DOSSIER. Accompagner, au sein de l'entreprise, les victimes de violences intrafamiliales

Le relais accueille les victimes de violences conjugales et intrafamiliales en province Sud
"Tout savoir sur la loi du pays favorisant l’égalité professionnelle réelle entre les femmes et les hommes" [5/5]. Dernière mesure phare de la loi votée le 4 mai 2023, au Congrès : un congé exceptionnel, rémunéré, de trois jours, pour permettre aux victimes de violences intrafamiliales, et de faits sexistes, d'effectuer des démarches. Objectif : encourager les victimes à porter plainte.

A l’échelle nationale, la Nouvelle-Calédonie est le territoire ultra-marin le plus touché par les violences au sein du couple. Dans neuf cas sur dix, la victime est une femme. Et sept victimes sur dix ne font aucune démarche pour signaler les faits subis auprès des services de police ou de gendarmerie. Le jeudi 4 mai 2023, les membres du Congrès ont donc entériné une mesure qui s'intéresse aux conséquences des violences intrafamiliales sur la vie professionnelle de la victime. 

48 heures pour signaler son absence

La loi du pays favorisant l’égalité professionnelle réelle entre les femmes et les hommes a prévu un congé exceptionnel pour accompagner les victimes de violences. Une autorisation d’absence de 3 jours, accordée aux salariés pour accomplir leur démarche judiciaire. "Dans ce cas, le salarié justifie auprès de l’employeur, dans un délai de 48 heures, son absence, par la remise d’un récépissé délivré par la police ou la gendarmerie", précise le texte.

En Nouvelle-Calédonie, les violences conjugales représentent 30 % des gardes à vues réalisées en 2021.  Mais bien souvent, les victimes portent plainte trop tard, lorsque les violences deviennent insupportables. L'objectif de cette loi est donc de les encourager à effectuer des démarches le plus rapidement possible. Une mesure qui va dans le bon sens, pour Anne-Marie Mestre, présidente de l'association SOS Violences. "Maintenant, il faut savoir comment ça sera mis en place concrètement au sein des entreprises. Il faut que ces trois jours soient fractionnables et non limités dans le temps. Que les victimes puissent s’en servir pour la confirmation de la plainte ou pour revoir leur avocat, par exemple." 

Reste la question de la confidentialité. Certaines salariées pourraient être freinées à l'idée de devoir parler de leur vie privée, d'autant plus pour un sujet si difficile. 

Une femme qui veut bénéficier de ces journées va devoir se confier aux ressources humaines ou à son chef.

Anne-Marie Mestre, présidente de l'association SOS Violences

Une mesure étendue aux salariés victimes de faits sexistes

Au cours de cette séance au Congrès, il a également été acté d'en faire bénéficier les salariés victimes de faits sexistes. Afin de ne pas entrainer une sur-victimisation et une précarisation de ces salariés, leur rémunération sera également maintenue pendant ces trois jours.

Une avancée symbolique, mais importante, pour Maud Le Bar, formatrice contre le sexisme en entreprise. "C’est important parce que ça montre l’attention qu’on porte à faciliter ce chemin pour les victimes. Le frein n’est pas uniquement là : ne pas pouvoir se libérer pour aller porter plainte. Ça peut en faire partie, mais ce n’est pas le seul. Mais encore une fois, symboliquement, c’est reconnaitre que les victimes ont besoin d’aide pour ces démarches. Et c’est déjà pas mal."

Être victime de violences, ça a forcément des conséquences sur le travail.

Maud Le Bar, formatrice contre le sexisme en entreprise

Pour cette professionnelle c'est aussi un message envoyé à la société. "Que les gens se rendent compte que c’est dur pour les victimes d’aller porter plainte. Cette loi, c’est l’occasion d’en parler. La victime pourra peut-être recevoir du soutien. L’employeur qui sait que, parmi ses employées, il y a des femmes victimes, pourra peut-être avoir ensuite une démarche plus active sur son accompagnement."

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