La victoire du Tavini en Polynésie vue de Calédonie

Après les territoriales en Polynésie, réactions en Calédonie.
La liste conduite par l’indépendantiste Oscar Temaru a remporté dimanche le second tour des élections territoriales en Polynésie, avec un peu plus de 44% des voix. Le Tavini vont diriger le pays ces cinq prochaines années. Un résultat commenté aussi en Nouvelle-Calédonie.

Mis à jour avec réaction de Louis Mapou

La nouvelle est tombé au soir du 1er mai, heure de Nouméa. Menés par Oscar Temaru, les indépendantistes du Tavini huiraatira ont remporté le second tour des élections territoriales en Polynésie. Avec un peu plus de 44 % des voix, ils ont obtenu une majorité absolue : 38 des 57 sièges de l'assemblée territoriale. De quoi gouverner le pays durant cinq ans, à travers l'élection annoncée, le 12 mai, à la présidence, de Moetai Brotherson.

La liste autonomiste du président sortant, Edouard Fritch, n’a récolté que 38,5% des suffrages et seize places. Le Tapura s'avère le grand perdant du scrutin

Paroles de la diaspora

Une soirée électorale suivie à distance, et pourtant de près, par les Polynésiens du Caillou. “Ils ont besoin de retrouver du travail. Et ce n’est pas parce que le Tavini a gagné que la Polynésie va plonger dans l’indépendance”, commente Gilles Varney. "On a toujours besoin de la France. Peut-être que, plus tard, le peuple polynésien voudra choisir son devenir. Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité.”

Manuia Tchong-Tai est pour sa part revenue de Papeete, il y a un mois. “J’ai vu que notre population est dans la misère, dit-elle. Je voudrais qu’on s’intéresse un peu plus à toutes ces petites familles qui habitent Tahiti. Surtout que nous avons beaucoup d’aides de la France. Et je voudrais simplement qu l’argent qu l’Etat nous donne soit utilisé au mieux pour tous les habitants de la Polynésie française.” Des milliers de Polynésiens vivent en Calédonie. Ils ont conservé leurs traditions tout en s’intégrant à la société. Ils restent cependant attachés au destin de leur fenua. 

Un reportage de Laurence Pourtau et Claude Lindor :

"Crédibilité" et "jeunesse" pour l'UC

Ce succès des indépendantistes polynésiens fait réagir les élus calédoniens, comme ailleurs. L'UC l'a saluée "chaleureusement" par communiqué ce mardi soir. Signé de son président Daniel Goa, il évoque une victoire, "historique", "de la persévérance", "de la rigueur" et "de la discipline".

"On se rend compte que le discours du Tavini, pendant cette campagne électorale, était marqué par la crédibilité par rapport à la prise en compte des réalités économiques et sociales de la Polynésie française, estime encore Gilbert Tyuienon, premier vice-président du mouvement. Ça marque beaucoup. En second lieu, relever que c'est aussi peut-être le discours de la jeunesse du Tavini qui a redonné confiance".

Louis Mapou voit "une nouvelle donne"

Depuis Paris où il multiplie les échanges, Louis Mapou s'est lui aussi attardé sur le sujet. "Beaucoup de territoires et pays d’Outre-mer regardent la Nouvelle-Calédonie, qui a un statut particulier, au sein de la République", a déclaré le chef de l'exécutif au micro de Jean-Michel Mazerolle, François Brauge et Raël Moine. "L’arrivée, à la tête de la Polynésie, du mouvement indépendantiste constitue une nouvelle donne pour la France dans la stratégie indo-Pacifique, puisqu’elle a affaire à deux gouvernements d’obédience indépendantiste. La vision que le gouvernement central a sur le Pacifique devra tenir compte, désormais, de cet élément nouveau."

"Renouvellement" et "alliances" pour les Loyalistes

Au sein du groupe Les Loyalistes, Gil Brial retient "le renouvellement, qui a fonctionné. Les alliances, elles se préparent tôt. Et on voit que l'union, quand elle n'est pas mise en place, elle coûte cher. C'est une leçon à prendre pour la Calédonie. Le Tavini a fait une campagne en dédramatisant l'indépendance."  

Des réactions recueillies par Laurence Pourtau et Claude Lindor.