Route du Rhum : les manquements à la réglementation à l'origine du drame 16 novembre 2022

Le Coralia, navire qui a chaviré, a été ramené à quai, notamment pour les besoins de l'enquête - 16/11/2022.
Les deux morts lors de l’arrivée e la dernière Route du Rhum auraient pu être évités si les différents protagonistes avaient simplement respecté la réglementation en vigueur. C’est ce qui ressort du rapport d’enquête provisoire rédigé par le BEA Mer et que nous publions en même temps que nos confrères du Canard Enchainé.

Il faut distinguer l’information judiciaire qui est en cours sous la direction d’un juge d’instruction et qui vise à déterminer les responsabilités de chacun de protagonistes et ce rapport du BEA dont le seul objectif est d’améliorer la sécurité maritime.

Pour autant, ce rapport fourmille de nouveaux éléments qui éclairent d’un jour nouveau ce drame du 16 novembre 2022.

Le Coralia. Construit en 2017 par le chantier Forboat à Pointe-à-Pitre. C’est un navire inscrit en NUC pour navire à utilisation commerciale. Son permis de navigation l’autorise à embarquer jusqu’à 12 passagers mais il ne peut naviguer que de jour et à une vitesse maximum de 20 nœuds.

Or le cahier des charges d’OC Sport, la société organisatrice de la Route du Rhum, imposait une disponibilité H24 et une vitesse supérieure à 25 nœuds.

Les passagers. 9 VIP embarquent à bord du Coralia à 3h30 du matin et se répartissent à bord comme bon leur semble. Le capitaine n’effectue pas de briefing sécurité et n’impose pas le port d’un gilet de sauvetage. Ce sont les passagers, qui 20 minutes plus tard, une fois en mer, vont le réclamer. Mais le capelage des gilets va se faire sans contrôle. 

A 5h00 du matin, le Coralia est soulevé par une vague venant de l’arrière et chavire. Bilan : 2 morts, 2 passagers qui sont restés bloqués sous la coque du navire. (fin vidéo 1)

La responsabilité du capitaine du navire mis en examen pour homicide et blessures involontaires, n'est pas la seule à être mise en évidence

 

On peut s’interroger sur le rôle de la société Atmosphère. C’est elle qui le 10 octobre 2022  a remporté le lot n°1 de l’appel d‘offres du Conseil Régional. Or, elle ne disposait pas de la flotte exigée. Elle a donc sous-traité auprès de plusieurs prestataires. Bizarrement, le BEA mer n’a pas trouvé trace des contrats d’affrètement.

On peut également s’interroger sur le rôle du Conseil  régional qui le 9 septembre a lancé un marché public, dont l’intitulé diffère sensiblement du cahier des charges demandé par OC Sport Pen Duick.

De fait, « la mise en place d’un dispositif de transports de passagers dit VIP » ne veut pas dire la même chose que « les bateaux doivent disposer d’un équipage de 2 personnes, être disponibles 24 heures sur 24, être aptes à naviguer à plus de 25 nœuds et embarquer 7 à 8 personnes ». 

On peut enfin s’interroger sur le rôle d’OC Sport Pen Duick, qui a Saint Malo, prend en charge le dispositif maritime lors du départ de la course et une fois arrivé en Guadeloupe renvoie la charge vers le Conseil régional.

Ces questions, nous avons tenté de les poser aux différents interlocuteurs précédemment cités. Seul l’avocat du Conseil Régional nous a répondu. Me Sauphanor indique que son client n’a jamais été entendu et qu’il se tient à la disposition des magistrats.

Affaire à suivre.

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