EN IMAGES. Ces navires emblématiques de la Marine nationale en Nouvelle-Calédonie

Des avisos escorteurs de la Marine. L'aviso "Commandant-Rivière" a fait ses adieux à la Nouvelle-Calédonie en 1964.
L’histoire de la Nouvelle-Calédonie semble indissociable de celle de ses bateaux de la Marine nationale. L’arrivée du patrouilleur "Auguste-Bénébig", lundi 3 avril, est l'occasion de se pencher sur certains navires qui ont marqué les esprits des Calédoniens.

Depuis l'arrivée du contre-amiral Febvrier-Despointes en 1853, de nombreux navires ont accosté en Nouvelle-Calédonie. Pourtant, la présence de bâtiments militaires stationnés à Nouméa date seulement de 1954, soit environ soixante-dix ans. A ce jour, les enjeux de sécurité dans la deuxième Zone économique exclusive (ZEE) mondiale s'avèrent grandissants. "La mer est un espace libre, la frontière à passer est facile", explique le capitaine de vaisseau Guillaume Montanié, commandant de la base navale Chaleix à Nouméa. "On peut facilement aller d’une zone à l’autre et aussi, disparaître en mer." Avec l'arrivée de l'Auguste-Bénébig, la France se dote de nouveaux moyens armés dans la région Pacifique. "Le fait d’avoir un nouveau patrouilleur permet à la France d'avoir un gain de capacité militaire, de surveillance et d’intervention", confirme le capitaine de vaisseau.

Dès 1915, premier contingent de Calédoniens embarqués sur le "Sontay"

Des soldats calédoniens sont partis à bord du "Sontay" en 1915.

En 1915, c'est le départ du premier contingent calédonien pour la Grande Guerre, sur un paquebot des Messageries maritimes : le Sontay, spécialement armé pour la Marine. Vu par les Calédoniens, c'est un moment important de l'Histoire, car pour la première fois, des troupes quittent le territoire pour défendre la France. Le navire sera torpillé en Méditerranée, en 1917.

Un aviso colonial est un navire de guerre. Cette dénomination a été utilisée jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Pendant la Seconde guerre mondiale, un contingent de l'armée est envoyé sur l'aviso Chevreuil avec comme mission que Wallis et Futuna soutienne la France libre, le ralliement de Charles de Gaulle aux alliés britanniques. Ce qui n'est pas alors le cas. De toutes les missions du bâtiment, celle-ci a particulièrement marqué les mémoires. Notamment celle de Jean-Paul Lextrait, directeur de l’Office nationale des combattants et des victimes de guerre en Nouvelle-Calédonie. Et celle de ... Charles de Gaulle ! Ce dernier le cite dans ses mémoires : "l'aviso Chevreuil rallie l'archipel de Wallis-et-Futuna à la France libre"

L'aviso "Capricieuse" était semi-submersible, d'où la forme arrondie de sa super-structure.

La Capricieuse sera la seule unité affectée dans le Pacifique de 1959 à 1964 partagée entre la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie. C'est un aviso dragueur de première classe.

Des avisos escorteurs de la Marine. L'aviso "Commandant-Rivière" a fait ses adieux à la Nouvelle-Calédonie en 1964.

"Dieppoise", "Dunkerquoise", "Lorientaise", "Bayonnaise" : des patrouilleurs emblématiques

Ces quatre ex-dragueurs de mines canadiens sont transformés en patrouilleurs dans les arsenaux français avant de rejoindre le Pacifique (Papeete et Nouméa) où ils sont présents à partir de 1960 et jusqu'en 1988 pour certains. 

La Dieppoise reste la plus connue en Nouvelle-Calédonie car son épave est devenue un lieu incontournable de la plongée. Arrivée le 9 novembre 1976 à Nouméa, elle a assuré sa mission de surveillance jusqu'en 1988 et, de fait, a croisé le chemin de la Glorieuse et la Moqueuse, qui sont arrivées en 1987. La Dieppoise a été "lagonné" c'est-à-dire coulé volontairement au récif Tabou.

La "Lorientaise" et la "Dunkerquoise" devant la base Chaleix.

La "Dunkerquoise", dragueur de mines transformé en patrouilleur.

La "Lorientaise" est un dragueur de mines transformé pour les besoins de la Marine, tout comme la "Dieppoise".

La "Glorieuse" et la "Moqueuse", des patrouilleurs chers aux cœurs des Calédoniens

Depuis plus de trente ans, les Calédoniens ont l'habitude de voir la Glorieuse et la Moqueuse sillonner leurs eaux. Avec l'arrivée du nouveau patrouilleur, Auguste-Bénébig, la vieille Glorieuse, qui est là depuis 1987, sera visible une dernière fois par le grand public le 8 mai prochain, devant le Musée maritime de Nouméa. Elle sera ensuite désarmée. "C'est une belle façon pour les Calédoniens de rendre un dernier hommage au P400 [patrouilleur de 400 tonnes], un devoir de mémoire pour lui dire au revoir", commente le capitaine de vaisseau Montanié.

