Saisi par des représentants coutumiers de Saint-Louis, le tribunal administratif rejette la demande de lever les "verrous" du Mont-Dore

A chaque verrou érigé sur la RP1, les piétons doivent présenter leur carte d'identité.
Eugène Decoiré et Yohan Wamytan ont représenté ce lundi le conseil des chefs de clan de la tribu de Saint-Louis devant le tribunal administratif. Ils demandaient au haut-commissariat de lever les "verrous" de la gendarmerie, qui ferment la RP1, à hauteur de Saint-Michel et La Coulée, au Mont-Dore. La requête a été rejetée. Ce même jour, le verrou Nord, côté Boulari, a été partiellement levé. Selon le haussariat, il s'agit d'une mesure exceptionnelle.

Eugène Decoiré, président du conseil des chefs de clan de Saint-Louis, et Yohan Wamytan, chef de branche, dénoncent ce qu'ils appellent le "blocus de Saint-Louis". Ce lundi matin, ils représentaient le conseil au tribunal administratif de Nouméa. Par cette procédure, ils espéraient faire lever les verrous mis en place par les gendarmes sur la RP1 de part et d'autre de la traversée de Saint-Louis, depuis le 20 juillet. Un dispositif qui, selon les demandeurs, empêche les habitants de la tribu de vivre correctement et suscite des tensions internes.

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"Là, on a essayé de trouver une stabilité auprès de nos jeunes. Aujourd'hui, on ne peut pas enfermer une population, on est toujours Français. Certes, on est Kanak mais on est toujours Français. On n’est pas du bétail", lance Yohan Wamytan devant le tribunal.

"On ne peut pas se comporter en irresponsable"

Pour le haut-commissariat de la République, défenseur dans cette affaire, les verrous ont été mis en place sur la RP1 pour éviter tout nouvel incident. Rappelant qu’une soixantaine de car-jackings a été recensée sur cet axe routier depuis le 13 mai.

"Si l'accès est sécurisé, nous lèverons les verrous immédiatement", assure le secrétaire général du haut-commissariat de la République, Stanislas Alfonsi. "Nous n'attendons que ça, du côté de l'Etat. Mais on ne peut pas prendre la responsabilité de lever un dispositif, alors qu'on sait très bien que ça se traduirait par une dégradation très profonde, très brutale, de la sécurité des usagers. On ne peut pas se comporter en irresponsable."

Un blocage de route "efficace"

La décision de la juge des référés a été rendue ce lundi, en fin d'après-midi : la demande portée par Eugène Decoiré et Yohan Wamytan a été rejetée. Il a notamment été considéré que la notion d’urgence à lever ces verrous n’étaient pas justifiée par les arguments des requérants. Et que le rétablissement de la sécurité et de la tranquillité publique était d’intérêt public, le haut-commissaire faisant valoir que le blocage de la route “s’est révélé efficace”.

Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Franck Vergès

©nouvellecaledonie

Ouverture temporaire du verrou

Selon nos informations, les relations entre le conseil des chefs de clan de la tribu et le haussariat ne sont pas rompues et les discussions se poursuivent. Le verrou Nord, côté Boulari, a été levé temporairement et très partiellement, ce lundi, de 5 heures à 8 heures et de 15 heures à 18 heures. Une mesure exceptionnelle, selon les services de l'État. À savoir que Nicolas Wamytan, chef coutumier de Saint-Louis, est décédé ce lundi matin.