Olivier Pérès sortira-t-il du Camp-Est la semaine prochaine ?
L'ancien chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique du Médipôle, qui est de retour en détention depuis deux mois, a comparu, ce mercredi 21 juin, pour défendre sa demande de mise en liberté devant la chambre de l'instruction.
C'est sa deuxième apparition au palais de justice depuis sa condamnation le 14 avril dernier par la cour d'assises d'appel de Nouméa à quinze années de réclusion criminelle pour le meurtre d'Éric Martinez sur le golf de Tina en septembre 2018.
Amaigri, les traits creusés et le dos courbé, Olivier Pérès a évoqué ses problèmes de santé pour justifier cette libération. "J'ai besoin d'un protocole médical strict et d'un traitement lourd. Cette vie de grabataire est en train de m'achever. La seule chance de m'en sortir est, comme en octobre dernier, un stage de rééducation au CSRR [centre de soins de suite et de réadaptation, NDLR] avec des médecins spécialistes", a-t-il déclaré.
"Pronostic vital engagé à moyen terme"
À la mi-mai, la chambre de l'instruction avait ordonné une expertise médicale avant de se prononcer sur cette requête. Dans son rapport, le médecin généraliste a ainsi évoqué un état de santé dégradé, relevant qu'Olivier Pérès souffrait de "problèmes de digestion", d'une "perte musculaire" et de "dénutrition".
"Si les contraintes actuelles restent en l'état et vu la dégradation rapide de l'état de santé de M. Pérès en un mois, il faut conclure que la dénutrition va s'aggraver et que son pronostic vital est engagé à moyen terme", pose l'expert, concluant que l'état de santé est incompatible avec son maintien en détention.
Des conclusions sur lesquelles s'est appuyée l'avocate Me Cécile Moresco pour qui son client est en train de "dépérir même s'il est toujours combatif. Son état de santé est alarmant".
"Cette libération s'impose et peu importe les conditions, avec ou sans bracelet électronique, là n'est pas le débat. La seule chose qui m'importe, c'est qu'il puisse bénéficier d'un cadre médical de renutrition et de rééducation qui n'existe pas au Camp-Est, ni même au centre de détention de Koné".
Fuir, ce n'est pas compliqué. Vous allez à Port-Moselle, vous prenez un skipper et vous allez où vous voulez.
Le président de la chambre de l'instruction, Philippe Dorcet
Le conseil a également évoqué le caractère "d'urgence" à "le laisser se soigner" sans quoi, "Olivier Pérès va directement vers le cimetière. Je rappelle qu'il a perdu 5% de son poids en à peine un mois".
Le président de chambre Philippe Dorcet est, une nouvelle fois, revenu sur les risques de fuite de l'ancien médecin qui est toujours considéré comme présumé innocent en attendant le résultat de son pourvoi en cassation. "Fuir, ce n'est pas compliqué. Vous allez à Port-Moselle, vous prenez un skipper et vous allez où vous voulez", a fait remarquer le magistrat.
Une hypothèse fermement balayée par Olivier Pérès. "Je jure devant Dieu que je ne fuirai pas. Je veux défendre ma probité, pas mon innocence. Je ne suis pas loin de la fin de ma vie mais j'en suis indifférent parce que je suis croyant. Mais je veux aller au bout de cette affaire car tout n'est pas perdu. Aujourd'hui, on ne parle plus d'assassinat mais de meurtre. Je veux aller encore plus loin".
"Il veut être remis en liberté pour son confort"
Cette demande de mise en liberté, l'avocat de la partie civile s'y est clairement opposé "car des options ont été proposées à Olivier Pérès : l'hospitalisation d'office ou même un transfert au centre de détention de Koné. Il a tout refusé".
À entendre Me Martin Calmet, le septuagénaire "veut être remis en liberté pour son confort. Il n'accepte pas la décision de justice, il ne veut pas exécuter sa peine. Sur le plan de la santé, ce n'est absolument pas la même situation qu'en octobre dernier lorsqu'il avait déjà été remis en liberté".
À l’appui des conclusions de l'expertise médicale, l'avocat général Christian Pasta, qui avait requis au procès de première instance, a annoncé "s'en rapporter" à la décision de la chambre de l'instruction, ajoutant qu'il n'était pas "opposé à la mise en liberté, ni même au bracelet électronique".
Par deux fois, la justice l'a considéré comme coupable.
L'avocat général Christian Pasta
Le représentant de la société a surtout rappelé à Olivier Pérès qu'il était "un justiciable comme les autres. Par deux fois, la justice de ce pays l'a considéré comme coupable. Il doit se plier aux règles de la procédure pénale. Former un pourvoi en cassation ne suspend pas la détention provisoire".
Après avoir entendu l'ensemble des parties, la chambre de l'instruction a mis sa décision en délibéré. Olivier Pérès sera informé mercredi prochain s'il est remis en liberté ou non et dans quelles conditions.