Lifou : l’agence d’Aircal incendiée à Wé, des salariés ont débrayé

Au petit matin, ce jeudi, les pompiers étaient encore en intervention à Wé, où l'agence d'Aircal a pris feu.
Les pompiers de Lifou ont été appelés aux alentours de 2 heures du matin, ce jeudi, pour éteindre le feu qui a ravagé l'agence de la compagnie aérienne Air Calédonie. Un incendie survenu dans un climat très tendu, qui a entraîné un débrayage à Nouméa.

Des tôles calcinées et des murs noircis par les flammes. Spectacle de désolation ce jeudi matin, dans le centre de Lifou, à Wé. L’agence de la compagnie Aircal a été fortement endommagée par un incendie, survenu dans la nuit du 4 au 5 octobre.

Le reportage de Nicolas Esturgie

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L’alerte donnée par les voisins

C’est un voisin qui a donné l’alerte au beau milieu de la nuit. "Je suis sorti de la maison, j’ai vu de la fumée et des flammes. On a tout de suite appelé les pompiers." Des soldats du feu ont été dépêchés sur place, à bord de deux camions, avec pour objectif d’éviter que le bâtiment ne soit totalement détruit. Au cours de la nuit, le feu s’est propagé dans la salle, au niveau de la billetterie. Le risque, au petit matin, était de voir le toit s’affaisser. 

L'agence Aircal de Wé en feu et au matin, le 5 octobre 2023.


Climat de tension sur l'île

Une enquête de la gendarmerie a été ouverte pour déterminer les causes du sinistre, pour lequel la piste criminelle est privilégiée. Il intervient dans un contexte très tendu à Lifou. Depuis une dizaine de jours, l’aéroport de Wanaham est bloqué par un collectif d’usagers, qui réclame plusieurs changements dans la politique de la compagnie aérienne. Le mouvement est toujours en cours, également, à l'aérodrome de Moué, à l'Ile des Pins. En revanche, il a été suspendu à La Roche, sur l'île de Maré, où les rotations de la compagnie devaient reprendre.

Débrayage à Nouméa

Ce jeudi 5 octobre au matin, une partie des 320 salariés ont débrayé pendant une cinquantaine de minutes à Nouméa, à l'aérodrome de Magenta. Pour dire leur inquiétude et leur solidarité avec les employées de Wé, mais aussi alerter sur la situation de crise que traverse Air Calédonie depuis plusieurs jours. Robert Kono est délégué du personnel SPAC-CGC, il s’est fait le porte-parole de ses collègues au micro de Julie Straboni.

On a appris ce matin ce qu’il s’est passé. On se met là pour manifester notre soutien à nos collègues, à nos mamans qui tiennent cette agence. Depuis 2 heures ce matin, elles regardent l’agence brûler. Elles étaient attristées, déçues. On comprend que c’est difficile, que la vie est chère. Mais arriver à ce point-là, on ne pensait pas et c’est décourageant. 

Robert Kono, délégué du personnel SPAC-CGC


Des salariés qui en ont même appelé au Sénat coutumier. A l'entrée de la Vallée-du-tir, où se trouve le siège d'Air Calédonie, les grilles de l'agence commerciale sont par ailleurs restées baissées jeudi matin. A Lifou, une cellule psychologique a été annoncée pour accompagner les salariées de Wé.

Le point débrayage avec Bernard Lassauce, Claude Lindor et William Kromwel

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L'appel de l'USTKE

Dans un communiqué, en fin de journée, réaction de la fédération USTKE THT (transport, hôtellerie et tourisme), qui se veut "ferme concernant le maintien de l’emploi et de l’outil de travail pour ses adhérents salariés de la compagnie Air Calédonie”. Elle “apporte son soutien moral et solidaire à tous les salariés qui risquent le chômage technique si le conflit dure dans le temps”. “En appelle à la responsabilité de toutes les parties prenantes afin de trouver des solutions viables et pérennes pour tous". En ajoutant : "Nous nous engagerons dans une démarche auprès du gouvernement afin qu’il nous donne des éléments propices et transparents sur une conjoncture d’exploitation favorable à la mise en place des différentes revendications. Mais pour l’heure, nous devons être unis et solidaires à cet outil du pays qui permet de se déplacer vers nos îles.”