Transition énergétique : ce que l’on sait du projet à 48 milliards évoqué par le ministre de l’Economie

Le gouvernement et Enercal envisagent la construction d'une station de transfert d’énergie par pompage pour optimiser la production d'énergie photovoltaïque. L'Etat, intéressé, pourrait financer.
“S'il y a un accord sur le projet de Step à La Tontouta, l’Etat participera à son financement”, a annoncé le ministre de l’Economie et des finances, sur le plateau de NC la 1ère, samedi 25 novembre. Mais c’est quoi, une station de transfert d’énergie par pompage ? Et ce projet ? Explications.

Un projet de Step à La Tontouta ? Qui pourrait coûter plus de 40 milliards de francs ? Et contribuer à la transition énergétique ? Mais de quoi parlait Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie lors de son entretien accordé aux médias calédoniens, le 25 novembre ? Pas d'une station d’épuration, parfois également appelée Step.

C’est quoi, une station de transfert d’énergie par pompage ou Step ? 

Une station de transfert d’énergie par pompage fonctionne sur le même principe qu’un barrage hydraulique. Mais un barrage en circuit fermé, capable de faire remonter l’eau lâchée pour la réutiliser. Avec les batteries de stockage, les Step sont les principaux moyens existants de stockage de l’énergie photovoltaïque. Une énergie sur laquelle la Nouvelle-Calédonie compte beaucoup pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles, coûteuse pour ses finances et l'environnement. 

Le gouvernement veut arriver à 80% de renouvelable d’ici 2035. C’est l’un des objectifs de son schéma de transition énergétique. Pour l’atteindre, il mise sur l'accélération du développement du photovoltaïque. Ce qui va nécessiter des solutions de stockage plus importantes que les batteries qui existent déjà à l’Île des Pins, à Maré et à Boulouparis 

Un projet à La Tontouta 

D'où l'idée de construire une station de transfert d’énergie par pompage à La Tontouta, côté Boulouparis, sur un ancien site minier. Le gouvernement et Enercal en étudient la possibilité depuis plusieurs mois. Ils en sont à la phase de reconnaissances géotechniques. “Une Step doit être installée dans une zone où il y un dénivelé important entre le bassin supérieur et le bassin inférieur”, explique Enercal. La hauteur de la chute d’eau est l’un des paramètres qui va conditionner la puissance de la centrale. Celle de La Tontouta serait de 100 mégawatts (MW). En journée, elle pourrait stocker 900 MWh provenant des centrales photovoltaïques. Ce qui correspond à la consommation de 200 000 foyers calédoniens pendant douze heures.  

La centrale pourrait stocker 900 MWh, l'équivalent de la consommation de 200 000 foyers calédoniens pendant douze heures.

A titre de comparaison, à elles deux, les batteries de stockage de l’Île des Pins et de Maré ont une puissance de 1,7 MW et une capacité de stockage de 6,8 MWh, l’équivalent de ce que consomment 1 500 ménages en douze heures. Une autre dimension.  

Les bassins de la station pourraient occuper une surface d’environ 7 hectares. Ils ne seront pas connectés à la rivière. “Par conséquent, la Step nécessitera un premier remplissage à partir de la rivière. Puis des appoints ponctuels en phase d’exploitation pour compenser les pertes par évaporation.” 

Concrètement, ça fonctionne comment ?  

Le fonctionnement ? Lorsque la production d’électricité est plus importante que les besoins, notamment en milieu de journée avec le photovoltaïque, l’énergie en trop sert à pomper l’eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur. Quand la demande dépasse la production, notamment en fin de journée avec le photovoltaïque, l’eau est relâchée. Elle passe dans des turbines qui produisent de l’électricité.  

Si chacun considère, comme je le considère, que c’est un projet extrêmement porteur et intéressant, l’Etat participera à son financement.

Brino Le Maire, ministre des Finances

Le mécanisme est éprouvé. Dans l’Hexagone, il est utilisé depuis les années 1980. Mais il s’est peu développé. Six centrales sont en fonctionnement. Les raisons ? Le mix énergétique français repose essentiellement sur le nucléaire. Les enjeux en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et des coûts de production d’électricité sont différents. Il n’y a pas la même urgence à développer le recours aux énergies dites renouvelables qu'en Nouvelle-Calédonie.  

Un projet à 48 milliards de francs  

Enercal estime le coût du projet à 48 milliards de francs. C’est là que le bât pourrait blesser. Mais, "si chacun considère, comme je le considère, que c’est un projet extrêmement porteur et intéressant, l’Etat participera à son financement”, a annoncé Bruno Le Maire, le samedi 25 novembre, lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie. 

L'intérêt de la Step par rapport à la batterie, c'est sa pérennité.

Enercal

La construction d’un tel équipement n’est pas neutre pour l’environnement mais les associations environnementales y sont plutôt favorables. Ensemble pour la planète prône les Step comme solution de stockage énergétique depuis 2008. “Nous souhaitons les voir installées sur des sites dégradés, lesquels ne manquent malheureusement pas en Nouvelle-Calédonie”, rappelle EPLP, fustigeant les batteries, "un désastre pour l'environnement". Par leur fabrication et pour l'absence de solutions de recyclage sur le territoire. 

"L'intérêt de la Step par rapport à la batterie, c’est sa capacité à stocker de grandes quantités d’énergie, mais c’est surtout un aménagement qui a une durée de vie de plus de 75 ans”, confirme aujourd’hui Enercal.