2021, l'année où le concept de "Covid free" prend fin, pour les Calédoniens. Tests, masques, confinements, réanimation, décès, deuil sous contrainte… Le pays, sous cloche depuis mars 2020, apprend dans la douleur ce que cela signifie de vivre avec la pandémie.
Janvier, le vaccin commence à être administré
Dès le 20 janvier, le vaccin anti-Covid 19 est administré localement. Un mois après, la Nouvelle-Calédonie voit l'actualité s'emballer. Attaque mortelle de requin le dimanche, sortie de crise nickel le jeudi, alerte au tsunami le vendredi, passage tumultueux du cyclone Niran le samedi... et mauvaises nouvelles sur le front sanitaire. Au soir du 6 mars, alors que l’alerte 2 est maintenue, on apprend que Wallis et Futuna a découvert son premier cas hors quatorzaine.
Mars et début avril, le deuxième confinement
Le 7 mars, la Grande terre est jonchée d’arbres et de fils électriques quand les inquiétudes se voient confirmées : neuf cas de Covid-19 détectés chez des personnes de retour du fenua, nouveau confinement décrété. Il entre en vigueur dans la nuit du 8 au 9 mars. La Journée des droits des femmes passe pour le moins inaperçu. Pendant que les autorités doivent enquêter sur plus de 600 passagers revenus de Wallis depuis le 25 janvier, la Calédonie renoue avec l'isolement généralisé.
Le 13 mars, le port du masque devient obligatoire. La campagne de vaccination s'accélère enfin. Bilan au bout de quelques jours : les habitants se montrent plutôt bons élèves, la vie quotidienne s’est vite adaptée. Le 18 mars, par sécurité, le confinement strict de la Calédonie est tout de même prolongé par une troisième semaine. Peu à peu, les mesures sont aménagées, déconfinement progressif à compter de début avril, levée des mesures sanitaires le 11.
Mai et juin, la vaccination en-dessous de dix-huit ans
Le 29 avril, Wallis et Futuna enregistre son septième mort lié à la pandémie. Alors que le 13 mai, la quarantaine à l'entrée en Calédonie passe de quatorze à sept jours pour les personnes vaccinées. 17 mai, ouverture de la vaccination à partir de seize ans. Puis dès douze ans à compter du 9 juin.
Juillet et août, la menace se précise
Le 26 juillet, le variant Delta est pour la première fois signalé en Calédonie, mais sa présence est filtrée par le sas sanitaire à l'entrée du pays. Début août, une polémique est lancée : un Calédonien de retour sur le territoire quitte la septaine avant terme suite à une décision de justice. Le spectre de la pandémie continue à planer au-dessus du Caillou. Une crainte accentuée par la situation dramatique qu'affronte la Polynésie, fin août par exemple. Le 27 août, des assises du Covid se tiennent à Nouméa et le 3 septembre, le monde politique calédonien en vient à adopter la mise en place d'une obligation vaccinale.
Septembre, le mois qui change tout
Jusqu'à ce que le pire devienne réalité. Trois jours après le vote, le 6 septembre, la circulation autochtone du virus est confirmée. Ça va aller très vite. A peine les trois premiers cas - de variant Delta - sont-ils repérés que la Calédonie se met à endurer l'expérience vécue par à peu près tout le reste de la planète. Mais comme en accéléré.
Un troisième épisode de confinement strict débute le 7 septembre à midi.
Le 8 à minuit, l'état d'urgence sanitaire est déclaré en Calédonie. Le 14, le confinement est renforcé par le premier couvre-feu général depuis la période des Evénements, et va durer jusqu’au 10 octobre. Mi-septembre, les voyageurs entrant commencent à faire leur quarantaine à domicile, les hôtels sont désormais dédiés à la surveillance de patients Covid. Place aux hospitels, un concept innovant qui sera démobilisé trois mois plus tard, à la mi-décembre.
