Alors que Les Républicains ont deux candidats déclarés, les sénatoriales ont été au cœur de l'interview de Sonia Backès, sur NC La 1ère, dimanche soir. La candidate de la majorité présidentielle a insisté sur le principal enjeu de ces élections : la réforme constitutionnelle qui devra notamment modifier le corps électoral des provinciales.
Aux sénatoriales, le suppléant de Sonia Backès sera... un homme de la majorité présidentielle
La secrétaire d'Etat chargée de la citoyenneté, présidente de la province Sud, cheffe de fil des Loyalistes a déclaré sa candidature aux sénatoriales mercredi. Son suppléant ? "Ce sera forcément un homme, c'est la loi. Ensuite, évidemment, il sera issu de ma famille politique. C’est l’équilibre que nous devons trouver : il doit y avoir un sénateur issu des rangs de la majorité présidentielle et un sénateur issu des rangs des Républicains." Avec chacun un suppléant de sa mouvance, appuie Sonia Backès.
Le candidat investi par les Républicains sera, a priori Pierre Frogier.
Sonia Backès
Elle écarte ainsi la possibilité de choisir de Georges Naturel, rival de Pierre Frogier du côté des Républicains. Pour elle, le candidat investi par le parti, "a priori, ce sera Pierre Frogier puisqu’il a le soutien de Gérard Larcher, de Bruno Retailleau, de François-Xavier Bellami".
"Je regrette qu'il n'y ait pas eu de primaire au sein du Rassemblement"
"Georges Naturel, qui était au conseil politique qui a nommé Pierre Frogier, ne s’est pas signalé comme candidat, révèle-t-elle par ailleurs. S'il l'avait fait, des primaires auraient pu être organisées, ce qui aurait réglé les problèmes de division." Une alliance est "un besoin absolu pour faire passer la modification constitutionnelle", "essentielle, notamment, pour le dégel du corps électoral", a-t-elle insisté.
Les indépendantistes pourraient très bien être élus dès le premier tour.
Sonia Backès
Contrairement à Georges Naturel, elle estime qu'en cas de division, s'ils présentent des candidats, "les indépendantistes peuvent, dès le premier tour, remporter un ou deux sièges". "En 2017, Gérard Poadja et Pierre Frogier ont été élus dès le premier tour avec 255 voix. Or, les indépendantistes disposent de 247 voix. Donc oui, il y a un risque et j’espère que la raison reviendra. En tout cas, qu’au moins au deuxième tour on se retrouve."
Quel poids pour les indépendantistes en cas de victoire ?
Le "risque", à ses yeux : qu'un sénateur calédonien "siège dans les rangs de la France insoumise". Cela rendrait plus difficile la réforme constitutionnelle, explique-t-elle. Même si, à l'échelle nationale, "les Républicains ont de grandes chances de rester très majoritaires au Sénat."
Modifier la constitution, mode d'emploi
Pour modifier la constitution, "il faut la majorité à l’Assemblée nationale, la majorité au Sénat et la majorité des 3/5e des deux assemblées réunies. Au Sénat, les Républicains ont la majorité à eux seuls. À l’Assemblée, c’est l’alliance majorité présidentielle - Les Républicains qui fait la majorité. Et la majorité des 3/5e, nous la faisons ensemble. C’est pourquoi cette alliance aux sénatoriales est indispensable."
"Le Congrès et le gouvernement doivent reprendre les couleurs des Loyalistes"
L'union lui semble également primordiale pour aborder les provinciales de 2024. "Sans, il n’y aura pas de majorité au gouvernement et au Congrès. Or, je considère que comme les Calédoniens se sont exprimés trois fois pour rester français, le Congrès et le gouvernement doivent reprendre les couleurs des Loyalistes."
"Les monopoles publics d'un autre temps" dans le viseur de la candidate
A propos des sénatoriales, toujours, Sonia Backès a évoqué d’autres enjeux. "Nous avons aujourd'hui des institutions qui ne fonctionnent plus. Des Calédoniens qui souffrent du pouvoir d’achat. Des monopoles publics d’un autre temps, je pense notamment à celui de l’OPT qu'il faut arrêter, avec des taxes, des protections de marché qui n’ont plus de sens."
Il n’y a pas de cumul possible. Je ne siégerai pas comme sénatrice tant que je serais membre du gouvernement de la République.
Sonia Backès
Des trilatérales en août ?
Autre sujet abordé dimanche soir, "le pas en avant" des indépendantistes lors de la visite du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, début juin. Sonia Backès a "remercié Jean-Pierre Djaïwé pour le courage d’assumer l’engagement pris d’aller dans le sens de la discussion en proposant un corps électoral glissant à dix ans". "Deuxième chose, très importante, Jean-Pierre Djaïwé a accepté le principe de trilatérales à la fin du mois d’août", assure la cheffe de file des Loyalistes. "Maintenant il faut qu’on se mette autour de la table parce que le calendrier est extrêmement serré. Gérald Darmanin a dit que s'il n'y avait pas de consensus le 15 septembre, il y aurait une réforme constitutionnelle de toute façon, au moins sur le sujet du corps électoral."
"Il y a des transferts de compétences qui ne fonctionnent pas"
"Les indépendantistes ne veulent pas perdre les acquis de l’Accord de Nouméa, on peut comprendre. Ils ne veulent pas qu’on rende des compétences transférées. Nous disons qu’il ne faut pas transférer pour transférer. Il y a des transferts qui ne fonctionnent pas. On a transféré à marche forcée le droit des assurances, le droit civil, le droit commercial. Si on regarde la protection sociale, aujourd’hui, nous avons un RUAMM au bord du gouffre. La fiscalité est un copier-coller de ce qui ne fonctionne pas en Métropole. Nous avons été incapables de nous approprier cette compétence. Personne. Sauf que nous, nous n'en demandons pas plus. Il y a peut-être des choses que la Nouvelle-Calédonie peut récupérer parce que ça a un intérêt mais il faut aussi regarder ce que l'on n’est pas capable d’assumer et ce que l'on doit rendre."