1Un contexte peu favorable
Le début d'année a été marqué par le conflit social lié à la reprise de Vale NC "qui a engendré des perturbations sociales et productives dans le secteur du nickel", les intempéries "ont pénalisés certaines activités", puis un deuxième confinement strict est intervenu, du 8 mars au 4 avril. La Nouvelle-Calédonie est également restée dans l'attente d'un gouvernement de plein exercice, du 2 février au 8 juillet. L'aggravation de la situation sanitaire, en seconde partie d'année, puis la fin de la politique Covid-free, un troisième confinement et la tenue du troisième référendum de sortie de l'accord de Nouméa ont induit "un certain attentisme", note l'Institut d'émission Outre-mer (IEOM).
2Un climat des affaires très volatil
L'indice du climat des affaires (ICA) est en progression de +11,1 points par rapport à 2020, mais s'est montré très volatil, en raison des périodes de confinement. Au troisième trimestre, l'indicateur a chuté de -1,3 points, avant de remonter de +7,7 points au quatrième trimestre. Perspective réjouissante, "les dirigeants d’entreprises tablent en moyenne sur une hausse de 3,0 % de leur chiffre d’affaires en 2022", précise I'IEOM.
3Le marché de l'emploi s'est adapté
Près de 9 900 personnes ont bénéficié du chômage partiel spécial Covid, limitant la destruction d'emplois. Toutefois, l'emploi salarié s'est de -1,6% au premier trimestre, de -1,2% au troisième, après une progression de +2,3% au deuxième. Les services sont les plus touchés. "Même si l’emploi salarié sera certainement en hausse, en moyenne, en 2021, il ne reviendra pas à son niveau d’avant crise sanitaire (-1,2 % en moyenne en 2020) et s’accompagne d’une précarisation", estime l'IEOM. Quatre entreprises sur 10 ont mis en place le télétravail.
4Une hausse de l'inflation
Près de 9 900 personnes ont bénéficié du chômage partiel spécial Covid, limitant la destruction d'emplois. Toutefois, l'emploi salarié s'est de -1,6% au premier trimestre, de -1,2% au troisième, après une progression de +2,3% au deuxième. Les services sont les plus touchés. "Même si l’emploi salarié sera certainement en hausse, en moyenne, en 2021, il ne reviendra pas à son niveau d’avant crise sanitaire (-1,2 % en moyenne en 2020) et s’accompagne d’une précarisation", estime l'IEOM. Quatre entreprises sur 10 ont mis en place le télétravail.
5Une consommation maintenue
La hausse des prix moyenne a été de +0,6% en 2021. L'indice des prix à la consommation traduit la progression des prix de l'énergie (+4,2%) et l'alimentation (+2,7%), même si le coût des produits manufacturés s'est réduit (-2,7%). Face aux intempéries, au coût du fret, au coût des matières premières et aux hausses du tabac et de l'alcool, "une accentuation de cette tendance est probable", prédit l'Institut d'émission Outre-mer. Deux entreprises sur trois prévoient d'augmenter leurs tarifs.
6Des mesures de soutien importantes
Ces dernières ont joué "un rôle d'amortisseur, permettant notamment d’éviter des défaillances d’entreprises et des répercussions sur l’emploi", analyse l'IEOM, qui évoque l'efficacité des échéances différées, des Prêts garantis par l'Etat (PGE) de 10 milliards de francs CFP et du Fonds de solidarité (FDS) de 4 milliards de francs CFP. L'investissement, par contre, s'est contracté de -7,8 milliards de francs.
7Une nouvelle baisse des exportations
La tendance se confirme. Pour la troisième année consécutive, les exportations se sont réduites de -4,3%, emmenée par une baisse de -3,9% des exportations de ferronickels. Avec le recul des ventes de crevettes et d'holothuries, l'export de produits de la mer est en chute de -29,3%. Avec la hausse des importations, le déficit extérieur dépasse les 100 milliards de francs CFP, le taux de couverture baissant de -5 points, pour s'établir à 61%.
8Les déséquilibres des finances publiques s'aggravent
Les recettes fiscales baissent pour la deuxième année consécutive (-3,2 milliards de francs CFP en 2021, -6,7 milliards de francs CFP en 2020), alors que la crise sanitaire a nécessité des dépenses exceptionnelles. Réquisition d'hôtels, transports aérien, hospitels et dépenses sanitaires s'élèvent à 12 milliards de francs CFP et le déficit du Ruamm atteint 14 milliards de francs. Quinze milliards de francs de subventions de l'Etat ont été octroyés, ainsi que des prêts à taux zéro (4,5 milliards de francs), ainsi qu'un nouvel emprunt à l'Agence française de développement de 21 milliards de francs, qui s'ajoute à celui de 28,6 milliards contracté en 2020. L'ensemble rend "inévitable des réformes en profondeur", constate l'IEOM.
