Elections législatives 2024. Participation, division, blocage… 7 faits qui ont marqué le premier tour en Nouvelle-Calédonie

File d'attente pour voter au centre Ko We Kara à Nouméa, mairie de Houaïlou bloquée et dépouillement à celle de Dumbéa.
La Nouvelle-Calédonie entame la huitième semaine de la plus grave crise qu’elle ait eue à affronter depuis les années quatre-vingts. Malgré tout, il faut penser aux législatives. Le second jour de scrutin, prévu dimanche 7 juillet, verra deux duels entre des candidats aux visions radicalement différentes concernant l’avenir institutionnel. Autre enseignement du premier tour qui a eu lieu hier, la mobilisation des électeurs. NC la 1ère évoque 7 choses à retenir.

Quatre candidats vont se disputer les deux sièges de député. Ce dimanche 30 juin, Nicolas Metzdorf et Omayra Naisseline se sont qualifiés pour le second tour des législatives dans la première circonscription. Emmanuel Tjibaou et Alcide Ponga restent en lice pour la deuxième circonscription. Très forte participation, vote impossible à Houaïlou, logique des blocs… Voici ce qu'on peut retenir au lendemain du scrutin.

>> Retrouvez ici notre direct de la journée d'élection et notre autre direct, dédié à la soirée

1Les électeurs ont fait entendre leur(s) voix

C'est le premier enseignement, qui s'est traduit par des files d'attente à de nombreux endroits. Quelle que soit leur opinion, les Calédoniens se sont montrés déterminés à aller voter. Les électeurs ont été environ 60 % à se déplacer jusqu'aux bureaux de vote. En 2022, le taux de participation tournait autour des 32 %. C'est environ 28 points de plus. Il faut remonter aux législatives de 2007 pour trouver l'équivalent. Et il a été remarqué une forte implication des jeunes. 
Aperçu dans ce reportage de Martin Charmasson et Gaël Detcheverry à Nouméa.

©nouvellecaledonie

2Deux camps face à face

Au lendemain du premier tour, deux blocs face à face. Dans chaque circonscription, les votants ont favorisé un candidat favorable au maintien dans la France et un candidat partisan de l'indépendance. Dans les deux mille voix séparent Nicolas Metzdorf d'Omayra Naisseline, tandis qu'Emmanuel Tjibaou a une avance d'environ cinq mille suffrages sur Alcide Ponga.

Les partisans d'une autre façon de voir les choses n'ont pas été entendus, comme le montrent les résultats de Calédonie ensemble ou l'Eveil océanien. Les électeurs de ces partis pourraient influer sur le résultat final. Reste à savoir s'il y aura des consignes de vote. Et comment les reports de voix vont se faire. 
Analyse de cette situation par le docteur en géopolitique Pierre-Christophe Pantz

>> LIRE AUSSI : DECRYPTAGE. "Des enjeux qui ont finalement reproduit une forme de référendum bis" pour ces élections législatives 2024 en Nouvelle-Calédonie

3Pas de vote à Houaïlou

En province Nord, sur la côte Est, Houaïlou compte 3 766 électeurs, qui étaient appelés à rejoindre huit bureaux. Mais personne n'a pu voter ce dimanche. L'accès à la mairie, où se trouvaient les urnes, a été bloqué.

Le week-end a aussi été marqué par des attaques contre la gendarmerie. C'est la plus grande perturbation constatée pour ce premier tour. Peut-elle tout remettre en cause ? Peu probable, à entendre Charles Froger, maître de conférences en droit public. "Le Conseil constitutionnel va juger de ce qu'on appelle la sincérité du scrutin", a-t-il expliqué à Anne-Claire Lévêque. "Autrement dit, il va regarder si les irrégularités produites vont avoir une conséquence sur les résultats (…) Il va tenir compte de ce qu'on appelle l'écart de voix entre les candidats." 

4Un contexte exceptionnel

Des incidents étaient redoutés, alors que la Calédonie a subi déjà sept semaines de crise insurrectionnelle. Petit rappel. À la mi-mai, les députés se penchaient sur la réforme constitutionnelle destinée à élargir le corps électoral pour les prochaines élections provinciales. Un dégel souhaité par une partie de la population mais vivement dénoncé par une autre. Alors que l’opposition au texte se faisait entendre sous l’égide de la CCAT (Cellule - indépendantiste - de coordination des actions de terrain), la Calédonie a brusquement été plongée dans une spirale de violence. Laquelle a entraîné neuf décès par balle, selon le bilan des autorités, et causé des dégâts estimés à au moins 175 milliards de francs Pacifique. 

5 Des législatives anticipées

Le Caillou n'en a pas fini avec les barrages, les exactions et les opérations destinées à rétablir l'ordre. La vie quotidienne est bien loin d'un retour à la normale. Mais le 9 juin, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. C'était après les européennes, marquées par une lourde défaite de la majorité présidentielle et une nette montée de l'extrême droite. Malgré la situation, il a donc fallu organiser une campagne électorale accélérée et deux dimanches de scrutin. 

6Une organisation inhabituelle

Pour garantir la sécurité des électeurs, les bureaux de vote ont été regroupés. Les horaires (de 7 heures à 17 heures) ont été adaptés au couvre-feu. Les forces de l'ordre ont été déployées sur les différents sites.

Illustration à Païta, ville sinistrée, dans ce reportage de Thérèse Waïa et Franck Vergès.

©nouvellecaledonie

Les votants, eux, ont dû composer avec l'absence de transport en commun et les difficultés à circuler.

Récit de Marion Thellier et Christian Favennec au Mont-Dore, commune coupée en deux.

©nouvellecaledonie

7Attention aux procurations

Autre fait marquant de cette élection, les nombreux votes par procuration qu'il a fallu traiter en urgence ou qui ne sont pas arrivés à temps. Le message est déjà envoyé aux électeurs en vue du second tour : pour effectuer les démarches, veillez à vous y prendre le plus tôt possible !

>> Parcourez notre carte interactive alimentée par les résultats provisoires du premier tour