Législatives 2022 : qui appelle à voter quoi au second tour ?

Le dimanche 12 juin 2022, derniers votants à l'hôtel de ville de Dumbéa, jour du 1er tour des élections législatives
Deux duels en vue pour le second tour des législatives en Nouvelle-Calédonie, entre un candidat loyaliste et un(e) candidat(e) indépendantiste. Et une fin de campagne marquée par une succession de prises de positions. Tour d'horizon des consignes de vote.

Cinq jours de campagne officielle pour l’entre-deux-tours, et des interventions publiques qui se sont multipliées à l’approche de l’entrée en période de réserve, dans la nuit de vendredi à samedi. Essayons de récapituler les prises de position.
 

Pour un candidat indépendantiste 

  • Le bureau de l'USTKE lance "un appel fort à l'ensemble de ses adhérents, militants et sympathisants ainsi que la population à accomplir leur devoir citoyen" et en votant pour les quatre candidats de la mouvance indépendantiste. "L'enjeu de ces élections législatives est de pouvoir disposer d'une représentation indépendantiste au sein de l'Assemblée nationale pour continuer à défendre le projet d'accession de Kanaky Nouvelle-Calédonie à sa pleine souveraineté avec l'ensemble des communautés", rappelle le syndicat. "A noter que beaucoup de procurations ont été faites, nous demandons donc aux mandataires de ne pas oublier d'aller aux urnes ce dimanche."
  • D’importantes figures politiques de la mouvance indépendantiste ont décidé de s’engager dans la campagne, en parlant d’une voix unique. Le communiqué envoyé ce jeudi est co-signé par : Roch Wamytan, président du Congrès ; Louis Mapou, président du gouvernement ; Jean-Pierre Djaïwé, président du groupe Uni au Congrès ; Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS et nationalistes au Congrès ; ainsi que Gilbert Tyuienon, Yannick Slamet, Adolphe Digoué et Mickaël Forrest, membres du gouvernement.
    Le message : "Nous, responsables indépendantistes engagés au plus haut niveau des institutions de notre pays, appelons la population calédonienne à aller voter massivement (…) en faveur de Wali Wahetra, Fidel Malalua, Gérard Reignier et Marie-Pierre Goyetche. Nous devons construire ensemble l’accès du pays à sa pleine souveraineté. Nous avons besoin de nouveaux porte-paroles et relais politiques auprès de l’Etat et du parlement national."

  • Le comité Rhéébù Nùù s'est exprimé mercredi. Il "appelle les populations kanak et les citoyens du pays à participer activement à ce scrutin pour que la parole du peuple kanak soit représentée à l’Assemblée nationale". A voter "pour éviter tout retour en arrière (…) de façon à permettre au processus de décolonisation d’aller à son terme, à savoir la souveraineté de Kanaky-NC."

  • Ce jeudi, le conseil de l’aire Ajië-Arhö (région de Poya, Bourail, Moindou et Houaïlou) "appelle les populations dans nos tribus, nos villages, dans tout le pays, en particulier ajië-arhö, à voter massivement (…) pour les nouveaux députés qui vont porter, devant le peuple français, la parole des autochtones, défenseurs de la coutume et de l’identité kanak, et des citoyens qui souhaitent, dans la continuité de l’esprit de l’Accord de Nouméa, l’émancipation du pays". 

  • Muneiko Haocas, présidente du MNIS et candidate au premier tour dans la seconde circonscription (1 362 voix), soutient les candidats FLNKS et nationalistes.

  • Même chose pour les Insoumis, dans le cadre de la Nupes, qui attaquant leurs adversaires : "Avec les pires propositions des différents plans de Macron 2, ils nous préparent un avenir dans le chaos. La seule décision de revenir sur le gel du corps électoral, de remettre une cause la validité de l'Accord de Nouméa, ne nous conduit pas vers un avenir harmonieux respectueux du peuple et de la nature", dit le communiqué, qui pointe "la gravité que représenterait cette majorité présidentielle ici pour la construction de notre pays et ailleurs".


 

Pour un candidat loyaliste

  • Dimanche soir, Thierry Santa, président du Rassemblement-LR, appelait "à soutenir les candidats loyalistes qui restent en lice". Il renchérit ce jeudi, en citant Nicolas Metzdorf. Avec cet argument : "le respect des principes démocratiques à l’échelle du territoire, qui a vu la population calédonienne refuser par trois fois l’indépendance, doit se matérialiser par l’élection de députés non indépendantistes à l’Assemblée nationale." Et un "rappel" : "dans les jours suivant la conclusion de ce scrutin, des discussions communes sur l’avenir institutionnel avec l’ensemble des autres partis non indépendantistes doivent se tenir avant les négociations avec les indépendantistes et l’Etat." Il a reçu au premier tour 8 758 voix.