Ecoutez Yann Caron, directeur de l'IOEM, qui résume la situation, au micro de Titouan Moal :
9Tous les secteurs d'activités impactés
Avec la crise sanitaire, la perte moyenne de chiffre d'affaires est de -3,6%. "Comme l’an passé, les situations sont hétérogènes, mais les secteurs les plus impactés restent les mêmes : tourisme et services. Les industries et le BTP sont également fortement impactés. En revanche, bénéficiant d’effet report de la consommation locale, le secteur primaire et le commerce résistent mieux", observe l'IEOM. Les premières estimations tablent sur un recul de -3% du Produit intérieur brut (PIB).
- Secteur minier
Si le court du nickel a grimpé de +34,2% en 2021, les opérateurs calédoniens n'ont pas pleinement profité de cette progression, "à cause d'un niveau de production insuffisant". La production métallurgique est en effet en recul, de -19,1%, les exportations de métal diminuent en volume (-28%) et en valeur (-9,3%). La production minière a baissé (-4,6%) et les exportations de minerais augmentent en valeur (+13%).
- BTP
La consommation de ciment est à plus bas historique (-7%), la commande privée s'est raréfiée et l'investissement public a été limité et l'index BT 21 a confirmé la flambée des coûts des matériaux de construction (1,9% en moyenne).
- Tourisme
Le secteur a été touché de plein fouet. Le trafic aérien international a été divisé par 3 et le trafic aérien interne a chuté de -20%. Les croisières sont restées à l'arrêt, l'activité des agences touristiques et des hôtels s'est fortement réduite.
- Secteur primaire
Les confinements ont perturbé les chaines de distribution et les intempéries ont eu des effets négatifs sur les productions, notamment végétales. La filière pêche a résisté grâce à des augmentations des tonnages débarqués par les palangriers (+2,4%) et des exportations de thon (+28,2%). La filière viande s'est maintenue grâce à l'abattage bovin (+3,8%) et porcins (-0,3%). L'indice Ipampa-NC de mesure des coûts de production a toutefois progressé de +4,3% au quatrième trimestre, par rapport au quatrième trimestre 2020 et "cette tendance devrait se poursuivre voire s’accélérer en 2022" avec la guerre en Ukraine.
10Une activité bancaire dynamique
"L’IEOM continue de soutenir la liquidité bancaire de sa zone monétaire afin de faciliter le financement de l’économie", explique la synthèse annuelle. Trois lignes de refinancement bancaires à taux zéro ont fait l'objet d'appel d'offres et l'encours est de 120 milliards de francs CFP pour la Nouvelle-Calédonie. "L’encours des actifs financiers détenus par les agents économiques dans les établissements de crédit installés localement s’élève à 854 milliards XPF à fin 2021, en progression de 4,3 % sur un an", poursuit l'Institut d'émission Outre-mer. L'encours brut total des crédits consentis a atteint 1 343 milliards de francs CFP (+1,2%).
11Les perspectives, faites d'incertitudes locales et internationales
"Les dirigeants d'entreprises tablent sur une un hausse de 3% de leur chiffres d'affaires en 2022", observe l'IEOM. Réouvertures des frontières et levées des restrictions sanitaires offrent visibilité et promettent "un retour progressif à un fonctionnement normal". Autres signes positifs : la conjoncture favorable pour le secteur du nickel et le lancement d'opérations structurantes pour le BTP.
A contrario, "l’environnement économique est particulièrement fragile et les risques déjà présents pourraient entraîner l’économie dans un scénario moins favorable", tempère l'IEOM. Les mesures de soutien ont été prises au prix d'un accroissement important de l'endettement des entreprises et de la Nouvelle-Calédonie, ce dernier ayant atteint 160%, la réforme fiscale et d'allongement de l'âge de la retraite pourraient avoir un effet sur le pouvoir d'achat des ménages, confronté à l'inflation des prix de l'énergie, de l'alimentaire et du transport, liés à la guerre en Ukraine. Quant à l'avenir institutionnel, il est autant source d'espoir que d'incertitude.
Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor :