Beaucoup d'interrogations demeurent après le décès d'un enfant de cinq ans par électrocution ce dimanche 23 mars à M'tsapéré, dans le quartier Bonovo. Les pompiers confirment cet accident et le fait que le courant l'a traversé par la main gauche, mais n'avancent pas d'hypothèse sur le scénario de ce drame, une enquête étant en cours pour éclaircir les circonstances de l'accident. Selon un riverain, attiré par l'agitation sur place, ses parents ont raconté que leur enfant jouait dans la cour quand il a touché par accident un câble servant à alimenter illégalement des cases informelles du quartier.
Cet habitant affirme avoir alerté à plusieurs reprises la municipalité, la police et Électricité de Mayotte sur leur nombre important dans le village et leur dangerosité. Cette problématique, corollaire à celle des bidonvilles, dure depuis de nombreuses années sur le territoire. En 2019, EDM estimait que cela concernait un foyer sur trois. L'entreprise organise des opérations pour démanteler les raccordements illégaux, bien souvent encadrés par les forces de l'ordre pour prévenir toute interruption.
Ces branchements sont aussi parfois cités dans les arrêtés de la préfecture pour les décasages, pour justifier le caractère dangereux de ces habitats informels. Outre l'électrocution, même si la cause de celle-ci reste à préciser dans le cas de cet enfant, ces raccordements exposent aussi au risque d'incendie. Si Mayotte a pu s'éviter un dramatique bilan, ce problème a déjà causé plusieurs sinistres meurtriers dans les bidonvilles guyanais.
La Poste suspend l'envoi de colis
La Poste a annoncé "fermer temporairement l'envoi de colis vers Mayotte" à partir de ce lundi 24 mars. Le groupe explique que depuis le cyclone Chido, "la capacité d’acheminement des colis sur l’île en est très fortement réduite, ce qui génère un engorgement." Les colis envoyés avant ce lundi seront pris en charge et le service courrier n'est pas concerné par cette annonce, même si les délais de livraison sont allongés à six semaines pour les courriers prioritaires et jusqu'à 10 semaines pour les colis économiques, "ceux-ci étant expédiés par voie maritime."
La direction locale du groupe n'a souhaité commenter cette décision, mais la fin du ramadan est une période propice à l'envoi de nombreux colis. Depuis le passage du cyclone, les envois de courriers et de colis ont repris le 13 janvier, mais avec des modalités adaptées. Si la boîte aux lettres est dégradée (et elles sont nombreuses), les clients sont appelés pour venir les chercher au centre de tri le plus proche. L'activité postale est aussi dépendante des compagnies aériennes. Pour les envois par voie maritime, le port de Longoni fait également face à des problèmes d'engorgement depuis le passage du cyclone.
Département français recherche médecins désespérément
Après une semaine dédiée à la question de la mobilité, ce lundi ouvre la thématique de la santé avec la question de la médecine de ville. Le département manque de professionnels de santé et notamment de médecins libéraux. Ce mal est l'une des racines de bien des problèmes : l'engorgement des services du CHM, l'absence de détection et de prise en charge de maladies chroniques ou encore des retards dans le traitement de pathologie.
L'Agence Régionale de Santé a beau déployer des dispositifs incitatifs pour faciliter leur installation, vanter la richesse de l'expérience sur place, les candidats sont rares. Un rapport d'information du Sénat réalisé en 2022 dénombrait l'année précédente 389 professionnels de santé libéraux : 27 médecins généralistes, 6 spécialistes, 12 chirurgiens-dentistes, environ 200 infirmiers, 30 sages-femmes, 80 masseurs-kinésithérapeutes. Il n'y avait que 24 officines dans le département, situées principalement dans et autour de Mamoudzou. La cause du problème, comme le confirme ce rapport, reste comme dans bien des secteurs l'attractivité du territoire. Le niveau de vie et surtout l'insécurité sont les principaux freins à l'expérience mahoraise.