Les étapes politiques se succèdent. Après la répartition des rôles au sein du 17e gouvernement, direction le Congrès, qui renouvellera son bureau mercredi 28 juillet. Si les conseillers non indépendantistes ne parviennent pas à proposer une liste unique, ils risquent de voir le "perchoir" à nouveau leur échapper, quatre mois et demi avant la dernière consultation d’autodétermination.
Invitée du dimanche au journal télévisé, Sonia Backès a commenté ces différents sujets. La patronne de la province Sud préside le parti des Républicains calédoniens, composante de l'Avenir en confiance et de la coalition Les Loyalistes. Voici ce qu'on peut en retenir.
Une invitation à discuter
La présidence du Congrès va-t-elle échapper aux non indépendantistes faute d’unité entre leurs différentes sensibilités ? Sonia Backès annonçait avoir proposé une rencontre à "l’ensemble des partis qui invitent à avoir un candidat unique loyaliste".
"Ça fait deux semaines que Thierry Santa et Philippe Gomès se voient pour essayer de trouver une solution. A l'heure où on parle, il n'y a pas encore de solution de trouvée", a-t-elle posée dimanche soir. "C'est pour ça que j'ai invité l'ensemble des chefs de parti à venir [lundi] matin pour essayer de trouver une solution."
Des discussions organisées ce lundi 26 juillet, à la province Sud, entre elle-même, en tant que présidente des Républicains calédoniens, Thierry Santa, à la tête du Rassemblement-LR, Philippe Gomès, dirigeant de Calédonie ensemble, Gil Brial pour le Mouvement populaire calédonien et Nicolas Metzdorf de Générations NC (discussions qui ont abouti à des propositions, mais pas à un accord).
On a la candidature de Virginie Ruffenach, quelqu'un d'expérimenté qui connaît parfaitement bien l'institution. On a celle d'Annie Qaeze qui représente aussi une part de l'électorat non indépendantiste. Il faut qu'on arrive à une solution de partage.
"Pas d’ambiguïté" sur la candidature Ruffenach
L’enjeu : départager la candidature de Virginie Ruffenach et celle d’Annie Qaeze, afin de porter une seule proposition côté non indépendantiste, qui recevrait alors le soutien décisif de l’Eveil océanien. "Il n'y a pas d'ambiguïté", a-t-elle assuré. "Dès l'instant où Virginie Ruffenach a a annoncé sa candidature au nom du Rassemblement, elle a été soutenue par l'Avenir en confiance dans les négociations qui ont eu lieu."
Par contre, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que personne, quelle que soit la taille du groupe qu'il représente, ne peut être élu seul. C’est toute la difficulté des institutions qu'on a aujourd'hui.
Mais elle modère l’importance de cette élection : "Ce n'est pas la présidence de la République ! "
Il faut relativiser. Le président du Congrès, il distribue la parole dans l'hémicycle, ce n'est vraiment pas l'essentiel.
Pour une campagne du Non "coordonnée" et "complémentaire"
L’essentiel, a-t-elle martelé, repose sur la campagne référendaire que les partisans du Non à l’indépendance vont mener dès le mois d'août. Au vu des résultats sortis des urnes lors des référendums de 2018 et 2020, "on ne peut pas se permettre d'être divisés", pointe Sonia Backès. "Il faut que les différentes voix du Non se retrouvent".
Et de résumer : "On a des voix du Non extrêmement différentes selon qu'on est à Calédonie ensemble, chez les Loyalistes, à l'Eveil océanien... Ou nulle part, parce que cette campagne n'appartient pas aux partis politiques."
Ce qui est absolument essentiel est d'arriver à faire cette campagne de manière coordonnée mais avec nos différences parce que, quand les uns et les autres parlent, ils ne parlent pas aux mêmes personnes.
Un document qui fait la différence
La membre de la coalition Loyalistes promet une campagne référendaire "différente des autres parce que ça va être une campagne de vérité". Avec pour "différence essentielle", le dernier document diffusé par l’Etat sur les conséquences qu’aurait un Oui ou un Non à l’indépendance.
"Chacun s'envoyait à la figure des arguments (…) affirmant que l'autre mentait. Aujourd'hui, on a la vérité", déclare Sonia Backès en citant l’exemple de la double nationalité. "Il va s'agir pour nous de vulgariser ce document, d'informer, de manière à ce que le 13 décembre, plus personne ne puisse dire qu'il ne savait pas."
Ces explications de l’Etat et leur vulgarisation sur les réseaux sociaux peuvent susciter l’intérêt des jeunes électeurs pour le scrutin du 12 décembre, estime-t-elle : "C’est eux qui doivent se poser la question de savoir si ils vont pouvoir continuer à emprunter pour acheter un appartement, à avoir un passeport français, à étudier à l'extérieur…"
La période de transition, une "grande chance"
En 2020, les Loyalistes alertaient l’Etat sur le risque d’un retour aux affrontements en cas de nouvelle consultation. "On aurait aimé éviter d’aller à un troisième référendum binaire", a réagi Sonia Backès à ce rappel. "Les indépendantistes ont souhaité [y] aller, donc on y va. Mais la grande chance qu'on a, c'est cette période de dix-huit mois (…) qui va nous permettre de nous projeter sur autre chose, sur un nouveau statut."
L’Avenir en confiance sera "vigilant" au gouvernement
Autre fait politique, la vice-présidence du gouvernement est désormais exercée par Isabelle Champmoreau de l’Avenir en confiance. Elle "sera là pour voir comment les choses vont et [pour] servir de garde-fou", a formulé Sonia Backès. "On sera principalement vigilants sur deux choses. D'abord, qu'aucun texte ne soit pris qui vienne à faire des différences entre les Calédoniens en fonction de leurs origines", a-t-elle ajouté.
Second point : "Tout ce qui pourra porter atteinte à l'emploi". Explications : "Il y a de très grandes inégalités (…) dans la société calédonienne et ces référendums successifs n'ont pas permis de traiter les problèmes de fond. Ni les indépendantistes ni ceux qui ont été au pouvoir [ne les ont traités]. Si, dans les réformes menées par les indépendantistes, on en venait à ce que ça mette en danger l'emploi, à ce que ça génère des licenciements, on serait extrêmement vigilants."
L'emploi local, tout le monde est d'accord. Et contrairement à ce que disent les indépendantistes, il n'est absolument pas question, pour nous, d'y revenir.
Le viaduc au Mont-Dore "pas finançable par la seule province"
Pour finir, cette question d’un internaute sur le projet de route contournant la traversée de Saint-Louis : "Où en est-on du viaduc promis aux Mondoriens ? " "On n'a jamais promis un viaduc aux Mondoriens. On a promis qu'on allait faire toutes les études nécessaires, ce qui a été fait. On arrive à quelque chose qui coûte de l'ordre de 50 milliards .(…) Ce n'est aujourd'hui pas finançable par la seule province Sud", a rétorqué sa présidente.
"Ce qu'on fait, c'est deux choses : d'abord chercher des financements (…). Et en parallèle, on cherche d'autres solutions. On a une étude qui arrive dans une dizaine de jours pour une solution en parallèle, de 'bac ferry' par exemple."
Une autre question concernait d'éventuelles nouvelles mesures pour lutter contre l'insécurité. "Le prochain projet qui va sortir", a évoqué l’invitée du JT, "c'est un centre de rupture pour les jeunes primo-délinquants".
Son entretien avec Nadine Goapana :