La déclaration ne va pas passer inaperçue. Dimanche 8 septembre, dans le cadre d'un entretien politique au journal télévisé de NC la 1ère, Sonia Backès est interrogée sur l'état de la filière nickel. "Aujourd'hui", indique la présidente de l'assemblée provinciale Sud, "on a la chance d'avoir a minima un investisseur à la fois sérieux et sérieusement intéressé par l'usine du Sud, qui a passé les différentes étapes. On a espoir qu'il aille au bout de la reprise". Et de se dire "plutôt optimiste" sur le sujet.
Confidentiel
Au lendemain de cette annonce, le mystère demeure, quant à l’identité du candidat au rachat. Les représentants du Soenc nickel, l’un des principaux syndicats sur le complexe industriel, confirment l’information. Mais ignorent eux aussi quel est cet investisseur. Le respect de la confidentialité fait partie de la procédure, tant que la décision n’est pas actée officiellement.
Rachat de parts
Ce que l’on sait, c’est qu’il s’agit d’un important industriel et pas d’un négociant comme Trafigura. En l'espèce, il s'agit d'ailleurs de racheter :
- les 19 % d'actions détenues par le trader suisse Trafigura ;
- mais aussi celles de la Compagnie financière de Prony ;
- et 25 des 30 % qui appartiennent aux trois provinces via la SPMSC, la Société de participation minière du Sud calédonien.
À l'horizon de février 2025
Le repreneur deviendrait ainsi actionnaire majoritaire, avec 74 % de participation dans le capital de l'usine. Il reste cinq mois pour finaliser le dossier. Prony Resources a en effet fixé le mois de février 2025 comme date limite pour trouver un repreneur, l'état de sa trésorerie ne permettrait pas d’aller au-delà. Une démarche confiée à la banque Rothschild.
Enjeu considérable
Le temps presse et l’enjeu est énorme. Prony Resources fait vivre environ 1 300 salariés et 1 700 sous-traitants, davantage encore que l'usine du Nord. Ses employés ont commencé à passer au chômage partiel en juin, en raison des troubles qu'a connus le pays à partir de la mi-mai. Le complexe situé à la fois au Mont-Dore et à Yaté est coupé du reste de la Grande terre par voie terrestre.
Production à l'arrêt
La production a été arrêtée. Il reste sur place 200 à 300 salariés, afin de sécuriser l’outil. En début d'année, l'usine du Sud semblait pourtant sur une bonne lancée. De janvier à avril, elle a réussi à produire environ 3 500 tonnes de NHC ("nickel hydroxyde cake") par mois. Voilà qui la plaçait dans une dynamique positive pour atteindre enfin la capacité nominale de production, à savoir 41 000 tonnes par an.
Interrogations
Bref, reprendre le complexe hydrométallurgique du Grand Sud comporte de nombreuses inconnues, pour les candidats potentiels.
- À quand la fin des blocages et des troubles, pour rendre possible le retour à la production ?
- Quid de l’avenir institutionnel ? L'outil repose beaucoup sur l’aide de l’Etat, la défiscalisation et le
- soutien aux tarifs de l’énergie.
- Comment vont évoluer les cours du nickel ?
- Ou encore l’évolution rapide des nouvelles technologies qui s’orientent vers des batteries sans nickel et sans cobalt.
Le scénario du pire
Mais à l'inverse, voir l’usine du Sud fermer, après celle du Nord, serait catastrophique. Pour l’emploi et pour les comptes sociaux. Sans compter le coût de réhabilitation du site, dont la province Sud est garante. Ce montant a été "caviardé", c’est-à-dire caché, dans le rapport émis l'an dernier par l’Inspection générale des finances. D'après le Soenc nickel, cela reviendrait à pas moins de 50 milliards CFP.