La compétence de l’aide médicale gratuite, c’est un peu la "patate chaude" que provinces et gouvernement veulent se repasser. L’AMG pèse aujourd’hui 13 milliards de francs CFP dans le budget des provinces. Au Sud comme aux Iles, on aimerait s’en débarrasser. Mardi 10 janvier, le Congrès doit ainsi se prononcer sur une proposition de loi du pays déposée par Sonia Backès et Jacques Lalié.
Modifier la délibération cadre
Elle vise à modifier la délibération cadre de 1989. Un tel transfert ? Une hérésie, selon le parti Calédonie ensemble, qui tenait une conférence de presse à ce sujet mercredi matin, à Nouméa. Et qui s’est fendu dans la foulée d’un communiqué au titre éloquent : "les fossoyeurs".
La Nouvelle-Calédonie est surendettée et ne peut plus emprunter, elle est à 255 % de taux d’endettement. Prétendre transférer treize milliards de coût de l’aide médicale, qui sert à financer la couverture de soixante mille Calédoniens, à une Nouvelle-Calédonie en situation de quasi faillite, c’est creuser la tombe de la Nouvelle-Calédonie et c’est totalement irresponsable.
Philippe Michel, secrétaire général de Calédonie ensemble
Des provinces aux budgets "contraints mais pas au même niveau"
Si les élus du groupe CE tirent la sonnette d’alarme, c’est que, disent-ils, l’opposition à ce texte reste muette. Y compris le gouvernement qui, en commission, ne s’y serait pas opposé. Or, les provinces auraient les moyens de supporter cette charge financière, estime Calédonie ensemble. "Toutes les provinces - à l’exception de la province Îles, pour des raisons politiques - ont voté leur budget incluant la charge de l’aide médicale, souligne Philippe Michel. La province Sud a même voté un budget en augmentation de 5%. Ce qui témoigne, que, oui les budgets des provinces sont contraints. Mais pas au même niveau que celui de la Nouvelle-Calédonie, qu’on n’arrive même pas à voter en équilibre."
Avis réservés
A noter que les instances consultatives (Cése, comité des finances locales et même le conseil d’Etat) ont émis des avis réservés. Ce dernier justifiant qu’un tel transfert met "à la charge du budget de la Nouvelle Calédonie, une charge nouvelle particulièrement lourde". La séance publique de mardi prochain au Congrès, sera, à n’en pas douter, suivie de près. D'autant que d'autres textes pour le moins sensibles figurent à l'ordre du jour, comme la taxe sur les exportations de produits miniers et la redevance sur les extractions.