Au lendemain de la principale restitution dans le cadre de la consultation citoyenne menée en Nouvelle-Calédonie, les travaux engrangés sont mis à la disposition du grand public, ce mardi, sur le site des services de l'Etat. Tout un corpus destiné à nourrir la réflexion sur l'avenir institutionnel.
La restitution de la consultation a duré plus de trois heures, lundi 10 mai, dans la salle Sisia du centre Tjibaou. Et pourtant, une partie seulement des travaux a pu être présentée. Mais tout sera accessible, dans la foulée. "Je vous invite à aller consulter l’ensemble des contributions, des études, des documents réalisés à l'occasion de cette consultation, qui vont être mis en ligne dès [mardi 11 mai] à 9 heures sur le site internet du haut-commissariat", a ainsi rappelé le haussaire, Laurent Prévost, en conclusion de cette longue soirée.
Intervention ministérielle…
Une soirée qui a commencé par une annonce. Le ministre des Outre-mer a ouvert la séance à distance, en direct depuis Tahiti où il se trouve en visite officielle. Et Sébastien Lecornu a profité de l'occasion pour évoquer un préalable très attendu, alors que se profile l'ultime référendum. "Je n'ai pas souhaité que le document du 'Oui' et du 'Non' soit publié avant cette séance de restitution, parce que je commence à être familier de la vie politique en Nouvelle-Calédonie et je ne voudrais pas qu'on vienne percuter le travail que vous faites ce soir", a déclaré le ministre à l'assistance.
…et annonce
"Mais dans les toutes prochaines heures, le fameux document du Oui et du Non sera communiqué à un certain nombre de responsables politiques calédoniens. Ce qui nous permettra d'entamer le chemin d'un dialogue nouveau pour une question ancienne", a-t-il fait savoir.
"Une question qui vous a été posée deux fois, mais sur [laquelle] il n'est pas question d'aller [une] troisième fois sans l'avoir, non seulement éclairée, par un travail institutionnel, juridique, financier, (…) mais également sans l'avoir éclairée de votre propre parole, de vos propres attentes. C'était le sens de ce travail d'écoute profonde que nous avons souhaité."
L’objet était d’avoir un reflet fidèle d’émotions, de sentiments, d’attentes, d’angoisses, d’espérances, que des être humains ont bien voulu formuler dans ce moment si particulier de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. J’appelle l’ensemble des responsables politiques à ne pas mépriser cette parole.
Les Calédoniennes et les Calédoniens viennent participer en nombre à une consultation citoyenne sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) May 10, 2021
Cette parole a du prix, elle a de la valeur, j’appelle l’ensemble des responsables politiques à ne pas mépriser cette parole. pic.twitter.com/JL9JspTRoM
Une "écoute profonde"
Une idée qui a germé en octobre 2020, resitue le ministre, lors de son long passage en Calédonie. Cette démarche inédite, qui s'est concrétisée entre la mi-janvier et le 15 avril, a pris plusieurs formes. En particulier ce qu'on appelle une "écoute profonde". Un travail qui se voulait en profondeur, à la fois qualitatif et quantitatif. Les enseignements de cette enquête ont été développés en première partie de la restitution, par l'institut Quid Novi qui l'a mené et son directeur Stéphane Renaud. Il a mentionné également le volet dédié aux jeunes en âge d'être en études post-bac.
Quel que soit le statut que la Calédonie aura demain, deux-tiers de ces problématiques sont sociétales.
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L'apport en ligne des "corps intermédiaires"
Après un échange avec le public, c'est un autre prestataire de la consultation, la société Bluenove, qui a pris la parole depuis Paris pour aborder un autre aspect. Sa directrice associée, Kristy Anamoutou, et son consultant senior, Jean-Baptiste Briand, ont épluché les contributions déposées sur la plate-forme numérique notreavenir-nc
Résumé à lire ici :
Table ronde économique et sociale
Autre axe de travail, pour mener cette consultation, l'apport du monde économique et social. Il a été sollicité à travers plusieurs organisations, dont le Cese (Conseil économique, social et environnemental), le groupement NC-Eco et le Cresica (Consortium pour la recherche, l'enseignement supérieur et l'innovation). Lundi soir, elles étaient représentées sur la scène de la salle Sisia par six intervenants qui ont échangé sous forme de table ronde.
D'autres contributions à consulter
La soirée avait beau être dense, davantage de données sont annoncés sur le site des services de l'Etat. Avec la contribution d’une des deux associations de maires de Nouvelle-Calédonie, ou encore un complément apporté par le Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po.
Tous ces travaux sont une contribution aux discussions et au débat sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, et à la réponse aux grands défis auxquels elle est confrontée.
Nourrir la réflexion
Les enseignements de ces travaux sont destinés à nourrir la réflexion sur l'avenir institutionnel de la Calédonie. A commencer par les discussions politiques comme celles qui sont attendues du 25 mai au 3 juin à Paris, justement à l'invitation de l'Etat.
Tout cela montre quand même qu’on a besoin de se parler. Cette parole doit se faire entre nous, c’est ce que vous avez fait. Elle doit se faire désormais entre responsables politiques.
Une restitution parmi d'autres
S'il s'agissait lundi de la principale séance de restitution publique, un rendu partiel a déjà eu lieu, à Koné, le mercredi 28 avril. Jeudi 3 mai, une séance était proposée aux politiques, à la Résidence du haussaire. Une rencontre publique est par ailleurs prévue mercredi 12 mai, à Lifou.
Le compte-rendu de Nadine Goapana et Louis Perrin