Roch Wamytan, élu UC-FLNKS et grand chef de Saint-Louis, au Mont-Dore : "Est-ce qu'il faut à chaque fois tuer nos jeunes ?"

Roch Wamytan invité du JT le 22 septembre ©NC la 1ère
L'invité politique du dimanche au journal télévisé de Nouvelle-Calédonie la 1ère était Roch Wamytan. L'ex-président du Congrès, élu UC-FLNKS, autorité coumière de Saint-Louis, a longuement réagi à la mort de deux hommes de la tribu entre mercredi soir et jeudi matin, suite à des affrontements avec les forces de l'ordre, quatre mois et demi après le début de la crise.

Saint-Louis, "1 500 personnes à l'intérieur et 700 dehors", représente un enjeu de la crise actuelle. RP1 fermée depuis plus de quatre mois faute de sécurité, émeutiers armés, interventions de la gendarmerie, réunions de négociation… Roch Wamytan, qui en est une autorité coutumière, s'est exprimé sur ce sujet, sensible à tous points de vue, dans un entretien radio puis web diffusé le 18 septembre par NC la 1ère. Mais le lendemain, la tribu déplorait deux morts de plus, tués par balle dans le cadre d'affrontements avec les forces de l'ordre. 

Le résumé de Stéphanie Chenais :

©nouvellecaledonie

"Colère extrême et exaspération"

Sur treize victimes d'arme à feu recensées depuis le début des troubles insurrectionnels, trois étaient des habitants de Saint-Louis. Après cette tournure encore plus dramatique des événements, l'élu de l'intergroupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès dénonce ce qu'il appelle "une solution inacceptable". Il l'a dit dimanche 22 septembre au journal télévisé, dont il était l'invité politique : "Le sentiment des gens de Saint-Louis depuis la mort de Victorin Banane Wamytan", abattu par le GIGN le 10 juillet, "et la mort des deux jeunes, c'est un sentiment de colère extrême et d'exaspération". 

"Ils ont tiré sur les forces de l'ordre, mais…"

Des morts décrites par les autorités comme des ripostes, après des coups de feu en direction des gendarmes. "Ils ont tiré sur les forces de l'ordre, c'est vrai, répond Roch Wamytan. Des représailles, ok. Mais est-ce qu'il faut à chaque fois tuer nos jeunes ? C'est pas possible, ça. J'en ai parlé aux autorités : 'Vous ne pouvez pas trouver une autre formule?'"

C'est comme si tous ces jeunes, parce qu'ils ont fait du car-jacking (c'est vrai que c'est répréhensible), parce qu'ils ont fait des incivilités sur cette route, sont condamnés à mort.

Roch Wamytan

"Il nous faut du temps"

L'issue est que "ces jeunes se rendent". Roch Wamytan de lancer : "Il n'y a plus d'autre solution. Puisque l'option retenue par l'Etat, c'est de tuer quand il y a des tirs, on ne va quand même pas sacrifier toute une génération pour sécuriser une route. Alors il faut discuter, il faut négocier." Il insiste : "C'est peut-être un peu brutal à dire, mais il nous faut du temps." 

Combien de temps, alors qu'environ quatorze mille personnes sont directement affectées par la coupure de RP1 ? "Sur la semaine qui vient, nous allons nous consacrer aux funérailles des deux garçons et après, il va falloir qu'on continue la discussion, avec les autorités administratives et politiques, pour trouver une solution. Pour qu'arrivé à un moment donné, le calme se fasse. Et la sécurité va revenir."

Sans coutumiers, "le bazar le plus total"

Il écarte l'idée qu'il y ait échec des coutumiers. "S'il n'y avait pas des autorités coutumières, franchement, ce serait le bazar le plus total, à Saint-Louis. Nous faisons le maximum", estime cette personnalité de l'Union calédonienne. "D'autant plus que je suis libre, disponible, pour le faire, parce que je n'ai pas été reconduit comme président du Congrès. Je bénéficie de cet avantage maintenant, pour m'occuper de ma tribu."  

"Il y a encore un front indépendantiste"

Quant à l'après congrès du FLNKS à Koumac, sans le Palika ni l'UPM : "Pour le moment, il y a encore un front indépendantiste", rétorque celui qui en a été le président jusqu'à fin 2001. "Je plaide en tout cas pour que tout le monde soit ensemble. Pour discuter de l'avenir politique du pays, je pense que nous ne pourrons pas faire autrement que de se réunir [par] famille politique. Famille politique indépendantiste et famille politique nos indépendantiste."