Nickel : Calédonie ensemble dénonce le montage financier de Prony resources, Sonia Backès répond

L'usine métallurgique de Prony Resources, à Goro.
Il faut revoir le montage financier de l’usine du Sud, telle est la position défendue par Calédonie ensemble alors que le complexe industriel est confronté à d'énormes difficultés et qu'un plan de sauvetage du nickel calédonien est en cours de réflexion. Cette position est un non-sens qui relève de la politique politicienne, rétorque la province Sud.

Calédonie ensemble veut un nouveau partenaire industriel pour Prony resources. En détenant 19 % du capital, Trafigura, estime le mouvement politique, ne peut pas assurer les risques financiers et les déficits du complexe métallurgique. Pour CE, il faut revoir l’ensemble de l’accord politique signé en mars 2021, et le montage financier qui en découle. Position que le parti a fait connaître ce mardi 16 janvier, lors d'une conférence de presse à l'intitulé éloquent : "Usine du Sud, chronique d'un désastre annoncé". 

Un schéma "déficient"

"Le schéma de reprise de l'usine du Sud et de montage de Prony Resources est totalement déficient", énonce Philippe Michel, président du groupe Calédonie ensemble au Congrès. "Il ne repose sur aucun partenariat industriel, ce qui explique que Prony resources n'a jamais atteint ses objectifs de production (…) Il n'y a, ensuite, pas d'actionnaire de référence - c'est-à-dire quelqu'un qui est là pour payer les résultats déficitaires lorsqu'il y a des pertes. Donc, tout le monde se tourne vers l'Etat. Enfin, le partenariat commercial qui est a été négocié avec Trafigura est absolument catastrophique pour l'usine du Sud, termine-t-il. [Elle] a perdu 25 milliards en deux ans et demi pendant que Trafigura a gagné quinze milliards de marge commerciale sur la production de l'usine du Sud." D'où le souhait "qu'il y ait une remise à plat totale du modèle". 

On forme le vœu que l'Etat, appelé au secours de l'usine du Sud, fasse les chèques nécessaire pour permettre de passer l'année 2024. Mais structurellement, si la question du partenariat industriel, de l'actionnaire financier et du contrat commercial ne sont pas réglées, les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Philippe Michel, Calédonie ensemble

"Ils ne servent à rien"

Une posture politicienne sans prise avec la réalité, contre-attaque la présidente de l'assemblée provinciale Sud, Sonia Backès, jointe par Dave Waheo-Hnasson pour le journal de mardi midi. Selon elle, Calédonie ensemble occulte le fait que l’usine du Sud est en passe d’être sauvée, grâce au concours de l’Etat. "Je suis très étonnée de cette position", dit-elle des élus de CE : "Ils ont voté l'accord du 5 mars [2021] en assemblée de province qui a suivi." Et la cheffe de file des Loyalistes lance : "Calédonie ensemble, ça fait plusieurs mois qu'ils ne servent à rien sur le plan politique et sur le plan institutionnel. Aujourd'hui, ils en sont carrément à essayer de mettre le feu à la Calédonie ! "

La situation, c'est qu'on a trois mille emplois en danger dans l'usine du Sud, qu'on est sur le point de les sauver avec l'aide de l'Etat, avec les différents partenaires dans la discussion qu'on a (…) L'accord commence bien pour arriver à sauver cette structure. 

Sonia Backès, Loyalistes

"On veut changer de partenaire industriel?, ajoute-t-elle. "Ils ne se massent pas pour reprendre les usines qui perdent de l'argent… Aujourd'hui, la seule chose qu'on a à faire quand on est dans l'opposition comme l'est Calédonie ensemble, c'est de nous laisser sauver les outils industriels, de nous laisser sauver les emplois et de ne pas parler de ce que, visiblement ils ne connaissent pas."

Réponse à la réponse

Ce à quoi Calédonie ensemble répond que ses réserves ont été exprimées à l'époque du vote en assemblée de province. Et que, "lors du conseil d'administration de Promosud, sur la création de Sud nickel et l'examen du pacte d'actionnaires (où nous avons découvert la réalité du montage industriel, financier et commercial), nous sommes les seuls à avoir voté contre". 

Mission nickel

Pendant ce temps, l’avenir du nickel calédonien continue à se discuter avec le ministère de l’Economie et des finances. Une mission qui doit se poursuivre sur le Caillou les prochains jours.

Voyez la version télé, par Dave Waheo-Hnasson et Christian Favennec

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