Des habitants à rencontrer, des défis à relever. Le programme concocté pour Emmanuel Macron ce mardi 25 juillet l'a mené à travers Nouméa, dans le Nord-Est de la Grande terre et au Sud-Ouest dans les champs d'ananas. Avec une parenthèse journalistique. Voilà ce qu'on peut retenir.
>> Une journée à revivre en longueur dans notre minute par minute numérique.
Premiers contacts
Au soir de son arrivée, le président de la République s’est adressé aux journalistes. Il a échangé avec les autorités venus l’accueillir. Il a mené une cérémonie devant un parterre d’invités. Mais c’est ce mardi que le chef de l’Etat va au contact de la population. Comme il y a cinq ans, il pratique les bains de foule. A commencer par celui du début de journée, place Bir-Hakeim de Nouméa, auprès du public massé pour sa venue. Un moment de discussions improvisées et de photos avec les Calédoniennes et Calédoniens… de tous âges !
C'est après l’incontournable accueil républicain, les honneurs militaires et l’hommage aux morts pour la France. Une cérémonie ponctuée par le survol et le bruit des Rafale (sans oublier les embouteillages dans les rues environnantes).
Entre hier et demain au Sénat coutumier
Autre type d’accueil à Nouville, au Sénat coutumier. L’institution a des choses à dire au chef de l’Etat, qui connait l’endroit pour y être venu en 2018. Emmanuel Macron se dit heureux de se retrouver, en toute humilité, en ce lieu. “Nous savons les défis du présent, il nous faut embrasser ceux de l’avenir. Mais nous ne le ferons bien qu’en étant lucide et ensemble sur notre passé”, formule-t-il d’entrée.
Après le bonjour traditionnel, rythmé par des danses et des chants, vient le temps d’exprimer des requêtes et des propositions à l’intérieur de la grande case. “Nous souhaitons que votre venue permette à la France de rétablir un climat de confiance et de dialogue avec le peuple autochtone de ce pays en prenant en compte les erreurs du passé", lance le président du Sénat coutumier Victor Gogny, dans une allocution d'une douzaine de minutes.
Exprimée, aussi, la volonté de prendre sa part aux négociations à venir. Les coutumiers souhaiteraient par ailleurs que soit réalisé un inventaire mémoriel en rapport avec les séquelles de la colonisation, et que soit effectué un travail de réconciliation avec le peuple premier et la société en général. Le président de la République répond tout aussi longuement. Voyez le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor.
Des centaines de jeunes face à un président
Il est aussi question de jeunesse(s), au Sénat coutumier. Et au centre culturel Tjibaou, sont rassemblés plusieurs centaines de jeunes volontaires, en service civique, ou du RSMA... Sur place, les sentiments sont partagés entre intimidation et exaltation. "J'ai été super heureuse de l'entendre dire qu'il était content de savoir que j'avais déjà une idée de ce que je veux faire", confie Tiphanie Gurrera-Uregei. Et wow ! Y a pas de mots pour dire combien c'est incroyable d'entendre le président te parler." D'ailleurs, pas toujours facile de s'adresser à lui, comme l'a bien compris le chef de l'Etat. D'autres préfèrent même commenter de loin. "J'attends, lance un jeune homme qui patiente en jouant de la guitare, et si il y a une occasion d'aller dire bonjour, ou de saluer..."
Un reportage d'Aurélien Pol et Cédric Michaut
Les leçons d'un entretien
Le centre Tjibaou est aussi le théâtre d'un entretien accordé à trois médias calédoniens. D'une vingtaine de minutes, il a été diffusé mardi soir sur NC la 1ère. Emmanuel Macron explique être présent en Calédonie pour chercher un consensus et poser les bases d’un statut à venir. Il annonce des investissements pour les forces armées de Nouvelle-Calédonie - un apport de 200 militaires et 18 milliards de francs CFP. Il assure que l’Etat sera là pour soutenir financièrement le pays… à certaines conditions : "Plus de compétences et plus de rallonges, c’est bizarre. On ne peut pas faire des rallyes avec des voitures d’auto-école où il y a une double commande, ça ne marche pas”.
L'intégralité de l'entretien réalisé par Thérèse Waïa (Nouvelle-Calédonie la 1ère), Antoine Reiss (Caledonia) et Elizabeth Nouar (Radio rythme bleu).
Décryptage avec Yvan Avril
Une interview de président, un passage obligé, et toujours stressant.
Découvrez les coulisses de l'exercice par Laurence Pourtau et Laura Schintu.
A Touho face à la montée des eaux
L'hélico présidentiel décolle pour la côte Est. A la tribu de Tiouande, la visite, ressentie comme un instant historique, touche à des réalités de plus en plus préoccupantes, en Calédonie comme dans la région et à travers le monde. C'est le sujet important du trait de côte qui recule, du changement climatique et des conséquences sur les habitants du bord de mer. Jethro Delly raconte comment, avec sa famille, il a dû partir s'installer sur les hauteurs. Un bouleversement, mais pas le choix.
Si la commune de Touho est concernée, d’autres maires touchés par ce problème ont été invités. Une enveloppe de soixante millions devrait être débloquée pour des études. Avant des prêts avec des taux réduits pour les collectivités locales qui devront faire des aménagements.
Reportage de Brice Bachon et Nathan Poaouteta.
A Moindou, ananas et tracas
On a parlé maîtrise du foncier, durant le passage à Touho. Il en est de même à Moindou, sur l'exploitation agricole du producteur d'ananas David Moulin.
Parmi les sujets abordés, en cette fin de journée et par un temps maussade, les difficultés d’installation des jeunes qui n’ont pas accès aux terres. Emmanuel Macron se veut rassurant avec les agriculteurs, assurant que la France les soutiendrait, en termes de recherche comme de formation. "Il nous a affirmé qu'il allait tout mettre en œuvre pour stabiliser la situation en Nouvelle-Calédonie, et notamment la situation de l'agriculture", réagit l'exploitant.
Une interview d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel.
Une bien longue journée qui s'est poursuivie en soirée, à Nouméa au haussariat, par une réunion de travail sur l'économie du nickel.
Mobilisations symboliques à Nouméa et Touho
Relevons, enfin, une mobilisation de la mouvance indépendantiste. A Nouméa, à l'appel de l'USTKE, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées à la Vallée-du-Tir. Objectif, réaffirmer la volonté d'accéder à la pleine souveraineté et de ne pas toucher au corps électoral. André Forest, président de l'USTKE, est interrogé par David Sigal et Carawiane Carawiane.
A Touho, présence marquée au pont de Tiouandé, à l'appel d'un comité de l'Union calédonienne.