  • Autre candidate LR, la vice-présidente du Rassemblement Virginie Ruffenach a dit dès dimanche soir qu'elle "ferait le choix de Philippe Dunoyer". Elle a obtenu 4 102 suffrages. 

  • Au foyer wallisien et futunien, à Magenta, conférence de presse ce jeudi réunissant des personnalités issues de la communauté : Alesio Saliga, conseiller Avenir en confiance à l'assemblée provinciale Sud et membre Loyalistes du Congrès, ou Magali Manuahalalo, élue Calédonie ensemble qui siège à la province Sud et boulevard Vauban. Entourés de représentants coutumiers, ils ont appelé à soutenir les candidats majorité présidentielle.

  • Prise de parole de Sébastien Lecornu : "On a besoin d'un alignement de planète important entre Paris et Nouméa, le président de la République a besoin d'avoir une majorité", dit l'ex-ministre des Outre-mer, actuel ministre des Armées. "Je vous demande de faire confiance à Philippe Dunoyer" et "à Nicolas Metzdorf", lance-t-il dans deux messages vidéos partagés ce jeudi par les intéressés. 

  • L'association Un cœur une voix, pour le dégel du corps électoral, a dit aussi son soutien à Nicolas Metzdorf et Philippe Dunoyer, présentés comme "les candidats de la paix".

  • Et puis les représentants de l'union loyaliste se font entendre. Exemple avec Sonia Backès. "Ces élections législatives font porter deux risques à la Calédonie", postait mardi la présidente des Républicains calédoniens. "Celui de Jean-Luc Mélenchon Premier ministre / celui d’avoir un député indépendantiste." Vue l'affiche du second tour et le parrainage d'indépendantistes au dirigeant des Insoumis pour la présidentielle, "il y a, estime-t-elle, "un risque réel si les indépendantistes se mobilisent et que les loyalistes ne vont pas voter. (…) Donc que vous aimiez ou pas le candidat loyaliste, il faut aller voter dimanche !"

 

Pour aucun 

Côté Rassemblement national, pas d’entente avec les candidats de la majorité présidentielle. Jeudi, après plusieurs jours de suspense, Guy-Olivier Cuénot et Alain Descombels ont appelé à l’abstention. Ils ont recueilli au premier tour 1941 et 1 600 voix. A lire ici.

Pas de consigne

  • Lundi, un autre candidat malheureux du premier tour, Pascal Lafleur, a fait savoir qu'il ne donnera pas de consigne de vote. Pour celui a obtenu 2171 voix dans la première circonscription, aucun chance que l'indépendantiste Wali Wahetra n passe, donc aucune raison d'appeler à voter Philippe Dunoyer sachant que le fils de Jacques Lafleur s'est présenté  parce qu’il ne "se reconnaissait pas dans l’alliance loyaliste".

  • Candidats malheureux du premier tour, Joël Kasarhérou (1461 voix) et Michèle Homboé (1014) sont revenus mercredi sur l'élection. Avec cette annonce : "Fidèles au respect que nous portons à chacun des citoyens de ce pays et soucieux de 'Construire autrement' le pays, nous ne donnons aucune consigne de vote pour le deuxième tour et respectons le libre arbitre de chacun."

  • Il y a aussi des silences qui résonnent : pas de consigne officielle donnée par l'Eveil océanien. Même si son président a eu l'occasion de livrer son sentiment personnel sur la question, fin mai, lors du congrès tenu par le parti. "Je pense que l'on doit avoir un député indépendantiste et un député non-indépendantiste, a dit alors Milakulo Tukumuli, parce que nous avons été conçus comme ça."

Entre les lignes 

Le Sénat coutumier, qui s’est exprimé mardi et compte des sénateurs de différentes couleurs politiques, n’appelle pas à choisir expressément pour un candidat ou un autre. Cela dit, l'institution invite "le peuple kanak à voter  (…) de façon à ce que la parole de tous les autochtones et citoyens de notre pays soit équitablement portée à l’Assemblée nationale". En indiquant au passage que la période deuil kanak est révolue.

Voter avant tout

Après l'abstention massive du premier tour (67 %), Daniel Goa a lancé mercredi un coup de gueule et un appel à la mobilisation de tous les électeurs, indépendantistes mais pas seulement : pour le président de l’Union calédonienne, interrogé par NC la 1ère, ne pas voter, c’est ne pas respecter la démocratie.