Dix jours après la visite d’Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, les différends semblent loin d’être aplanis entre l’UC et l’Etat. Lors de ce voyage présidentiel, plusieurs représentants de l’Union Calédonienne, dont Roch Wamytan, ont opté pour la politique de la chaise vide, durant la seule séquence politique de ce déplacement au haut-commissariat.
D’où cette question : l’Union Calédonienne participera-t-elle aux prochaines discussions à Paris, en format trilatéral, sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie ?
Des sujets fondamentaux non réglés
A moins d’un mois de ce nouveau rendez-vous avec l’Etat, les conditions ne semblent pas encore réunies pour des discussions tripartites, à Paris, estime l’UC. "Nous souhaitons tout d’abord évacuer l’ensemble des sujets fondamentaux : l’identité kanak, la question du contentieux colonial et la question des transferts de compétences, entre autres…", énumère Roch Wamytan.
Des questions qui doivent être réglées en bilatérales avec l’Etat, et non avec les partenaires non indépendantistes, selon l'Union Calédonienne. "Quand on discute en bilatérales, on discute des sujets qui nous concernent. Nous (le FLNKS, ndlr) sommes porteurs de la revendication kanak (..), de toutes les revendications nationalistes de notre peuple."
Le dialogue toujours ouvert
L’Union Calédonienne conteste "la méthode proposée par ce gouvernement". "C’est un mélange, estime Roch Wamytan. A chaque fois, nous allons vers les fondamentaux. Ensuite, nous laissons les fondamentaux pour aller vers les sujets institutionnels, statutaires, etc… Ça complique la progression" des discussions. Et Roch Wamytan de citer en exemple le dégel du corps électoral, "une question politique", qui nécessite "d’abord de savoir où l’on va".
Pour autant, l’Union Calédonienne ne ferme pas totalement la porte à une prochaine trilatérale. Le parti, par la voix de Roch Wamytan, se dit prêt à "peut-être reconsidérer la question", si les discussions menées tous les jeudis matins avec le préfet Rémi Bastille et le haut-commissaire "avancent suffisamment". Le positionnement de l’UC sur "l’état d’avancement de ces thématiques" devrait être clarifié fin août lors d’une "commission exécutive".
Un Etat "absent" du chemin du pardon
Sur la question mémorielle, centrale pour les indépendantistes, Roch Wamytan estime que le président Macron a "extrait" certains sujets évoqués par les indépendantistes, qui se retrouvent "complètement désarticulés".
"C’est un peu comme une recherche de trésor son discours, il y a boire et à manger."
Roch Wamytan
Les membres de l'UC se disent "prêts à travailler" sur ce "chemin du pardon" mais ils estiment que "l’Etat est absent". "Il nous renvoie dos à dos : indépendantistes et non indépendantistes, analyse Roch Wamytan. C’est lui qui est responsable de la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie. Ce ne sont pas les partenaires locaux, c’est l’Etat".
"Il nous demande avec les coutumiers de travailler dans une sorte de comité. On ne sait même pas ce que va faire ce comité."
Roch Wamytan
Une industrie du nickel en péril
Roch Wamytan a réagi également à la récente parution du rapport de l’Inspection générale des finances et du Conseil général de l’économie sur l’avenir de la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie. "Cette équipe, qui a travaillé pour établir le diagnostic de la filière, aurai(t) pu nous aider il y a quelques années. On aurait pu avancer un peu plus vite."
Un rôle de "facilitateur" dans l’épineux dossier de la Sonarep
Au lendemain des exactions à la SLN, Roch Wamytan, en tant que président du Congrès, a rencontré les responsables de la Sonarep, le 4 août, boulevard Vauban. Après les avoir "écoutés" et appelés au "calme", il se dit prêt à jouer le rôle de "facilitateur" dans les discussions avec la Société le Nickel. "Il y a 400 salariés (et emplois indirects, ndlr) qui sont sur le carreau. C’est impossible et inacceptable qu’on les laisse tomber".