Le projet du TCSP sera-t-il abandonné ?

Treize des quatorze BHNS sont bien garés au centre de maintenance au Lamentin.
Plus de huit mois après la fin de la marche à blanc du Transport Collectif en Site Propre de Martinique, les BHNS ne circulent plus dans leurs voies ni au sein du centre de maintenance comme cela a été le cas à un moment. Un futur lancement de la phase commerciale serait miraculeux !
Certains les surnomment "les bus fantômes". Désertant leurs arrêts, les 14 BHNS (Bus à Haut Niveau de Service), sont bien alignés dans leur parking du centre de maintenance au Lamentin.

Lors du lancement de la marche à blanc le 23 mars 2017, l'espoir de les voir rouler dans leurs voies, puis de les utiliser pour les déplacements courants était fort. Mais plus d'un an plus tard, les Martiniquais n'y croient plus. "Yo pé tiré tou sa. Sa pa ka sèvi ayen. TCSP-a péké jen woulé (ils peuvent tout enlever, ça ne sert à rien. Les bus ne vont jamais rouler)", lance résigné un potentiel utilisateur.

Une mise en service du TCSP sans cesse renvoyée


Il est vrai que l'attente est longue. Initialement, le Transport Collectif en Site Propre de Martinique était prévu pour décembre 2015. Il a été repoussé à mars 2016, puis septembre 2016, puis juin 2017. Il y a eu la proposition de poursuite de la marche à blanc avec passager en gratuité en octobre 2017. Puis l'épisode des 10 jours avec un lancement le 15 janvier puis pour la fin janvier 2018. Mais à la mi-mai, aucune date n'est proposée concernant la phase commerciale.

Pourtant depuis janvier, l'établissement public Martinique Transports, autorité unique de transport de la Martinique et la CFTU (Compagnie Foyalaise de Transports Urbain) en charge de la délégation de service public se réunissent, échangent, discutent. Mais sans réussir à se mettre d'accord.

Le point d'achoppement est le coût d'exploitation établi à 22 euros par kilomètre par la CFTU. Soit une facture annuelle d'environ 15 millions d'euros pour 600 000 kilomètres. Pour comparer, le réseau de transport de l'Espace Sud coûte 18 millions d'euros annuel pour plus de 6 millions de kilomètres.

"Trop cher",  selon Martinique Transport qui semble prête à réduire la voilure pour alléger la facture. Des pistes, comme une amplitude horaire moindre, jusqu'à 20 heures au lieu des 22 heures annoncées au départ, ou encore moins de rotations sont à l'étude. Mais rien n'a été signé pour l'instant. 

Le TCSP coûte plus de 380 millions d’euros


Ce projet vieux de 20 ans, est le fruit d'un partenariat public privé financé à hauteur de 80 millions d'euros par l'Union Européenne. Un financeur qui se veut de plus en plus insistant. En février 2017 déjà, une première sonnette d'alarme avait été tirée par le préfet de l'époque pour lancer la marche à blanc synonyme de mise en route. L'Europe veut plus que jamais des résultats et la pression est forte.

Mais en attendant, la garantie constructeur des BHNS est terminée depuis le 31 décembre 2017. Le technicien mis à disposition durant deux ans par le constructeur Belge Van Hool ExquiCity est parti.
Rappelons que les dix premiers bus sont arrivés en octobre 2015 puis les quatre derniers en décembre 2015. Des équipements électroniques qui n'ont jamais véritablement été utilisés en condition réelle. Ainsi, quand les bus vont rouler, des dysfonctionnements sont à prévoir et en cas de problème, la garantie ne va plus rentrer en jeu.
Par ailleurs, les gares qui sont prêtes à accueillir des passagers mais désespérément vides, sont victimes de nombreux actes de vandalisme. Des poubelles brûlées, des distributeurs cassés ou détériorés, des caméras volées, le coût de ces dégradations dépasserait les 100 000 euros.