La composition complète du gouvernement devrait être annoncée prochainement, avec la nomination des secrétaires d'État et ministres délégués. À Mayotte, le nom du ministre des Outre-mers est très attendu par les manifestants mobilisés depuis plus de deux semaines contre l'insécurité et l'immigration. Lors de son passage à l'hôtel Montmorin durant près de six mois, Philippe Vigier s'était rendu cinq fois à Mayotte, notamment dans le cadre de la crise de l'eau.
"J'ai un sujet, c'est l'eau", avait expliqué le ministre lors de son premier passage à Mayotte, une visite express d'une demi-journée le 2 septembre, deux jours avant la mise en place des tours d'eau un jour sur trois. Il avait alors annoncé le déploiement de distributions de bouteilles d'eau aux personnes vulnérables, avant de revenir le 27 septembre pour assister au début de l'opération.
Lors de ses deux autres déplacements, Philippe Vigier a visité les différents chantiers pour assurer les Mahorais de l'engagement de l'État pour trouver des solutions à la crise de l'eau. Travaux de l'usine de dessalement de Petite-Terre, opération de détection de fuites dans le réseau, visite de l'unité de potabilisation de la Formisc à Coconi, des forages et captages de rivières, du port de Longoni avant la généralisation de la distribution d'eau, le ministre des Outre-Mer avait multiplié les annonces d'enveloppes financières et promis de suivre leur application. "Croyez bien que je ne lâcherais rien tant qu’il n’y a pas une eau qui coule convenablement au robinet des Mahorais", avait promis le ministre le 1e novembre, à son arrivée.
Des visites rattrapées par l'insécurité
Mais la crise de l'eau n'est pas la seule problématique à Mayotte, Philippe Vigier a parfois dû changer le programme de ses visites. Début novembre, il s'était rendu au camp de migrants du stade de Cavani, après des tensions avec les habitants du quartier. Un mois plus tard, il était allé à la rencontre des élus de Dembéni, après une flambée de violences dans la commune la veille.
À ce moment-là, il devait être accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Une absence remarquée lors d'une rencontre entre Philippe Vigier et les parents d'élèves de la FCPE. "Leurs réponses ne sont pas claires, c'est juste des projets, on en a marre du déclaratif", avait alors expliqué une mère. La Première ministre a fini par reprendre la main sur les crises que traverse Mayotte, se rendant elle-même sur place le 8 décembre. La dernière visite de Philippe Vigier dans l'archipel.
Reste le chantier de la loi Mayotte
Le ministre délégué aux Outre-Mer a également rencontré à plusieurs reprises les élus mahorais dans le cadre du suivi des annonces du Comité interministériel des Outre-mer, mis en place par son prédécesseur, Jean-François Carenco. Parmi elles : la mise en place de la loi Mayotte, initialement annoncée pour janvier 2024, elle a été repoussée au courant de l'année. Lors du dernier point d'étape, le 24 novembre, Philippe Vigier avait admis que "le calendrier n'est pas établi." Son successeur devra donc reprendre ce vaste chantier, mais surtout calmer le mouvement de colère contre l'insécurité et l'immigration qui paralyse l'archipel depuis plus de deux semaines. Les "forces vives" à l'origine des barrages réclament notamment l'arrivée d'un médiateur du gouvernement.