La case du sénat coutumier a encore brûlé

La nouvelle grande case du sénat coutumier au lendemain du feu, le 6 novembre 2022.
Un fait divers hautement symbolique, durant cette nuit de samedi à dimanche, sur la presqu'île de Nouville, à Nouméa. La grande case du sénat coutumier, à peine reconstruite après un précédent incendie, a brûlé.

MISE A JOUR AVEC REPORTAGE TELE

La scène s’est répétée : la grande case du sénat coutumier en flammes en pleine nuit. Comme en août 2020, le symbole de l’institution basée à Nouville a brûlé samedi soir. Provoquant tristesse et incompréhension.

La paille de la case a été entièrement consumée, ce samedi soir au sénat coutumier, reste la structure en bois et en pierres.

Ne reste que la structure

Les pompiers de Nouméa se sont rendus sur place pour combattre l’incendie et vers le milieu de la nuit, la police était appelée pour sécuriser la quinzaine de soldats du feu en intervention. Le sinistre, qui n'a pas fait de victime, a consumé la paille, ne laissant que la charpente et les fondations de la case, qui venait d'être reconstruite. Elle devait même être inaugurée le 2 décembre. Un énième incendie, le quatrième en vingt ans, pour lequel les autorités planchent sur la piste criminelle. 

La grande case du sénat coutumier a brûlé ©DR

"Ça fait mal"

Au lendemain du feu, alors qu'une odeur âcre de bois brûlé plane encore sur le sénat coutumier, des passants viennent aux nouvelles. "Ça fait mal. C'est un truc important, chez nous, dans la culture. Il n'y a pas de justification pour faire cet acte", souffle l'un d'eux. "C'est le symbole du peuple kanak. Ce n'est pas comme ça qu'on arrive à construire le pays", déplore encore une dame.

La case est l'image de notre coutume. Elle véhicule nos valeurs. C'est obligé qu'on reconstruise la case. 

Hugues Vhemavhe, président du sénat coutumier

"Je pense que c'est un acte prémédité"

Cette fois, le bureau du sénat coutumier refuse de croire qu’il s’agit d’un simple acte de délinquance. "On est dans une période charnière et il y a des tentatives de déstabilisation qui viennent de l’extérieur", déclare le président actuel de l'institution, Hugues Vhemavhe. "La délinquance, c’est une fausse excuse", renchérit Hippolyte Sinewami-Htamumu, qui dirige la commission sécurité et justice du sénat. "On utilise, aussi, nos jeunes, à des fins personnelles ou même [dans le] domaine politique. Mais ça ne nous freine pas dans le travail."

"A nous de prendre conscience du fait que la sécurité que nous avons mise en place sur le site n'est pas suffisante", ajoute Justin Gaïa, à la tête de la commission affaires culturelles. "Je pense que c’est un acte prémédité parce que le week-end, les vigiles quittent le site à 22  heures et il n’y a plus personne jusqu’à 6 heures du matin. Je souhaite que les responsables soient durement punis." Les sénateurs coutumiers ont prévu de se réunir ce lundi, pour évoquer les suites à donner à cet incendie de la grande case. 

Incendie Sénat coutumier, le point - Valentin Deleforterie

Voyez le reportage d'Yvan Avril et Lina Waka-Ceou :

©nouvellecaledonie

La fois d'avant

Il y a deux ans, l’incendie avait été causé par un jeune homme originaire de Ouégoa alcoolisé au moment des faits. Il a avoué avoir agi sur un coup de tête, et a notamment écopé d’une peine de 18 mois d’emprisonnement avec sursis. Une coutume de pardon a été déposée une dizaine de jours après le feu, par l’auteur accompagné de son clan, des représentants de sa chefferie et de l’aire Hoot Ma Whaap. Le chantier de reconstruction, lancé en juin dernier, a été mené par des jeunes en suivi pénal et en réparation de peine. L’incendiaire en a été partie prenante.