Des opérations "Place nette", un couvre-feu et, pourtant, des faits violents à répétition à déplorer...

Les opérations "Place Nette XXL" mobilisent plusieurs centaines de policiers et gendarmes.
Les dispositifs déployés en Guadeloupe pour faire face à la délinquance sont-ils pleinement efficaces pour faire reculer ce phénomène qui gagne en ampleur localement ? Malgré le couvre-feu des mineurs en zone pointoise et les opérations "Place nette", les faits violents sont toujours légion, dans le petit archipel de la Guadeloupe. Les armes à feu, qui circulent massivement, sont largement utilisées par les criminels. Deux morts le week-end dernier. Un syndicat de police réclame davantage de moyens, pour une réponse continue et pérenne.

En Guadeloupe, le couvre-feu des mineurs est entré en vigueur le lundi 22 avril 2024. Depuis cette date, les jeunes de moins de 18 ans ont interdiction de se trouver dehors de 20h00 à 5h00, s’ils ne sont pas accompagnés d’un adulte représentant légal ; cela, dans plusieurs quartiers de Pointe-à-Pitre et des Abymes.
Cette mesure a été décidée par l’Etat pour lutter contre la délinquance. Un phénomène dont les chiffres sont en augmentation localement, de même que le nombre de mineurs mis en cause pour ses infractions.

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Auparavant, la préfecture avait commencé à décliner dans l’archipel un dispositif national visant à renforcer la sécurité du quotidien : les opérations "Place Nette". Dans ce cadre, gendarmes et policiers occupent le terrain lors de descentes massives dans des quartiers ciblés, avec contrôles, fouilles et saisies au programme. À l’occasion de ces actions, les forces de l’ordre, qui se déploient de manière volontairement visible, traquent les contrevenants, à la recherche d’armes et de stupéfiants, ils procèdent aussi à des contrôles de commerces et de véhicules.
Les bilans sont régulièrement communiqués à la presse.

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Pour autant, la violence reste tout aussi visible, sur le territoire. En témoignent les faits divers du week-end, qui se sont notamment soldés par la mort de deux hommes.

Des coups de feu à répétition en Guadeloupe

Depuis le début de l’année, on déplore 15 meurtres dans la circonscription Guadeloupe/Saint-Martin/Saint-Barthélemy, dont 12 par arme à feu.
Les délinquants tirent sans hésitation, désormais, parfois pour des raisons futiles. Quatre faits violents ont eu lieu en trois jours, le week-end dernier.

Capesterre-Belle-Eau, le 10 mai, à 9h20 : deux hommes, tous deux âgés de 27 ans, règlent leurs différends par un échange de coup de feu en pleine rue, section Sarlassonne. Touché à six reprises, l’un d’eux s’écroule, grièvement blessé. Peu de temps après, vers 13h00, l’autre tireur se rend au commissariat de la commune. Mis en examen pour tentative d’assassinat, il a été placé en détention provisoire.

Rue du Chemin Neuf à Pointe-à-Pitre, le 11 mai, à 6h25 : un homme de 31 ans tombe sous les balles, dans le bar "Le Vice" qui, ce lundi matin, s’est vu notifier par arrêté préfectoral une fermeture administrative, pour une durée d’un mois. L’établissement faisait l’objet de nombreuses plaintes du voisinage.
L’autopsie de la victime a eu lieu dans la matinée de ce 13 mai et la garde à vue de deux suspects a été levée. Une information judiciaire a été ouverte pour meurtre. L’enquête a été confiée à la Division des Investigations Spécialisées (DIS, anciennement "Crim").

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Section Richeplaine à Sainte Anne, le 12 mai, à 8h30 : un homme de 24 ans a été abattu de deux balles dans le ventre, lors d’une fête matinale rassemblant plusieurs dizaines de jeunes.
L’autopsie de la victime aura lieu demain. L’enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie.

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La Boucan, à Sainte Rose, le 12 mai, à 21h00 : nouvelle victime par balle ; un homme de 25 ans s’est fait tirer dans le dos. Son pronostic vital n’est plus engagé, à cette heure. Le tireur est toujours en fuite. L’enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie.

"Place nette", une réponse adaptée ?

Régulièrement, la préfecture de la Guadeloupe dresse le bilan des dites "opérations Place Nette XXL".

Et il est vrai, que ces dispositifs de grande ampleur permettent de procéder à des interpellations d’individus recherchés dans des affaires de vols, de violences, de trafics, ou encore de viols. Ils sont l’occasion de démantèlement de points de "deal", ou encore de fermetures administratives de commerces illégaux. Les policiers et gendarmes procèdent aussi à des saisies et mettent aussi la main sur des contrevenants pour de multiples raisons.
Ils ont abouti à plusieurs déferrements, à l’issue de gardes à vue, notamment avec mise en examen et placement en détention provisoire.

Ces opérations ont conduit à contrôler plus de 3600 personnes et à relever au total 360 infractions. De nombreuses amendes forfaitaires délictuelles ont été délivrées, des armes et des stupéfiants découverts.

Préfecture de la Guadeloupe

Au total, lors des opérations judiciaires et les contrôles de flux opérés entre le 15 avril et le 6 mai, 1592 effectifs de la Police et de la Gendarmerie nationales ont été mobilisés.

Pour autant, ce bilan ne convainc pas le syndicat Unité SGP POLICE FO de la police nationale, qui demande plus de visibilité et de transparence sur les chiffres annoncés.

Certains éléments qui figurent dans ce bilan n’ont rien à faire là.

Patrice Abdallah, secrétaire territorial du syndicat Unité SGP POLICE FO

Les opérations "Place Nette XXL" ne règlent pas le problème, selon le syndicat. Celui-ci réclame toujours plus d’effectifs, afin que ces actions coup de poing se traduisent par une présence continue et régulière des forces de l’ordre sur le territoire.

Les opérations dites "Places Nettes" sont ponctuelles. Ce qui se passe, c’est que les autorités refusent d’entendre que pour qu’il y ait une solution efficace, il faut qu’elle soit pérenne.

Patrice Abdallah, secrétaire territorial du syndicat Unité SGP POLICE FO

Quoi qu'il en soit, la violence reste une problématique à combattre à tout prix, en Guadeloupe. Le territoire a besoin de tous ses composantes (familles, écoles, associations, état, collectivités, etc.) pour mener à bien cette lutte vitale.