Les anciens combattants racontent qu'à son arrivée à Nouméa, les trois premières lettres d'identification de la Glorieuse étaient GLU. Or, il semblerait qu'à cette époque, la Glorieuse subissait de nombreuses avaries et restait "collée" au quai. Elle a ainsi acquis le surnom de "Glue". Aujourd'hui, ce patrouilleur ne subit plus d'avarie, selon le commandant de la base navale. La Glorieuse sera présente pour mener à bien l'arrivée de l'Auguste-Bénébig, le 3 avril. Quant à la Moqueuse, elle a été désarmée en 2020. Elle est toujours visible à la pointe Chaleix. 

Ces navires ont "forgé" la Marine Nationale, selon le capitaine de Vaisseau Montanié, car le commandement de ces patrouilleurs de 1re classe était très demandé à l'époque. Seuls les meilleurs commandants étaient sélectionnés pour la Glorieuse et la Moqueuse.

Depuis 1987, la "Glorieuse" est présente en Nouvelle-Calédonie.

Le "Jacques-Cartier", la "bête de somme" du Pacifique

Le Jacques Cartier est un troisième Batral, bâtiment de transport léger. Il a été conçu et destiné à passer sa vie dans les Outre-Mer. Mis en service en 1983 et basé à Nouméa, il est surnommé "la bête de somme" par ses marins. Sa structure à fond plat lui permet de se poser sur une plage. Il peut débarquer jusqu'à 400 tonnes de matériel, véhicules et passagers. Les hélicoptères légers sont également en mesure de se poser sur le pont, ce qui n'est plus le cas sur le D'Entrecasteaux.

Le Batral (bâtiment de transport léger) "Jacques-Cartier" et la "Moqueuse" devant la base Chaleix.

Le "Vendémiaire", une frégate de surveillance très appréciée de nos voisins 

En juin 2015, la frégate "Vendémiaire" réaffirme la souveraineté de la France sur l'île Matthew et l'île Hunter.

Selon le commandant de la base navale Chaleix, " le Vendémiaire est une frégate de deuxième rang, qui n'est pas fortement armée. La présence du Vendémiaire est demandée par nos partenaires du Pacifique, notamment la Nouvelle-Zélande et l'Australie. C'est un navire qui tient la route, régulièrement modernisé." Même si la frégate commence a devenir un peu âgée (date de mise en service : 1992), elle se trouve en arrêt technique en Nouvelle-Zélande et devrait reprendre la mer pour la Nouvelle-Calédonie très prochainement. Parmi ses faits d'armes, le Vendémiaire a notamment arraisonné un voilier qui transportait 1,4 tonne de cocaïne au large des Tonga. Il a également aidé les sinistrés du cyclone Pam, au Vanuatu, en 2015. Ou encore, réaffirmé la souveraineté de la France sur les îles Matthew et Hunter.

Le "D'Entrecasteaux", "pick-up des mers"

Le B2M d'Entrecasteaux est arrivé en Nouvelle-Calédonie en 2016

"Pick-up des mers". C'est le surnom donné par un des commandants du B2M D'Entrecasteaux (batiment multi-missions). Arrivé en 2016 en Nouvelle-Calédonie, il a remplacé le Jacques-Cartier. Son atout : la plage arrière du navire est libre, pour transporter beaucoup de matériels. Comme, par exemple, lors de sa dernière mission au Vanuatu. Pour le décharger, une petite embarcation est utilisée afin de se rendre sur la plage. Fin 2024, le bâtiment sera complété par un EDA-S, un engin de débarquement amphibie standard, qui aura une grosse capacité de "plageage" (échouage opérationnel afin de décharger des troupes ou du matériel sur une plage). C'est le premier navire de ce type construit par la Marine nationale, avant le Bougainville, basé à Tahiti.

Le POM "Auguste-Bénébig" et le "Jean-Tranape" : les derniers arrivés

Pour le commandant de vaisseau Montanié, l'arrivée du POM Auguste-Bénébig est emblématique. " Il porte le nom d’un Calédonien qui a eu le courage de quitter sa famille pour s’engager et défendre la France. C’est un très beau symbole qui, je pense, résonnera beaucoup dans l’esprit et le cœur des Calédoniens."

La construction de ce patrouilleur et de son sister-ship, le Jean-Tranape, répond à la loi de programmation militaire 2019-2025, qui a permis le remplacement des P400 (patrouilleurs 400 tonnes). Le nouveau POM pèse pas moins de 1 300 tonnes ! Avec ses 80 mètres de long, il est plus imposant que la Glorieuse et la Moqueuse. Il aura, à son bord, un drone à voilure et sera armé d'un canon téléopéré de 20 mètres complété de quatre mitrailleuses. Parmi ses missions : le respect de la souveraineté française et de la protection des intérêts nationaux dans les ZEE et leurs abords, la police des pêches et la préservation de la ressource halieutique, la lutte contre les activités illicites incluant le narcotrafic, l'intervention contre les pollutions maritimes ...

L'Auguste-Bénébig sera amarré au quai de la base navale Chaleix, actuellement en construction et qui doit être opérationnel vers la fin du mois d'août. Quant au Jean-Tranape, il est attendu pour 2025.

Le patrouilleur "Auguste-Bénébig" arrive à Nouméa le lundi 3 avril.