coutumier.
"On n'a pas de nouvelle"
Lucinda fait partie des clients d’Air Calédonie qui n’ont pas pu décoller. "Je devais prendre, ce [samedi] matin, le vol de 8h20. Et voilà, l’aérodrome est bloqué. On a su ça hier soir, on a reçu un SMS à 21 heures." La mère de famille regrette de ne pas avoir pu s’organiser, et de ne pas avoir de perspective. "On n’a pas de nouvelle, nos vols sont reportés à quand, et on doit partir sur Nouméa, pour récupérer nos enfants et faire les courses de la rentrée."
Passagère bloquée à Lifou, témoignage recueilli par Charlotte Mannevy
"Nous avons espéré jusqu'au bout"
Invité du journal radio de Lizzie Carboni, samedi midi, sur NC la 1ère, le président-directeur général d’Air Calédonie a décrit la situation avec une certaine amertume. "C’est une opposition qui ne concerne pas la compagnie, mais les autorités coutumières et le gouvernement, sur la question du pass sanitaire", a résumé Samuel Hnepeune. "Nous, nous sommes un opérateur de transport et on applique les consignes de l’autorité Nouvelle-Calédonie."
Quant à la communication tardive auprès des passagers concernés… "Je présente mes excuses et les excuses de la compagnie à la population et à la clientèle parce que nous avons annulé tardivement les vols d’aujourd’hui", a-t-il déclaré. "Pourquoi ? Parce que nous avons espéré jusqu’au bout que la position coutumière pouvait évoluer, dans la mesure où le gouvernement, en fin de journée, a annoncé la tenue d’une réunion mardi. Malheureusement, la décision n’a pas évolué, ce qui fait qu’effectivement, on a dû annuler mais annoncer tardivement l’annulation des vols."
Réflexion sur un "allègement des mesures sanitaires"
Ce bras de fer des autorités coutumières drehu sur le pass sanitaire touche à un sujet qui relève du gouvernement Mapou. Celui-ci réfléchit à "un allégement des mesures sanitaires", a confirmé à NC la 1ère Gilbert Tyuienon, porte-parole. "Modification qui requiert l’avis de l’ensemble du gouvernement collégial ainsi que celui du haut-commissariat". L'arrêté risque de ne pas pouvoir être pris avant le milieu de semaine prochaine, dans le meilleur des cas. Sauf marche arrière des coutumiers, le transport aérien vers Lifou pourrait bien être perturbé pendant quelques temps encore.
Treize rotations en trois jours
Cette suspension forcée concernera treize rotations sur trois jours, a précisé Samuel Hnepeune, soit environ 1500 voyageurs : "En termes d’impact, aujourd’hui samedi, on a cinq rotations sur Lifou. Demain dimanche, on a quatre rotations sur Lifou. 550 passagers aujourd’hui, 550 passagers demain. Lundi, quatre rotations sur Lifou, 500 passagers également." Or, "ces 1500 passagers sur le carreau, je n’ai rien à leur proposer avant dix jours, donc après la rentrée scolaire parce que les vols sont bondés. Sur les trois jours qui viennent, ils vont rester à Lifou ou à Nouméa, mais la compagnie n’a aucune solution à leur proposer."
En plus des "quarante cas de Covid" à Aircal
La perte financière en trois jours est estimée à au moins quinze millions de francs. Et cet épisode vient compliquer un contexte déjà épineux. "On a quarante cas de Covid", a détaillé le PDG d’Aircal. "On a du mal à traiter l’ensemble des opérations parce que dans les quarante cas de Covid, on a du personnel navigant, on a des gens des escales. Vous êtes au courant de la cyber-attaque qu’on a connue il ya deux jours", ajoute-t-il, la compagnie reste d’ailleurs difficile à joindre. "Il y a les dépressions qui se succèdent… On a une accumulation de crises qu’il faut gérer toutes en même temps en essayant de préserver notre exploitation."
A retrouver au journal télévisé de 19h30