Prisons, agriculture, sécurité, réactions… Ce qu'on peut retenir après la deuxième journée de visite ministérielle

Gérald Darmanin aux côtés de la population de Moindou, le 22 février 2024.
Le deuxième jour de cette visite officielle en Nouvelle-Calédonie a mené les trois ministres au centre pénitentiaire de Nouméa. Gérald Darmanin, Marie Guévenoux et Eric Dupond-Moretti ont ensuite foulé le site annoncé pour une nouvelle prison. Agriculture à La Foa, gendarmerie à Moindou, lutte contre les violences… Et cet entretien télévisé durant lequel le ministre de la justice a annoncé que le chantier de la future prison de Nouméa devrait débuter en 2028 pour s'achever au plus tard en 2032.

Long passage par la case prison pour cette deuxième journée de visite ministérielle, qui s'est avérée bien moins agitée que la première. Ce jeudi matin, Eric Dupond-Moretti s'est d'abord rendu au Camp-Est, aux côtés de Gérald Darmanin et de Marie Guévenoux. Il y a rencontré des détenus mais aussi le personnel du centre pénitentiaire. Le garde des Sceaux a déploré les "conditions indignes" de la prison, aussi bien pour les détenus que pour les agents. 

Eric dupond-Moretti en visite à la prison du Camp-Est de Nouméa, le 22 février 2024.


Une nouvelle prison à 60 milliards de francs 

Les trois ministres ont poursuivi leur déplacement en direction de la presqu'île de Ducos, où sera construite la future prison qui remplacera, à terme, le Camp-Est. Le ministre de la Justice en a précisé un peu plus les contours : 550 cellules sur 18 hectares de terrain, le tout financé par l'Etat pour la somme colossale de 60 milliards de francs. "Je pense que c’est le plus gros investissement de l’Etat en Nouvelle-Calédonie”, a avancé Eric Dupond-Moretti.

S'il n'a pas précisé de date pendant cette visite, le garde des Sceaux a ensuite indiqué en fin de journée, que les travaux devraient commencer en 2028 pour une livraison, au plus tard, en 2032. C'était lors d’un entretien télévisé accordé aux médias à retrouver un peu plus bas.   

Le reportage d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel 

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>> A lire, l'article sur la confirmation de la construction d'une nouvelle prison. 


Un lycée agricole en bonne voie à La Foa

Après Nouméa, Gérald Darmanin et Marie Guévenoux ont mis le cap vers La Foa, plus précisément sur la station de Pocquereux de l'Institut agronomique néo-calédonien. L'occasion de découvrir un verger expérimental. Après un repas offert par la Chambre d'agriculture et de la pêche, les deux ministres ont fait deux annonces à l'intention du monde agricole.

La commune de la Foa devrait ainsi accueillir prochainement un lycée agricole. Une volonté du député Nicolas Metzdorf, relayée par Gérald Darmanin auprès du chef de l'Etat, avec lequel il s'est entretenu par téléphone dans la journée. "Je crois que la réponse sera donnée par le président de la République au Salon de l'agriculture à Paris, a confié le ministre. Encore quelques heures d'attente. Mais mon petit doigt me dit que la Nouvelle-Calédonie et La Foa sont bien placées." 

Le reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry

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Les aides à l'installation des agriculteurs maintenues 

Objectif : favoriser l'autonomie alimentaire de la Nouvelle-Calédonie. Et cela passe aussi par les aides à l'installation pour les agriculteurs. "Le monde agricole vieillit", a rappelé Marie Guévenoux, la moyenne d'âge étant de 61 ans. L'idée est d'encourager les jeunes générations à se lancer dans le métier. Ce dispositif d'aide à l'installation est donc reconduit pour l'année 2024, ont annoncé les deux ministres. D'un montant de 8 500 euros, soit un peu plus d'un million de francs, il devrait permettre d'aider environ quinze agriculteurs par an. 

Visite d'une parcelle expérimentale de l'IAC à la Foa.


Pour le Palika, aucune formation politique ne doit être écartée des discussions

Pendant que les ministres étaient en Brousse, Jean-Pierre Djaiwe était l'invité politique du journal de la mi-journée de Medriko Peteisi sur NC la 1ère. Interrogé sur la manifestation qui a tourné à la confrontation ce mercredi, à Nouméa, le porte-parole du Palika a rappelé qu'il s'agissait d'une mobilisation impulsée par l'Union Calédonienne. "Le FLNKS est un front de partis. Des partis qui se gèrent librement, de manière autonome. Quand il y a des actions prises par des partis pour mener des actions, ce sont les partis qui les mettent en place et qui en sont responsables", a justifié Jean-Pierre Djaiwe. 

