Traversée de Saint-Louis, au Mont-Dore : “On ne sait jamais si on va pouvoir rentrer chez nous”

La RP1 au Mont-Dore, à hauteur de la tribu de Saint-Louis, le mardi 30 mai 2023.
Depuis fin mars, alors que le climat économique et social se tend en Nouvelle-Calédonie, jets de pierres et feux de pneus ont repris sur la RP1, aux abords de la tribu de Saint-Louis. Ravivant les inquiétudes d’une partie des habitants du Mont-Dore Sud.

On ne sait jamais si on va pouvoir rentrer chez nous, si on va se prendre un caillou sur le pare-brise", témoigne une habitante du Mont-Dore Sud rencontrée à La Coulée. “La situation est la même depuis des années”, elle y est habituée. Pour autant, “on a toujours une appréhension par rapport à ce qui se passe. 

“Nous, qui vivons là, sommes assez pénalisés”  

Appréhension ravivée depuis quelques semaines. Jets de pierres et incendies de pneus et de branchages sont à nouveau monnaie courante sur la RP1, au niveau de Saint-Louis. Des caillassages ont notamment été signalés dans la nuit du 23 au 24 mars, le soir du 2 avril, le lendemain également, en direction de gendarmes notamment. Tous ces faits font l’objet de poursuites judiciaires. 

A lire aussi : De la prison ferme pour jets de pierre sur des gendarmes à Saint-Louis

C’est vrai que c’est dur pour les gens du Mont-Dore, c’est fatigant. Je suis toujours inquiète. Pour moi et puis pour mes enfants même s’ils sont grands maintenant. Je leur dis de faire attention, même si on se connaît”, témoigne une autre habitante. “Quand ça commence, il n'y a plus de limite, tout le monde ramasse. J’ai peur moi aussi. 

Jamais la nuit avec sa fille

Cet automobiliste s’adapte en privilégiant les trajets de jour et seul. “Je ne traverse pas avec ma fille. Je préfère la laisser à la maison”, craignant qu’elle soit témoin d’actes de violence.  

Ils avaient dans l’idée de faire une autre route mais je ne sais pas si ça va aboutir. Ce serait bien”, espère cette dame. Plusieurs projets ont en effet été imaginés pour offrir une alternative aux 15 000 résidents régulièrement gênés dans leurs déplacements, que ce soit aux abords de Saint-Louis, par des inondations à La Coulée ou encore par des accidents. Il en reste un dans les cartons : un viaduc de 4 km à 60 milliards de francs.

"Un viaduc ne réglera pas tout"

Des études géotechniques doivent être menées pour étudier sa faisabilité. Ce sont les dernières. “Ensuite, il faudra trouver les financements pour faire ce viaduc”, annonçait Sonia Backès, la présidente de la province Sud, en décembre. Le contrat de développement province Sud-Etat pour 2024-2027 venait d’être signé. Il prévoit le financement de cette dernière série d’études. Elle devrait avoir lieu en 2024.  

Mais ça ne réglera pas tout, souligne un habitant. "Il faut que ça s’arrange au niveau de la tribu de Saint-Louis, qu’ils fassent quelque chose pour les jeunes parce que ce sont surtout les jeunes qui sont au bord de la route.”