Crise de la Covid-19 : "le commerce a très bien repris" à Saint-Pierre et Miquelon, selon Bernard Briand

La situation économique de Saint-Pierre et Miquelon n'est pas aussi catastrophique que prévue, même si les secteurs du tourisme et de l'hébergement souffrent.
Après deux mois à la tête du conseil territorial, Bernard Briand est revenu sur la situation économique de l'archipel. Pour lui, la situation est "moins dramatique" que ce qui avait été annoncé, mais des incertitudes demeurent quant à l'attribution des fonds européens et du plan France relance.

"Les chiffres seront moins dramatiques que l'on pourrait le croire." Deux mois après son arrivée à la tête du conseil territorial, Bernard Briand s'est montré plutôt optimiste quant à la situation économique de Saint-Pierre et Miquelon. 

Dans un entretien radio ce jeudi 10 décembre, le président de la collectivité a évoqué les différentes mesures mises en place dans l'archipel depuis avril 2020 pour soutenir l'économie. "Il y a eu un impact [de la crise sanitaire]. On a pris des dispositions assez fortes, notamment la mise en place de chèques cadeaux pour soutenir l'économie locale, [...] et une délibération pour accompagner les secteurs fortement frappés par la crise sanitaire", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que ces mesures "ont eu un impact significatif" .

"Sur les 400 000 euros que l'on a attribué dans le cadre du dispositif chèques cadeaux +, on estime qu'il y a eu un effet d'à peu près 600 000 euros." 

Bernard Briand, président du conseil territorial

 

Bernard Briand s'est néanmoins dit conscient des difficultés de certains secteurs. Il souhaite "trouver un dispositif qui puisse permettre d'accompagner" les acteurs de l'hébergement et du tourisme. Ce domaine reste "un axe prioritaire" de la collectivité territoriale au moins jusqu'en 2023, malgré les difficultés causées par la fermeture des frontières avec le Canada. La collectivité territoriale elle-même a subi des pertes de recettes d'exploitation, avec l'arrêt des ferries Saint-Pierre - Fortune.
 

Quel budget pour 2021 ?

 

Le budget de fonctionnement de la collectivité est moins affecté que ce qu'avait annoncé Stéphane Lenormand, en avril 2020. L'ancien président du conseil territorial prévoyait à l'époque une perte d'environ "3 à 6 millions d'euros" et "un contre-coup envisageable pour 2021 qui pourrait être supérieur."  La situation n'est actuellement pas si catastrophique, selon Bernard Briand : "sur la partie taxation douanière, en fin d'année, on devrait quasiment être à l'équilibre de ce qu'on avait pu faire sur l'exercice précédent, même en ayant subi la période de la crise."

S'il souhaite continuer à faire des économies, l'homme politique s'est engagé à maintenir les subventions accordées aux associations et à ne pas augmenter les impôts à Saint-Pierre et Miquelon. Il souhaite également proposer un "budget ambitieux, équilibré" dans les mois à venir, même s'il y a selon lui "une grosse interrogation sur les budgets de financement européen". "Je pense que nous n'aurons pas cette fameuse enveloppe des 6 millions d'investissement, mais comme nous avons par ailleurs beaucoup d'opérations qui n'ont pas été finalisées sur l'exercice précédent, ça n'aura pas un impact considérable", a-t-il déclaré. 

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Concernant le plan de relance national, Bernard Briand s'est dit sceptique. 1,5 milliard doivent être dédiés aux outre-mer, mais l'élu craint que ce ne soit "de la poudre aux yeux".  "L'Etat va lancer des appels à projets thématiques [...] mais aujourd'hui, ce sont des appels à projets nationaux. Cela veut dire que les dossiers du territoire vont devoir remonter dans les différents ministères et cela nécessite une certaine ingénieurie" a-t-il déclaré, ajoutant que "des petits territoires comme le nôtre n'ont pas forcément la même ingénierie que des territoires tels que la Bretagne." La collectivité territoriale va néanmoins répondre à plusieurs appels à projet, dans ce cadre. 
 

Un calendrier incertain pour le futur quai des ferries 

 

Lors de cet entretien radiophonique, Bernard Briand a également donné sa position sur le dossier du quai des ferries. "Aujourd'hui, on a un projet qui est beaucoup plus beau, plus harmonieux. Il travaille plus sur l'interface entre la ville et le port, mais avec un coût qui est beaucoup plus important", a-t-il affirmé, avant de s'étonner du retard qu'a pris le projet. "Il y avait deux dossiers en cours qui ont été initiés quasiment au même moment : je parle du [quai des ferries] et du quai de croisière, réalisés par le même bureau d'études [...] L'un a été beaucoup plus rapide que l'autre." 
 

"Je pense qu'il y a eu une décision extrêmement politique lors de la venue de Manuel Valls en 2016, relayée ensuite par la ministre de l'Outre-mer [de l'époque, Annick Girardin] : le projet quai de croisière devait voir le jour avant le projet quai des ferries."

Bernard Briand, président de la collectivité territoriale

 

Fin novembre, la collectivité territoriale avait présenté la dernière version du projet d'extension du quai de Saint-Pierre lors d'une réunion publique, mais le projet de construction n'avait pas été validé. Les services de l'État réclamaient des garanties environnementales supplémentaires. De leur côté, les services d'archéologie sous-marine avaient annoncé vouloir réaliser un diagnostic de la zone de construction, afin de s'assurer qu'elle n'avait pas un "intérêt patrimonial". Ils évoquaient notamment des cartographies anciennes qui montrent qu'un bâtiment de déchargement de morues était présent sur les lieux en 1783. 
 

Le président du conseil territorial espère pouvoir lancer un appel d'offre pour le chantier en fin d'année 2021. "Mais si on trouve quelque chose au fond de l'eau, ça ne sera repoussé que d'autant" a-t-il ajouté à la radio. En attendant, les ferries pourront naviguer jusqu'à Fortune, "en mode dégradé" à partir de février, à condition que le Canada lève les restrictions liées à la crise sanitaire.
 

Le STAU bientôt présenté aux mairies

 

En fin d'entretien, Bernard Briand est revenu sur le très controversé schéma territorial d'aménagement et d'urbanisme - communément appelé "STAU". "Il y a eu un fort mouvement de contestation que l'on a tout à fait compris [...] Il a fallu passer par une étape d'échanges et de discussions : il y a eu des modifications substancielles sur le STAU", a-t-il assuré. 
 

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La nouvelle version doit être validée fin janvier 2021 et doit fixer les règles d'urbanisme et d'aménagement pour les décennies à venir à Saint-Pierre et Miquelon. Elle sera présentée aux mairies de Saint-Pierre et de Miquelon-Langlade dans les semaines à venir. Ces dernières pourront faire remonter leurs remarques pendant les six premiers mois. Interrogé sur une éventuelle consultation des citoyens, l'élu a répondu : "la population a déjà été consultée, via l'enquête publique."
 

L'entretien complet avec Bernard Briand est à retrouver ici :

L'invité de la matinale : Bernard Briand, président du conseil territorial