C’est devenu, depuis 2 ans, un des sujets de préoccupation des Calédoniens. Le risque requin ou la gestion du rapport entre requins et humains, selon la sensibilité sur le dossier, fait partie des dossiers au long cours de la province Sud. Une réunion technique et publique a eu lieu le 21 décembre sur le sujet. Objectif : dresser un point d’étape du plan d’action dédié. Un plan dont la province a dévoilé le contenu, mardi 4 janvier.
Huit orientations
Ce plan d’action de réduction du risque requin s’organise autour de huit orientations. Certaines ont fait polémique, à l’image du retrait de la liste des espèces protégées par le code de l’environnement des requins-tigres et des requins bouledogues.
Les opérations de régulation, donc d’abattage, elles aussi, ont été décriées. Et pour l’heure, aucune autre campagne de ce genre n’est prévue.
Le plan s’appuie sur plusieurs autres piliers :
- L’amélioration des connaissances par le marquage et le suivi de spécimens.
- L’amélioration des pratiques de la filière pêche.
- La sensibilisation et l’information des usagers de la mer et des plaisanciers.
- La ville de Nouméa est aussi partie prenante avec le projet de filet anti-requin, à la baie des Citrons, ou encore l’amélioration de la qualité des eaux côtières, des eaux usées de la ville ou des eaux souillées des bateaux.
90 000 francs d'amende
La réglementation a également évolué pour limiter les mauvais gestes : le fait de nourrir intentionnellement un requin, par exemple, est passible d’une amende pouvant atteindre 90 000 francs CFP.
Pour en parler, Olivier Malnati, secrétaire de l’association Sea Shepherd Nouvelle-Calédonie, présent à la réunion technique du 21 décembre, a répondu à Mathieu Ruiz Barraud :
Olivier Malnati commente le plan d'action de la province Sud de réduction du risque requin
Il ne faut pas se leurrer. Le plan d'action requin est essentiellement basé sur le prélèvement et le déclassement des requins tigres et des requins bouledogues. Les autres piliers (…) sont relativement inexistants et c'est ça que l'on déplore.
Olivier Malnati, secrétaire de Sea Shepherd Nouvelle-Calédonie
"Il s'agit de porter cette délibération, que nous contestons, devant la justice. Nous nous sommes regroupés avec une association métropolitaine qui s'appelle Longitude 181, qui s'est déjà fait connaître, sur d'autres territoires d'Outre-mer, pour avoir mené des actions similaires. Ce sont des actions qui, malheureusement, prennent du temps et qui sont longues", détaille Olivier Malnati.
"Sur l'amélioration de la filière pêche, (…) on ne voit pas trop où la province Sud agit (…) Sur la qualité des eaux, ils le disent eux-mêmes, tout est à l'arrêt et enfin, sur la règlementation et les contrôles, on sait qu'il y en a très peu, voir qu'ils sont quasi inexistants", conclut-il.
Maud Peirano, secrétaire générale adjointe de la province Sud, a également apporté des précisions, au micro d'Anne-Claire Lévêque :
Maud Peirano défend les mesures de prévention du plan d'action provincial
"Il faut continuer à améliorer nos connaissances et particulièrement dans notre secteur. C'est pour cela que nous posons des hydrophones un peu partout. Pour connaître un petit peu les comportements des requins, pour essayer, éventuellement un jour, de les prévenir. Et pour, en tout cas, se rendre compte qu'il y a des situations qui pourraient engendrer des risques etc", développe Maud Peirano.
Maud Peirano revient également sur les évolutions des comportements humains nécessaires, afin de créer de risque. "C'est effectivement ce que nous essayons de faire, d'un point de vue de la sensibilisation. Et d'un point de vue règlementaire, nous avons prévu une sanction. Le fait de nourrir intentionnellement un requin est passible d'une amende, qui peut aller jusqu'à 90 000 francs", complète la secrétaire générale de la province Sud.
Nous pensons vraiment que c'est la vigilance et le fait que nous soyons tous acteurs de ce qu'il se passe sur le lagon qui peut faire que nous changions la donne et que ce risque ne continue pas à se développer.
Maud Peirano, secrétaire générale adjointe de la province Sud
Un recours gracieux déposé contre la province Sud
Depuis la délibération du 26 octobre 2021, la province Sud a décidé de retirer le requin tigre et le requin bouledogue de la liste des espèces protégés de son code de l’environnement. Cette décision fait suite à deux incidents mortels, ayant eu lieu en février et avril 2021. Mais pour Sea Sheperd Nouvelle-Calédonie, ce déclassement incite au non-respect des mesures de protection encore en place.
L’association Longitude 181 a d’ailleurs lancé une action juridique contre cette décision. "Il y a pas mal d'actions qui ont été menées à ce sujet. La plus récente, ça a été de faire un recours gracieux auprès de la province Sud. Nous sommes totalement contre les mesures de déclassement, tant sur le fond, qui nous pose vraiment problème, mais également sur la forme. Nous nous sommes aperçus que, juridiquement, il y a certains points qui n'ont pas été respectés ans la procédure", estime le secrétaire de l'association.
Olivier Malnati, secrétaire de Sea Sheperd Nouvelle-Calédonie, a répondu, la semaine dernière, a William Lecren, à ce sujet :
Olivier Malnati évoque les actions juridiques entreprises contre la province Sud
"Effectivement, dans ce combat, il y a pas mal de soutiens qui se sont faits connaître au fur et à mesure de l'avancée du dossier : le sénat coutumier, l'IUCM [Union internationale pour la conservation de la nature, NDLR], qui gère le classement de toutes les espèces en danger sur la planète, et de nombreuses associations locales. Ce recours, c'est du concret", assure Olivier Malnati.
"Il s'agit de porter cette délibération, que nous contestons, devant la justice. Nous nous sommes regroupés avec une association métropolitaine qui s'appelle Longitude 181, qui s'est déjà fait connaître, sur d'autres territoires d'Outre-mer, pour avoir mené des actions similaires. Ce sont des actions qui, malheureusement, prennent du temps et qui sont longues", détaille le secrétaire de l'association.
Maintenant, la balle est dans le camp de la province Sud. Elle a deux mois pour répondre à notre demande de recours gracieux. A la suite de sa réponse, nous verrons si nous devons porter ce dossier devant la justice, ou si les éléments suffiront à faire reculer la province Sud sur ses positions.
Olivier Malnati, secrétaire de Sea Sheperd Nouvelle-Calédonie
Regardez le reportage de Karine Arryo et Michel Marin :