Certes, “il y a un choix qui a été fait, qui s’est exprimé trois fois” pour que la Nouvelle-Calédonie reste dans la France. Certes, “les visions ne sont pas les mêmes” entre indépendantistes et non indépendantistes. “Est-ce qu’elles sont incompatibles ? Je ne le crois pas. Je pense d'ailleurs qu’il n’y a pas d’avenir possible pour qui que ce soit, dans quelque projet que ce soit, si on reste dos à dos”, a déclaré Emmanuel Macron lors d’un entretien accordé aux journalistes de NC la 1ère, RRB et Caledonia, mardi.
"Nous avons consolidé une chose qui est essentielle : la paix"
Pour lui, “depuis les accords, nous avons consolidé une chose qui est essentielle, qui est la paix. Maintenant, il nous faut bâtir l’avenir et le sentiment collectif que l’on a, c’est qu’il y a une forme d’attente, parce qu’au fond, personne n’avait osé se projeter sur le jour d’après”.
Il est là pour “ouvrir des chemins d’avenir mais je pense qu’il faut le faire de façon consensuelle, en engageant l’ensemble des forces politiques, des coutumiers, la population". En s’appuyant sur la confiance créée par “un processus qui a été respecté par tous”. “Ce que l’on a collectivement fait ces dernières décennies, c’est une force inouïe”, souligne-t-il encore. Il le voit comme “un point-virgule", à partir duquel continuer sans avoir peur de l’avenir.
Les provinciales 2024 se tiendront. Ensuite il faudra de toute façon un chagement de la Constitution.
Les discussions qui se sont engagées sur l’évolution du corps électoral pour les provinciales sont un signal positif à ses yeux. "Les provinciales 2024 se tiendront et je souhaite qu'un accord puisse être formalisé. (...) Ensuite il faudra de toute façon un changement de la Constitution et ce changement se tiendra", a-t-il confirmé.
Il n'y a pas de gagnants et de perdants.
Le coup d'accélérateur donné ces derniers mois a pu brusquer. Le chef de l’Etat assume. “On a suivi le calendrier qui était prévu. (…) Beaucoup avant moi avaient poussé la poussière sous le tapis”, dénonce-t-il. “Procrastiner et faire du sur place, ce n’est pas être respectueux”, endosse-t-il. Embrayant avec “la menace géopolitique” et les enjeux climatiques. "Tout ça nous impose d’agir.” Sans pour autant faire fi “de notre Histoire avec ses pages heureuses et malheureuses”. Le passé, la réconciliation, et “le courage de regarder en face” seront au cœur de son discours sur la place des Cocotiers ce mercredi. Il n’en a pas dévoilé plus.
200 militaires et 18 milliards de francs en plus pour les forces armées de Nouvelle-Calédonie
En revanche, il a annoncé “plus de 200 militaires en plus et plus de 150 millions d’euros (18 milliards de francs) d’investissement en plus pour nos armées ici”. Pour renforcer la position de la France dans l’axe indopacifique. Le pays n’avait “pas eu une telle signature stratégique dans la région depuis bien longtemps”, souligne-t-il, évoquant les Rafale et “les exercices inédits” dans lesquels ils sont engagés. “Nos territoires ultramarins ont un rôle essentiel à jouer”, réaffirme-t-il.
De son côté, la France peut leur apporter "un gage de stabilité, un gage de respect” et leur “éviter d’être trop petit dans un monde bousculé par de trop grandes puissances”, aux velléités parfois prédatrices, appuie-t-il. Cela passe par des investissements militaires mais aussi scientifiques, pour l’exploration des fonds marins, cite-t-il, évoquant une approche régionale dont il sera question lors de ses déplacements au Vanuatu et en Papouasie - Nouvelle-Guinée.
On ne peut pas faire des rallyes avec des voitures d’auto-école où il y a une double commande.
Aux aides financières sollicitées par les élus calédoniens, il ne ferme pas la porte mais il a été clair. Demander à la fois “plus de compétences et plus de rallonges, c’est bizarre. On ne peut pas faire des rallyes avec des voitures d’auto-école où il y a une double commande, ça ne marche pas”. Dans les débats sur l’avenir, il faudra donc mettre à plat “qui fait quoi, comment”. "La République a toujours été là quand il a fallu aider”, rappelle-t-il, citant le Covid. "Mais c’est un soutien qui doit reposer sur de la clarté." Sur “quelque chose qui marche sur la durée”, comme il l’a dit pour le nickel.
"Il faudra bâtir une stratégie nickel"
Une réunion autour du nickel devait d'ailleurs se tenir ce mardi soir au haussariat avec "l’ensemble des parties prenantes”. “J'ai demandé un rapport. Sur cette base-là, en transparence, il faudra bâtir une stratégie." Et sur cette stratégie, qui devra notamment reposer sur une énergie plus respectueuse de l'environnement, "on investira”, a promis le président de la République.