Le chef du groupe Uni au Congrès a également rappelé la nécessité que tous les acteurs politiques soient autour de la table des négociations. "Au moment où je vous parle, il y a des formations politiques qui ne veulent pas voir d’autres formations politiques être assises à la même table de discussion." Pour rappel, une partie des Loyalistes se montre réticente à la présence de Calédonie ensemble à ces discussions. 


Violences en centre-ville : les Loyalistes et le Rassemblement portent plainte 

Au cours de cette même journée, deux groupes du Congrès, les Loyalistes et le Rassemblement, ont annoncé qu'ils portaient plainte contre les organisateurs de la manifestation qui a mal tourné, hier, en centre-ville. Une plainte dirigée contre la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). 

Tard dans la soirée, cette même cellule, composée de mouvements et de syndicats de la mouvance indépendantiste, comme l’Union calédonienne, le Parti travailliste ou encore le Mouvement des Océaniens indépendantistes, a tenu à apporter sa version des faits. Dans un communiqué, la CCAT dit qu'elle "regrette" ces affrontements. Même si elle considère qu'ils "ont été provoqués" par la présence de camions militaires, empêchant les militants de se rendre au gouvernement, alors que c'était, selon elle, le trajet qui leur avait été conseillé par les forces de l'ordre. 

A l'angle de la place des Cocotiers, les forces de l'ordre ont envoyé des gaz lacrymogènes, ce mercredi midi, pour faire reculer les manifestants.


Les éleveurs saluent la création d'une brigade de gendarmerie mobile à Moindou

La promesse avait été faite par Emmanuel Macron. Elle sera tenue, a assuré Gérald Darmanin. Une brigade de gendarmerie mobile est en voie de concrétisation à Moindou. Elle couvrirait toute la zone. Le ministre de l'Intérieur a également signé une convention pour établir une sécurité participative, dans le cadre du dispositif des éleveurs vigilants. Les intrusions sur les propriétés, le braconnage et le vol de bétail sont monnaie courante en Brousse. Depuis dix ans, près de 500 têtes de bétail auraient été volées, selon le syndicat des éleveurs bovins. 

Le reportage de Dave Waheo-Hnasson et David Sigal

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Un centre pour les auteurs de violences intra-familiales

Le garde des Sceaux, lui, est resté à Nouméa,  pour découvrir le centre d'accueil des auteurs de violences intrafamiliales. Une nouvelle structure qui permet d’héberger et d'accompagner ceux qui sont à l'origine de ces violences. Durant quatre mois, ils bénéficieront d’un suivi psychologique et de stages.

Ce centre, qui peut accueillir dix personnes, est réservé aux hommes, dans l’attente de leur jugement. Le ministre a salué la mise en place de cette structure. Car le moment le plus critique se produit bien souvent quand le conjoint violent doit quitter son domicile, par décision judiciaire, a déclaré Eric Dupond-Moretti. 

Eric Dupond-Moretti au Centre d'accueil des auteurs de violences intra-familiales, le 22 février 2024.


Des violences contre les gendarmes "absolument inacceptables" selon Gérald Darmanin

La journée s'est achevée par un entretien accordé par Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti aux médias calédoniens. Dans cette interview retransmise en direct depuis la résidence du haut-commissaire, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a condamné les violences qui ont eu lieu mercredi, lors d'une mobilisation contre le dégel du corps électoral, et qui ont fait cinq blessés parmi les forces de l'ordre. Il s'est dit "très étonné qu’on puisse taper sur les gendarmes à coups de barre de fer sans qu’il y ait de réaction", en faisant allusion, sans les nommer, aux indépendantistes. 

>> A lire, ce résumé de l'entretien ministériel à la télé

Gérald Darmanin a également confirmé le calendrier parlementaire quant au report des élections provinciales et la nécessité de dix ans de résidence en Calédonie pour voter à ce scrutin. Mais Gérald Darmanin l'a redit : si un accord local entre formations politiques venait à être trouvé, il serait pris en compte dans la discussion nationale. 

Retrouvez l'intégralité de cet entretien télévisé

Entretien ministériel ©NC la 1ère

>> La visite ministérielle est à retrouver sur le live de NC la 1ère