Avenir de la Nouvelle-Calédonie: la séquence parisienne entre dans sa dernière ligne droite

Les deux drapeaux levés à La Conception, 17 juillet 2020.

Après avoir approfondi les enjeux du Oui et du Non à l’indépendance, le marathon a repris, pour les délégations calédoniennes. Au programme de ce lundi, rendez-vous avec le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, et Sébastien Lecornu pour des rencontres bilatérales rue Oudinot.

Les affaires reprennent, pour les élus calédoniens invités à Paris. Après un week-end de pause, en tout cas sur le programme officiel, les délégations se sont engagées, avec l'Etat, dans la dernière ligne droite de cette séquence très scrutée.

  • Un lundi sous le signe de la diplomatie

Alors que la nuit était tombée au pays, un lundi 31 mai bien occupé commençait pour les délégations engagées dans ces discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Reprise des discussions multilatérales au ministère des Outre-mer.

Puis étape au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères où, avec Jean-Yves Le Drian, il devait être question des conséquences du Oui et du Non en matière de diplomatie : accord préférentiel, soutien à l’ONU, coopération, quid de la France en Océanie et de l’axe indo-Pacifique avec ou sans la Calédonie…

  • Bilatérales rue Oudinot, avant la synthèse des travaux

Diplomatie de rigueur aussi, dans l’après-midi, qui devait ramener les visiteurs au ministère des Outre-mer pour que Sébastien Lecornu s’y entretienne avec chaque délégation (soit dans la nuit de lundi à mardi pour le Caillou). Ces rencontres bilatérales permettront de faire part de ses ultimes remarques, avant une journée de mardi consacrée à la synthèse des travaux. 

Un exercice délicat, pour l’Etat, appelé par certains à éclaircir les sujets relevant de sa compétence tels que la nationalité et les différents corps électoraux. Etat qui doit composer avec des conceptions diamétralement opposées et des déclarations publiques retentissantes.

Etat attendu au tournant sur la date du troisième et dernier référendum prévu par l’Accord de Nouméa. Avant, ou après l’élection présidentielle ? Les non indépendantistes le souhaitent dès cette année, quand la délégation de l’Union calédonienne le veut fin 2022.

  • Invités à l’Assemblée

A noter que lundi soir (mardi matin pour le Caillou), le président de l’Assemblée nationale a invité les Calédoniens. Aux côtés de Richard Ferrand, on devrait retrouver les principaux membres de la mission d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, le député LR de Normandie Philippe Gosselin et l’élue République en marche des Yvelines Yaël Braun-Pivet, qui préside la commission des Lois. 

  • Préambule à Matignon

Le début des échanges avait lieu à Matignon en milieu de semaine dernière. Mercredi 26 mai, le Premier ministre a reçu les délégations d'élus non pas en une fois, mais l'une après l'autre. Avenir en confiance, Union calédonienne, Calédonie ensemble : chacune a campé sur ses positions durant ce préambule marqué par la sortie de Pierre Frogier. Très vite, le sénateur LR annonçait quitter les discussions faute de décision sur la date de la prochaine consultation. 

Ce temps de rencontre s'est prolongé par un dîner entre Jean Castex et des représentants des formations incluses au groupe "Leprédour". Il a été précédé par un discours (en privé) du Premier ministre. Autre discours, diffusé et remarqué, celui du président de l'UC. Daniel Goa y développait un projet de pleine souveraineté "sans rupture".

 

  • Grands travaux rue Oudinot

C'est jeudi 27 mai que les choses sérieuses ont vraiment commencé, avec l'ouverture des discussions tripartites entre le gouvernement, les indépendantistes qui avaient fait le déplacement et les partisans du maintien dans la France. Le ministère des Outre-mer abritait en effet la restitution, thème par thème, des travaux menés par l’Etat sur les fameuses et très attendues implications du Oui et du Non au référendum.

Dès le matin, l'explosive question du gel du corps électoral et celle non moins épineuse de la nationalité se sont invitées dans les débats, qui se sont étirés jusqu'en début de soirée. A l'ordre du jour : le droit international, le droit interne, la monnaie, les finances publiques, les accords commerciaux ou encore le nickel.

 
Les travaux ont repris vendredi matin, heure de Paris, ciblant des sujets du quotidien tels que la santé, les transports et l'éducation. Les relations avec les autres territoires du Pacifique - Wallis et Futuna ainsi que la Polynésie - ont aussi donné lieu à des échanges, en visio-conférence notamment.

La journée s'est achevée par les échanges de certains membres avec le général François Lecointre, chef d'état-major des armées, centrés sur la place des forces militaires françaises dans le Pacifique.  

 

Ce dialogue à trois commence à produire des effets puisque des non-dits sont levés, des ambigüités sont traitées, et il y aun dialogue d'une très très grande franchise, d'une très grande qualité.

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer

 

Les conséquences du Oui et du Non (…) font ressentir clairement une impossibilité d'une indépendance. La Nouvelle-Calédonie n'a absolument pas les capacités ni humaines, ni sociales, ni économiques, ni financières, de prendre en charge une indépendance quelle qu'elle soit.

Thierry Santa, Avenir en confiance

 

Le fameux trou noir dont il était question si le Oui l'emportait n'est finalement pas une réalité. Des dispositifs d'accompagnement et de soutien sont prévus. C'est le cas de conventions d'entraide au niveau judiciaire, au niveau de l'accompagnement des cadres, etc. La période de transition que prône l'Union calédonienne prend finalement tout son sens.

Gilbert Tyuienon, UC

 

Ce sont des questions très concrètes qu'on aborde par le prisme de ces discussions institutionnelles mais qui manquent de réponses aujourd'hui.

Philippe Dunoyer, Calédonie ensemble

 

L'Etat a été sérieux dans le travail.

Milakulo Tukumuli, Eveil océanien

 

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