Faut-il alléger le visa Balladur ? La question est de nouveau d'actualité après le voyage du président de l'association des maires de Mayotte aux Comores en septembre. Selon le compte rendu de ce déplacement, un accord de principe a été acté avec le directeur de cabinet du président comorien pour demander un allègement, voire une suppression, de ce visa.
La mesure a été évoquée en novembre 1994 : Edouard Balladur, alors Premier ministre de la France, est en déplacement à Mayotte. Il fait deux annonces fortes, la tenue d'un référendum "avant la fin du siècle" et l'instauration d'un visa obligatoire pour les Comoriens qui souhaitent venir sur l'île aux Parfums. La mesure entre en vigueur le 18 janvier 1995, vingt ans après son détachement de l'Union des Comores après deux référendums, une nouvelle frontière se forme entre Mayotte et les îles comoriennes, Mohéli, la Grande Comore et Anjouan.
Des manifestations pour défendre le visa Balladur
Depuis, cette mesure a été au cœur de nombreuses polémiques. En 2015, une tribune signée par une quarantaine d'associations, de syndicats et de partis politiques, provoque une manifestation. "Le visa Balladur tue!" font valoir les signataires, qui soulignent le nombre important de migrants morts durant la traversée entre les Comores et Mayotte. "Touche pas à mon visa", répliquent les manifestants dans leurs slogans.
En 2017, rebelote, près de 5.000 personnes descendent dans les rues de Mamoudzou après la publication d'un document dans lequel la France déclare envisager la suppression du visa Balladur. Les crispations autour de cette question illustrent l'inquiétude d'une partie de la population à ce sujet : la crainte notamment que l'abolition de ce visa soit perçue comme un signe d'affaiblissement de la France pour les Comores, qui pourraient en profiter pour demander à nouveau à l'ONU le retour de Mayotte dans son giron.
Une question fait néanmoins l'unanimité à Mayotte : la demande de supprimer les titres de séjour territorialisés. Depuis la départementalisation en 2014, le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile s'applique dans l'île, avec un aménagement. Les migrants qui obtiennent un titre de séjour à Mayotte ne peuvent pas accéder au reste de la France. Depuis des manifestations ont été organisées pour demander sa suppression, notamment durant la crise des barrages, en dénonçant l'absence de solidarité nationale face au phénomène migratoire à Mayotte.