Saint-Louis, fédéralisme, FLNKS : “L’apaisement de la Nouvelle-Calédonie passera par un dialogue politique", assure Sonia Backès

Sonia Backès, présidente de la province Sud et cheffe de file des Loyalistes, invitée du JT de NC la 1ere, dimanche 8 septembre 2024. ©NC la1ère
De retour de Paris, où elle a notamment alerté sur la situation économique de la Nouvelle-Calédonie, Sonia Backès était l’invitée du journal télévisé dimanche 8 septembre. La présidente de la province Sud a évoqué la situation à Saint-Louis, les élections provinciales et les discussions sur l’avenir du territoire.

Son déplacement avait pour but de remettre le dossier calédonien sur le haut de la pile, dans une période peu propice, entre jeux Olympiques et absence de gouvernement. Pour y parvenir, Sonia Backès a notamment rencontré Emmanuel Macron et a évoqué avec lui plusieurs problématiques, dont une particulièrement urgente selon elle : la situation du Mont-Dore Sud. “Le président de la République estime que la situation des 15 000 personnes qui sont aujourd'hui prises en otage par la tribu de Saint-Louis n'est pas acceptable”, explique Sonia Backès, qui assure qu’un arbitrage au plus haut-niveau doit avoir lieu "dans le courant de la semaine”. 

Sécuriser la route de Saint-Louis 

Optimiste, la cheffe de file des Loyalistes estime que “l’on va trouver des solutions pour rouvrir la route de Saint-Louis, les choses vont être sécurisées pour un temps”. Mais Sonia Backès souhaite aller plus loin et voir aboutir le projet de route de désenclavement : “Il n’y a pas d’autre solution. Cela fait 40 ans que les gens du Mont-Dore subissent. Je considère que cette route est indispensable et qu'en plus, dans la période que nous vivons, elle va permettre beaucoup d'investissement public et donnera du travail aux Calédoniens.” 

On va trouver des solutions pour rouvrir la route de Saint-Louis, les choses vont être sécurisées pour un temps.

Sonia Backès

Réunion des forces politiques à Paris 

Le président de la République, qui selon Sonia Backès, souhaite que le dossier calédonien reste dans le giron de l’Élysée, a confirmé à la présidente de la province Sud son souhait de réunir les différentes parties prenantes fin septembre ou début octobre. “L’apaisement de la Nouvelle-Calédonie passera par un dialogue politique, même si à la fin on doit acter que l’on n'a pas forcément vocation à avoir le même objectif, et qu'on peut acter un certain nombre de désaccords. Mais a minima, il faut se parler”, assure Sonia Backès. 

Le FLNKS n’est pas un interlocuteur 

Reste que, selon elle, “on a un vrai souci avec le FLNKS, qui ne veut plus parler avec nous, mais seulement avec l’Etat, et qui nomme à sa tête, celui qui a été à la tête des violences. Aujourd'hui, le FLNKS est divisé en deux, puisque sur les quatre formations historiques, le Palika et l'UPM n'ayant pas participé [au congrès de Koumac], ils ne reconnaissent pas les décisions qui ont été prises. Donc je considère que nous avons encore des interlocuteurs avec les partis politiques indépendantistes sans que le front en soit un."

Des provinciales reportées ? 

Dans ce contexte, “organiser des élections le 15 décembre paraît compliqué” à Sonia Backès, qui a évoqué le sujet avec le président de la République. “Le corps électoral [actuel] n'est pas valide et le prochain, celui qui devait être voté, n'est pas voté. Donc on est dans une espèce de no man's land juridique qui fait qu'on ne sait pas quand les élections auront lieu.” 

Partition et fédéralisme 

Quant à l’avenir du territoire qui sera au menu des futures discussions, Sonia Backès estime qu’il doit se faire sur le projet “d’autonomisation des provinces” qu’elle avait annoncé au soir du 14 juillet, et qui se rapproche de celui de fédéralisme porté par le député Nicolas Metzdorf et son mouvement Générations NC. “C'est la même chose”, assure Sonia Backès : “ Il s'agit simplement d'acter le fait qu'on n'a pas forcément le même modèle de société, et donc on donne plus de compétences aux provinces. On est 50 % de non indépendantistes, 50 % d'indépendantistes. Nous, on ne veut pas accepter leur modèle de société, et ils ne veulent pas accepter le nôtre. Eh bien, actons. Actons nos désaccords et actons finalement que nous allons mettre en place le modèle de société auquel on croit.”  

Nous, on ne veut pas accepter leur modèle de société, et ils ne veulent pas accepter le nôtre. Eh bien, actons.

Sonia Backès

À terme, rappelle Sonia Backès, ce sera de toute façon aux Calédoniens de trancher : “ Quel que soit le choix qui sera fait, les Calédoniens seront consultés", avant toute modification statutaire.  

Un repreneur pour Prony Resources?  

Inquiète de la crise économique sans précédent à laquelle est confronté le territoire, Sonia Backès a notamment évoqué le secteur du nickel. Malgré le contexte général et l’arrêt de la production depuis le début des émeutes, “on a la chance d'avoir a minima un investisseur à la fois sérieux et sérieusement intéressé par l'usine du Sud qui a passé les différentes étapes.” Pour rappel, Prony Resources a bénéficié d’une aide d’Etat de 16,7 milliards d’euros lui permettant de “tenir” jusqu’en 2026 et ce dans l’espoir de trouver un repreneur pour remplacer Trafigura, qui souhaite se désengager du projet.