Les candidats sont peu nombreux à Mayotte pour les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet : seulement quatre candidats dans la première circonscription et huit dans la deuxième. En 2022, ils étaient pourtant 21 dans le département. Avec seulement une semaine pour déposer sa candidature en préfecture, l'organisation fut plus compliquée.
À cela s'ajoute le fait que six anciens candidats de 2022 ne pouvaient pas se représenter, le conseil constitutionnel les a déclarés inéligibles jusqu'en juin 2026. Une décision presque automatique, ils n'avaient pas déposé leurs comptes de campagne à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Ce document retrace l'ensemble des recettes perçues et l'ensemble des dépenses électorales, il doit être certifié par un membre de l'ordre des experts-comptables.
Cette présentation est obligatoire si le candidat a obtenu au moins 1% des suffrages ou s'il a bénéficié de dons de personnes physiques. Seule exception : si le candidat a moins de 5% des votes et si ses comptes n'excèdent pas un montant fixé par décret. Ceux ayant obtenu plus de 5% des voix peuvent se faire rembourser partiellement.
Des "manquements d'une particulière gravité"
Dans la première circonscription, c'est le cas de Yasmina Aouny, qui fut la candidate de la NUPES, l'alliance de la gauche, et du Mouvement pour le développement de Mayotte. Dans sa décision du 16 juin 2023, le conseil constitutionnel l'a déclaré inéligible du fait d'un "manquement d’une particulière gravité aux règles de financement des campagnes électorales." L'ancienne candidate a récemment justifié son absence de candidature par sa volonté de se consacrer à l'écriture et à son engagement pour les forces vives.
Une décision similaire a été rendue le 9 juin 2023 concernant l'autre candidat de la NUPES dans la deuxième circonscription, Ali Djaroudi. Même situation pour Mouhamed Abdou, candidat sans étiquette pour la deuxième fois en 2022, tout comme Toumbou Maurice, surnommé "Mandela", candidat sans étiquette pour la troisième fois. Anli Madi Ngazi, également candidat sans étiquette, a cherché à se justifier. "Si M. Madi Ngazu fait valoir qu’il n’a pas pu déposer de compte de campagne au motif qu’il n’aurait pas pu ouvrir de compte dans un établissement bancaire, cette circonstance, au demeurant non établie, n’est pas de nature à justifier l’absence de dépôt de compte de campagne", estimait alors le conseil constitutionnel dans sa décision.
Des irrégularités pour le finaliste Issa Issa Abdou
Enfin, la situation de Issa Issa Abdou est particulière, battu au second tour en 2022 par le député LR sortant Mansour Kamardine. Le candidat du MDM a bien déposé ses comptes de campagne, mais ils ont été rejetés par la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Elle a constaté que plusieurs dépenses d'un montant de 5.250 euros n'ont pas été inscrites. Les recettes du candidat révèlent aussi un don d'une personne morale de 3.500 euros, ce qui est interdit. "Ces circonstances sont établies", note le conseil constitutionnel dans sa décision du 9 juin.