Victor Tutugoro, président de l’UPM : “Nous voulons aller vers la pleine souveraineté avec tous les citoyens calédoniens”

Victor Tutugoro invité du JT du 18 novembre ©Thérèse Waïa / NC la 1ère
Victor Tutugoro, président de l’Union progressiste en Mélanésie, était l’invité politique du journal télévisé, ce samedi 18 novembre. Quelques jours avant la venue du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, il a précisé les positions de son parti par rapport à l’avenir politique et économique de la Nouvelle-Calédonie. Sans nier les divergences au sein du FLNKS.

En fin de semaine, l’Union progressiste en Mélanésie sera à la table des discussions avec les représentants de l’Etat, le Palika et les non-indépendantistes. “C’est la première fois que l’on discute à trois dans ce premier round”, a rappelé Victor Tutugoro, au journal télévisé, samedi soir. 

Il faut discuter. Peut-être que les positions se rapprocheront, que le ministre Darmanin fera évoluer les choses. 

Victor Tutugoro, président de l'Union progressiste en Mélanésie

Lors du congrès de l'UPM, la semaine dernière, le président du parti estimait cependant quasi impossible d’arriver à un accord. “Nous avons échangé sur les différents sujets contenus dans le document martyr et, pour le moment, les positions semblent éloignées les unes des autres, ce qui m’a fait dire qu’il n’y a pas d’accord possible”, constate-t-il après les réunions au haut-commissariat sur le sujet. “Mais il faut discuter. Peut-être que les positions se rapprocheront, que le ministre Darmanin, le maître du jeu, fera évoluer les choses. 

Sur l'accession à la souveraineté, la position reste ferme 

Avec le Palika, l’UPM a formulé plusieurs propositions “sur le fonctionnement des différentes collectivités, notamment des provinces et du gouvernement”. Et sur la poursuite des transferts de compétence pour aboutir à l’émancipation.

Car la position de l’UPM reste ferme : l’accord doit rapprocher la Nouvelle-Calédonie “de la pleine souveraineté. L’accession à la pleine souveraineté, c’est, pour nous, exorciser les humiliations, les souffrances qu’il y a eues pendant la colonisation et que l’on continue de subir. Il nous faut aller à cette pleine souveraineté mais nous, peuple autochtone, titulaire de ce droit à l’autodétermination, nous voulons y aller avec tous les citoyens calédoniens”.  

A la question ‘peut-on construire un projet de société en commun ?’, à l’UPM et au Palika, nous disons pourquoi pas.

Victor Tutugoro

 

Cette proposition serait l’une des clés de la troisième version du document martyr. Victor Tutugoro la résume en une question : “Est-ce que l’on peut construire un projet de société en commun ?” A l’UPM et au Palika, “nous disons pourquoi pas. 

D'où les rencontres avec l’Etat et les non-indépendantistes. Au centre, l'autodétermination et le dégel du corps électoral aux provinciales. Sur le deuxième point, “nous n’avons pas fixé de durée”, indique Victor Tutugoro, qui attend les résultats d’une étude des conséquences sur une ouverture à dix ans.  

"Nous réclamons un autre référendum"

Concernant l’autodétermination, à Unia, le week-end dernier, les militants de l’UPM ont réaffirmé leur rejet des résultats du référendum du 12 décembre 2021. “Nous réclamons un autre scrutin. Le ministre propose deux générations. Nous avions proposé que ce soit à l’échelle d’une mandature, c’est-à-dire cinq ans. Des propositions, mises sur la table par le gouvernement, font évoluer les discussions”, assure l’élu indépendantiste.  

"Il est possible que certaines délégations du FLNKS jouent la montre" 

En refusant de discuter, “il est possible que certaines délégations du FLNKS jouent la montre”, reconnaît Victor Tutugoro. En l’occurrence, l’Union calédonienne et le RDO. L’UC, le Palika et l’UPM sont désormais d’accord sur au moins une chose : ils demandent une souveraineté en partenariat avec la France, pas dans la France. 

Mais les divergences restent nombreuses. “Le Palika et l’UPM ont voulu respecter la parole donnée à la Première ministre, au président de la République, au ministre des Outre-mer, en contribuant au document martyr. Le RDO et l’UC ont décidé de ne pas le faire. C’est une première divergence sur le respect de la parole donnée.” La seconde porte sur les modalités de discussions. Continuer en tête-à-tête avec l’Etat pour obtenir des concessions ou essayer d’avancer ensemble.  

 

Il y a des discussions avec l’Etat, c’est normal, mais nous disons qu’il faut aller vers les autres parce que c’est avec l’ensemble des Calédoniens que l’on vit ici.

Victor Tutugoro

 

Pour ensuite élaborer une stratégie économique et sociale capable de satisfaire le plus grand nombre. Comme axe de travail, Victor Tutugoro évoque l’autosuffisance alimentaire. Pour l'atteindre, il faudra, selon lui, prendre en compte l’érosion qui entraîne la disparition d’espaces agricoles sur la côte Est et en passer par une accélération du recensement du foncier disponible. “Il y a un certain nombre de foncier, qu’il soit de droit commun ou coutumier, qui est en friche et qui doit être mis au service du développement de l’agriculture.” Il prône, en parallèle, de la rigueur pour “s’assurer que les financements que l’on donne à l’agriculture vont aux producteurs. 

Accélérer les exportations ?  

Le nickel est l'autre “sujet majeur”. Dans ce domaine, comme dans celui de l’agriculture, il en appelle au développement des exportations. "Il ne faut pas viser uniquement la consommation locale mais l’export, notamment au niveau de la région”. Un moyen d’amener à l’indépendance économique.