Mercredi 25 septembre, un "missile à capacité nucléaire" sans charge tiré depuis la Chine a atterri dans les eaux internationales, près de la zone économique exclusive de Polynésie.
Ce missile a fait parler de lui au niveau national et suscité l'inquiétude au fenua. Le président du Pays Moetai Brotherson ainsi que le sénateur Teva Rohfristch étaient surpris de ne pas avoir été informés en amont alors que la France était au courant.
L'État, pas plus inquiet que ça, ne s'est pas vraiment justifié depuis. Vendredi, le haut-commissaire a fait son mea culpa.
On aurait pu être plus efficace au niveau de la transmission de l'information en Polynésie, ce qui m'aurait permis de la donner au président Brotherson donc mea culpa.
Eric Spitz, haut-commissaire de la République en Polynésie française
Eric Spitz a également balayé une fois pour toutes l'hypothèse d'une potentielle intimidation géostratégique au cœur de l'indo-pacifique. "La chine a respecté le droit international. Elle a prévenu la France : le ministère des Armées à Paris. (...) Ils ont tiré dans les eaux internationales, ils nous ont prévenus, c'est une charge creuse ; nous n'avons pas de commentaires à faire à ce stade. Nous souhaitons simplement que ce type de tir reste exceptionnel" a-t-il rassuré, rappelant tout de même la prééminence de la France sur la Polynésie.
"Le paka déstabilise la société"
Quelques semaines après la marche blanche contre l'ice et les violences, l'Etat poursuit ses efforts en matière de lutte contre le trafic de drogue au fenua. La coopération avec les Etats-Unis et notamment la DEA (agence fédérale chargée de lutter contre le trafic et la distribution de drogues) permet de récolter des renseignements "de plus en plus précieux. On travaille aussi avec les Australiens et les Néo-zélandais qui forment les chiens. Il faut le rappeler, notre marché n'est pas assez grand pour les grands trafiquants de drogue nous sommes surtout une zone de transit et donc les Néo-zélandais et les Australiens en nous donnant des informations protègent leurs enfants" affirme le haut-commissaire, ajoutant que le nombre de saisies et d'arrestations a progressé de 42% en 2023.
Au niveau local, les opérations place nette continuent de contrôler les flux routiers, de démanteler les points de deal et d'arracher des pieds de cannabis. "On en a déjà arraché 17 500 depuis le début de l'année et puis c'est aussi le contrôle du risque cyber car il y a beaucoup de propositions de drogues qui passent par le darknet. Nous avons saisi de la drogue pour une valeur de deux milliards de francs Pacifique et la saisie des avoirs criminels pour plus de 380 millions de francs Pacifique. C'est-à-dire qu'on confisque des maisons, des voitures aux trafiquants de drogue et ça leur fait du mal. La lutte contre le paka il ne faut pas la négliger. Les trafiquants de paka avec leurs bénéfices achètent des drogues plus dures. Le paka déstabilise la société. Ce sont toutes les gammes de produits qu'on essaie de saisir" insiste Eric Spitz.
Violences policières
Le haut-commissaire est également revenu sur les coups assénés par quatre policiers sur un homme en fauteuil roulant fin septembre. Il condamne les faits mais espère que la population n'en fasse pas une généralité. "Cela fait deux ans que je suis là c'est la première fois que j'ai une affaire comme ça. Dès que j'ai eu connaissance de cette vidéo sur les réseaux sociaux, dans l'heure qui a suivi, les quatre policiers ont été suspendus. Ils ont été placés en garde à vue, prorogée par la procureure de la République et des sanctions exemplaires seront prises. Mais j'ai aussi une pensée pour les autres policiers qui 365 jours par an, nuit et jour, veillent sur notre sécurité et qui ne méritent pas qu'on leur jette l'opprobre. Je leur manifeste mon plus grand respect."
Risque cyclonique
Alors que le pays entre en période cyclonique, l'Etat a effectué un exercice grandeur nature le 10 octobre dernier. L'hélicoptère Dauphin de la sécurité civile "a survolé tous les cours d'eau et nous avons géolocalisé les points où il pourrait y avoir des embâcles" pour nettoyer les rivières. "Nous allons sortir une brochure pour tous les risques — dont le risque cyclonique — en français en tahitien en anglais et on a rappelé à la population qu'il faut faire un kit de survie avec de la nourriture, de l'eau et surtout un transistor à piles pour pouvoir suivre les événements" indique le haut-commissaire.
Eric Spitz a également commenté le déplacement des indépendantistes et autonomistes à l'ONU début octobre pour parler décolonisation :