"Le budget qui vous est proposé est un budget de prudence", a lancé en ouverture de séance le président de la province, Mathias Waneux. Un budget de “prudence” face à une double crise. Celle, générale, des finances publiques qui touche toute la Calédonie. Et celle de la dette abyssale qu’affiche la province des îles : 7,5 milliards de francs CFP selon les dernières estimations
Comment apurer la dette ?
"Nos capacités financières sont largement dépassées par l’ampleur des créances à honorer", explique Neko Hnepeune, qui préside la commission des finances de la province des Îles. "Une fois que le budget est voté, le travail n’est pas encore fini, parce qu’on connaît à peu près le montant des créances. Mais après, il faut affiner et voir comment on va faire pour honorer. Ce n’est pas avec les dotations traditionnelles que l’on a, que l’on pourra apurer les dettes."
Les dépenses en net recul
La province espère une dotation spécifique pour retrouver l’équilibre. En attendant, c’est un budget d’austérité, qui a été voté. Les recettes représentent 13,451 milliards de francs, soit une baisse de 9,3 %. Résultat, les dépenses reculent de 20,5 %. Les efforts portent principalement sur les investissements (- 16,2 %). Les dépenses de fonctionnement reculent pour leur part de 4,3 %.
Un effort sur la masse salariale
Les secteurs dits essentiels - la santé, l’éducation - sont préservés mais les agents seront mis à contribution. "Le seul levier qu’on avait pour essayer de réduire, c’est la masse salariale. C’est ce qui est demandé à l’ensemble des collectivités, précise Neko Hnepeune. Nous faisons des économies en ne remplaçant pas ceux qui partent à la retraite. Nous avons des postes de CDD qui sont arrivés à terme, donc on n’a pas renouvelé."
La masse salariale devrait ainsi baisser de 2,2 % en 2025. Symboliquement, élus et collaborateurs seront mis à contribution : les indemnités de déplacement vont diminuer, de même que le salaire des collaborateurs. L’objectif, pour le nouvel exécutif, est d’assainir les finances de la province et de retrouver un taux d’endettement acceptable au plus vite.
Les déboires de la Sodil, à commencer par Wadra bay
Mais les difficultés restent nombreuses. D’abord, parce que la province doit s’acquitter cette année de 466 millions de francs au titre du remboursement de sa dette. Ensuite, parce que la collectivité doit faire face aux déboires de sa filiale, la Société de développement et d’investissement des Iles. Exemple avec l’hôtel Wadra Bay. L'assemblée provinciale a dû voter une rallonge de 179 millions de francs pour régler des factures impayées. Le coût global du projet dépasse allègrement les cinq milliards. Or l’hôtel n’a toujours pas ouvert.
D’où l'appréhension de l’ensemble des élus, tous groupes confondus. "C’est un problème. C’est une véritable difficulté. Donc, nous, on souhaiterait qu’il y ait une période qui s’ouvre pour qu’on puisse discuter, notamment discuter avec nos créanciers", s’inquiète ainsi Charles Washetine, président du groupe Palika îles.
Assemblée générale cruciale
D’autres filiales de la Sodil s'avèrent en grande difficulté. La Maison de la vanille fait l’objet d’une procédure collective, de même que la société qui gère l’Unité de conditionnement des produits de la mer (UCPM) d’Ouvéa. L’assemblée générale prévue le 2 avril s’annonce donc cruciale pour la survie de cette société. Mais aussi pour la province, qui en est actionnaire à 100 %.
Air Oceania doit s'envoler en avril
Dans cette actualité austère, une bonne nouvelle a toutefois été annoncée à l’occasion de cette assemblée de province. L’avion Tecnam d’Air Oceania (nouveau nom d’Air Loyauté) devrait effectuer son vol inaugural début avril. Et ainsi permettre d’assurer à nouveau la desserte de Tiga.