Oui, le gouvernement français se veut vigilant quant aux risques d’ingérence étrangère sur les résultats du référendum. C’est en substance ce qui a été répété, mercredi 27 octobre, à Paris, durant les questions d’actualité soulevées par le Sénat. Plus précisément celle de Mickaël Vallet, du groupe Socialiste, écologiste et républicain.
Voyez la séquence, diffusée par le Sénat :
"Contexte international et régional tendu"
"Nous savons tous que ce scrutin se tiendra dans un contexte international et régional tendu. Nous assistons depuis plusieurs années à la multiplication d’opérations de destabilisation électorale de grande ampleur", a posé le sénateur de Charente-Maritime. Mentionnant le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse en 2014, les présidentielles étatsuniennes de 2016 ou la récente alerte d’une ex-employée de Facebook.
Ces attaques contre le libre-arbitre des citoyens sont des maux mondiaux qu’on ne peut ignorer, surtout dans le climat de tension que connaît la zone Indo-Pacfique.
Quelle "appréciation" de ces risques et quelle réponse ?
"Les prises de position américaines récentes contre la puissance chinoise, les retournements d’alliance dont la France a fait les frais, placent ce scrutin référendaire dans un environnement qu’on ne peut ignorer", a-t-il poursuivi. "Ne doutons pas que l’ensemble des puissances régionales s’y intéressent de très près."
D’où la question adressée au Premier ministre : "Nous souhaiterions connaître votre appréciation, s’agissant des risques d’ingérence étrangère dans cette campagne référendaire, et que vous nous précisiez les moyens mis en œuvre pour y faire face."
Changement d'époque
Réponse du gouvernement par la voix de Sébastien Lecornu, récemment passé par la Nouvelle-Calédonie.
Votre constat est juste. Les circonstances ont bien changé depuis 1988 où les Accords de Matignon-Oudinot s’étaient scellés dans une Guerre froide qui, au fonds, regardaient peu le Pacifique Sud. Les Accords de Nouméa s’étaient déroulés dans un contexte qui était particulièrement détaché de cette ambiance.
Ecart réduit
Le constat a d’autant plus changé, a-t-il relevé, que lors du précédent référendum, 9 970 voix séparaient le Non du Oui. Un écart réduit "qui rend cette question des ingérences, des manipulations éventuelles, étrangères, étatiques mais aussi non étatiques (entreprises, organisations non gouvernementales), particulièrement prégnantes. Donc bien sûr, nous sommes vigilants."
Sébastien Lecornu s’est attardé sur la nature des possibles ingérences en question. "Les conventionnelles, classiques, avec deux vigilances particulières :
- le dossier du nickel,
- et les anti-vax qui peuvent faire l’objet de récupération ou d’instrumentalisation venue de l’étranger. C’est surveillé et documenté par les services de l’Etat, compétent sur ce sujet."
Viginum
Mais d’insister : "La vraie nouveauté pour ce référendum, ce sont les réseaux sociaux et la surveillance du numérique. C’est en ça que le [secrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale] s’est doté d’une cellule dit Viginum qui va nous permettre, justement pour ce scrutin, de s’essayer à cette question." Un dispositif de protection contre les ingérences numériques que la 1ère évoquait ici. "On en tirera aussi les conclusions pour l’élection présidentielle", a déclaré le ministre, en signalant par ailleurs la surveillance assurée "par l’autorité judiciaire de Nouméa".
Le scrutin se prépare toujours
Sébastien Lecornu en a profité pour rappeler "que les préparatifs pour ce scrutin du 12 décembre prochain continuent de se faire, tant sur le volet de la sécurisation des bureaux de vote, de la mise à jour des listes électorales (…), de l’ouverture des bureaux de vote délocalisés, de la possibilité pour celles et ceux qui souhaitent établir des procurations de le faire…"
"En clair, nous continuons de le faire", a terminé le ministre. Sans mention directe de l’épineux débat quant au maintien ou non de la date, ni de l'appel du FLNKS à la non-participation.
L'inconnue Covid
Sébastien Lecornu qui s'est attardé sur "une inconnue, même si nous la surveillons chaque jour, c’est la situation sanitaire". Depuis le 6 septembre, la pandémie de Covid a rattrapé la Calédonie et ses quelque 270 000 habitants. Le 27 octobre, ils déploraient 263 décès et plus de dix mille cas confirmés.