Rétro 2021 en Nouvelle-Calédonie : une année économique troublée

Alliance construction, centre-ville confiné, dégâts de Niran, Click & collect ou restaurant en attente de client.
La Nouvelle-Calédonie achève une année bien mouvementée. Dans le cinquième volet de notre rétrospective 2021, lumière sur l’état de l’économie. Les deux confinements subis, en mars et en septembre, ont amplifié les difficultés déjà existantes. Et accentué les disparités entre les entreprises, les secteurs et les ménages. Un rappel de Nadine Goapana.

Mars 2021, toujours pas de gouvernement de plein exercice, depuis la chute de l’exécutif le 2 février. Alors que le conflit autour de l’usine du Sud a trouvé un accord politico-économique, au terme de mois d’incertitude, les phénomènes naturels s’enchaînent. Après les pluies diluviennes de la dépression Lucas, début février, place aux rafales violentes du cyclone Niran un mois après. Double coup dur pour la filière agricole.

Un confinement à vingt milliards

Avec la nouvelle alerte à la pandémie de Covid, confirmée le 7 mars, retour en confinement à compter du 9. Ça va durer quatre semaines, et générer des pertes estimées à environ vingt milliards de francs CFP, selon le Cerom ("Comptes économiques rapides pour l'Outre-mer"). L’expérience tirée du premier confinement, un an plus tôt, permet aux sociétés et aux travailleurs indépendants de mieux appliquer les mesures sanitaires, le télétravail et les ventes à distance.
 
Sous forme d’aides, de reports d’échéance, de cotisations ou encore de prêts spécifiques, les dispositifs de soutien déployés par l’Etat et le Congrès permettent de temporiser les tensions de trésorerie des entreprises et l’emploi des salariés. Mais ce jeu d’équilibriste reste fragile.

Quel impact a eu le suivant ?

Les reprises d'activité à l’usine du Sud, le déconfinement le 4 avril et l’installation tant attendue du 17e gouvernement, en juillet, vont améliorer le climat des affaires. Sauf que c’était sans compter la circulation du variant Delta : à partir de début septembre, place au deuxième confinement de l’année, le troisième en dix-huit mois.

Pour l’heure, ses impacts économiques et sociaux n’ont pas encore été quantifiés par l’Isee, l’Institut de la statistique et des études économiques. Des voix se font toutefois entendre. L’activité du BTP est au plus bas, avec un tiers d’entreprise en faillite, souligne, en novembre, l’alliance des entrepreneurs et salariés de la filière construction. Ils souhaitent plus de commandes publiques.

Climat des affaires plombé

Ce reconfinement, l’incertitude liée au troisième référendum et les contraintes provoquées par la hausse des prix des matières premières et du fret plombent le climat des affaires. La circulation du coronavirus a entraîné une augmentation de 13% des achats extérieurs, au troisième trimestre.

Ces importations concernent les carburants, l’acier, les vaccins et les masques. Mais aussi les produits alimentaires. Heureusement, les exportations - de nickel et des produits de la mer - ont, elles aussi augmenté. Comme l’indique le Cerom, "plus la crise perdure dans le temps, plus les dépenses liées à sa gestion sont importantes et les recettes fiscales, incertaines."
 

Comment payer ?

Coût estimé : entre quarante et 48 milliards. Reste la délicate équation des finances publiques. Comment  payer ces dépenses extraordinaires ? Pour 2021, L’Etat a concédé un deuxième prêt à la Nouvelle-Calédonie, pour un montant de 25 milliards de francs maximum. Tout ceci vient accroître le taux d’endettement du pays, fixé à 144%. Conclusion : l’équilibre budgétaire des années à venir sera particulièrement délicat, dès 2022. L’absence de marge de manœuvre devrait se traduire par des coupes budgétaires et des réformes fiscales. De réformes fiscales, il en est justement question le 29 décembre, lorsque le gouvernement Mapou dévoile ses projets pour les prochaines années.

La rétro économie 2021 en radio, par Nadine Goapana

Zoom sur le nickel

Entre les évènements autour de l'usine de Goro, la crise sanitaire et les intempéries, l'année 2021 n'a pas répondu aux attentes du monde de la mine malgré des cours au plus haut niveau. Et cette fin d'année contraste étrangement avec un mois de janvier houleux. 

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