Octobre, le seuil des 200 morts
Le 11 octobre, début du confinement aménagé, avec la mise en place d'un "pass sanitaire" dont les règles se durcissent à partir du 6 décembre. Différentes étapes se succèdent : le retour progressif en classe à compter du 12 octobre, des week-end confinés jusqu'à mi-novembre, des contraintes qui s’allègent semaine après semaine, et des transports qui reprennent peu à peu du service, jusqu’à la reprise des vols commerciaux internationaux à compter du 1er décembre.
La dure réalité de cette pandémie, c’est le bilan humain : 281 victimes en trois mois et demi pour une population de 271 000 habitants… La première mort survient quelques jours seulement après le début de la crise et la vague déferle à une vitesse folle. Le point sanitaire du 22 septembre annonce seize décès en vingt-quatre heures. Le 28, après trois semaines, la Calédonie déplore cent décès en lien avec le virus. Puis plus de 200 au 10 octobre. Trois jours après, à nouveau l'annonce de seize personnes emportées en un jour.
Novembre, le cap des douze mille cas
Durant cette terrible période, le taux d’incidence cumulé sur sept jours glissants, un concept avec lequel les Calédoniens se familiarisent, monte jusqu'à 1 200 contaminations pour 100 000 habitants. Il était de 55, ce 29 décembre. Au plus dur, les équipes hospitalières vivent des jours et des nuits infernales, aux urgences et en réanimation. Le Médipôle pousse les murs pour gagner toujours plus de place. Des renforts arrivent de l'Hexagone à partir du 21 septembre, de la solidarité nationale et de la réserve sanitaire - les derniers repartent le 1er décembre. Et puis le 4 novembre, l'Etat verse à la Nouvelle-Calédonie une subvention de 4,8 milliards CFP, pour couvrir les frais engendrés par l'arrivée de la pandémie.
Cette crise entraîne une ruée sur les centres de dépistage. Le 23 novembre, deux mois et demi après son début, le nombre de cas positifs détectés a passé le cap des douze mille.
Décembre, un référendum sous Covid et 75% de vaccinés
Ruée, aussi, sur les lieux de vaccination déployés à travers tout le pays. Quand le virus pénètre en Calédonie, moins d'un tiers de la population est vaccinée. Mais dans les semaines qui suivent, on observe jusqu’à 5 000 injections par jour. En cette fin décembre, 75% des Calédoniens vaccinables, donc âgés d'au moins douze ans, ont reçu un schéma complet.
Le 20 septembre, l'obligation vaccinale entre en vigueur pour les voyageurs. De façon générale, le concept de vaccination obligatoire et partant, de pass sanitaire, devient un des sujets les plus clivants du pays. Y compris au sein de la classe politique. Le 29 octobre, l’obligation d'être vacciné anti-Covid si on travaille dans certains secteurs est repoussée, du 31 octobre au 31 décembre. Le 19 novembre, cinq élus de bords différents demandent la suppression de cette vaccination obligatoire mais le 21 décembre, l'initiative est retoquée. Le 13 décembre, Calédonie ensemble dépose de son côté un texte pour repousser à nouveau la limite à partir de laquelle des sanctions tomberont envers les professionnels prioritaires et les personnes à risque pas vaccinés. Il est adopté le 21 décembre.
La crise sanitaire, qui s'est emballée alors que la campagne référendaire commençait, a également de lourdes conséquences politiques. Dans le contexte de Covid, la date choisie pour la troisième consultation prévue par l'Accord de Nouméa fait l’objet d’un virulent débat entre camp du Oui et partisans du Non. Maintenu au 12 décembre, le scrutin est marqué par une très forte abstention après que les forces indépendantistes appellent à la non-participation. Entre référendum et précautions sanitaires, rappelons aussi que l'année scolaire a été raccourcie, les grandes vacances ont commencé au soir du 10 décembre.
A l'horizon, Omicron
Les derniers jours de l'année, l’attention se tourne vers le variant Omicron, son évolution, sa contagiosité. Le 22 décembre, alors que le couvre-feu et l'obligation de porter le masque en extérieur viennent d'être arrêtés, le gouvernement calédonien confirme deux suspicions de cas avec Omicron.