VIDEO. Malgré les divisions, “ce 43e congrès est celui de la réconciliation entre le peuple kanak, océanien, et le FLNKS”, estime Laurie Humuni du RDO

Laurie Humuni, secrétaire générale du RDO, sur le plateau de NC la 1ère. ©nouvellecaledonie
Sans président depuis 2001, le FLNKS vient de marquer un tournant en nommant à sa tête le leader de la CCAT Christian Tein, incarcéré dans l’Hexagone. Un choix “symbolique”, explique Laurie Humini, secrétaire générale du Rassemblement démocratique océanien, pour se rapprocher d’une base électorale de plus en plus critique face aux vieux partis indépendantistes. Mais une décision qui pourrait aussi accentuer les divisions avec le Palika et l'Union progressiste en Mélanésie.

C'était une décision très attendue par les uns, redoutée par les autres. Samedi en toute fin de soirée, le 43e congrès du Front de libération nationaliste kanak et socialiste s'est achevé par la désignation du leader de la CCAT Christian Tein à sa présidence.

Organisé dans la tribu de Pagou, à Koumac, un peu plus de trois mois après le début des émeutes, ce congrès extraordinaire marque une rupture de la gouvernance du mouvement indépendantiste. Un mouvement fragilisé par l'absence de deux de ses quatre composantes, le Palika et l'UPM.


Une nomination polémique

C'est Laurie Humuni, secrétaire générale du Rassemblement démocratique océanien (RDO), en charge de l'animation du bureau politique du FLNKS, qui est venue défendre les motions adoptées lors de ce congrès inhabituel, au JT de Thérèse Waïa. La nomination de Christian Tein à la tête du FLNKS, alors qu'il est en détention provisoire à Mulhouse, dans l'est de l'Hexagone, est avant tout "symbolique" estime Laurie Humuni.

Pour l'Union calédonienne et le RDO, seuls groupes politiques historiques présents à ce congrès, cette désignation est synonyme "de réconciliation entre le peuple kanak, océanien, et le FLNKS", "et surtout avec la jeunesse". Une base électorale qui se montre de plus en plus critique, ces dernières années, envers les élites du camp indépendantiste.

Une décision symbolique aussi sur le fait que cette présidence accordée à Christian Tein, alors qu'il est en détention provisoire à 16 000 km de Nouméa, renforce l'image de "prisonnier politique", qu'une partie du FLNKS défend depuis le début de cette insurrection du 13 mai.


Lever les verrous de Saint-Louis

En répondant ainsi aux attentes de leur base, l'UC et le RDO espèrent "desserrer l'étau" sur les barrages et permettre un retour "à une libre circulation". Cette décision aurait été actée par les CCAT relais, selon Laurie Humini, qui assure qu'"il devrait y avoir la levée de cette pression, dans les prochains jours".

Reste tout de même une grosse inconnue, reconnaît la secrétaire générale du RDO : la situation à la tribu de Saint-Louis. Les groupes politiques présents au congrès -le RDO et l'UC- comptent s’y rendre "pour discuter avec les militants sur place".

Mais avant cela, les deux composantes du front veulent demander à l’Etat "de lever les verrous sur Saint-Louis pour discuter, lever la pression, et permettre à la population de circuler librement."

Malgré ses divisions, le FLNKS a toujours su se retrouver pour trouver un consensus.

Laurie Humuni


Éviter l'implosion du FLNKS

Interrogée sur les critiques formulées par le Palika et l'UPM après la désignation de son nouveau président, et le risque d'implosion du Front, Laurie Humuni se veut confiante. "La richesse du FLNKS, c’est que malgré ses divisions, ses opinions divergentes, [le front] a toujours su se retrouver pour trouver un consensus et avancer ensemble vers notre objectif, qui est l’indépendance de notre pays."

L'UC et le RDO comptent sur les bureaux politiques du FLNKS, qui se tiennent tous les mardis, pour convaincre les deux autres fondateurs historiques que sont l'UPM et le Palika. Et sur la désignation d'un vice-président, "qui assurera de facto l’intérim de la présidence", Christian Tein étant sous les verrous.


Le FLNKS reste "un interlocuteur légitime"

Laurie Humuni répond aussi aux attaques d'une partie du camp non-indépendantiste, pour qui la nomination de Christian Téin ne permet plus de considérer le FLNKS comme un interlocuteur des discussions sur l'avenir institutionnel et la reconstruction. Pour Laurie Humuni, le front, au contraire, est plus que jamais "légitime", ce 43e congrès ayant permis cette "réconciliation" du FLNKS et de sa base. 

"Ce serait plutôt un déni de démocratie que de renier le peuple kanak et le peuple océanien qui aujourd’hui ont décidé de s’unir", estime-t-elle. Une union symbolisée par la présence, désormais, d'"une dizaine de groupes de pression", et non plus quatre, au sein du FLNKS, précise Laurie Humuni. 

La jeunesse qui s’est exprimée a envoyé un cri de souffrance, car elle a touours été laissée au bord de la route.

Laurie Humuni


Révolte "politique et sociale"

Quant aux discussions sur l'avenir institutionnel, elles doivent se tenir uniquement avec l'Etat, selon le RDO et l'UC. "Peut-être que les non-indépendantistes pourront rejoindre les discussions plus tard", nuance Laurie Humuni qui estime qu'"au vu des législatives, les indépendantistes sont majoritaires sur le territoire". 

Laurie Humuni veut croire aussi à une "réconciliation avec le peuple calédonien", qui pourrait intervenir "dans les prochains jours". "L’apaisement viendra du retour à la libre circulation", anticipe l'élue municipale de Nouméa. Mais pas seulement. Il faut, rappelle-t-elle, "s'intéresser aux urgences sociales".

Pour la secrétaire générale du RDO, les événements du 13 mai ne sont pas des émeutes mais une "révolte politique" doublée d'"une révolte sociale". "La jeunesse qui s’est exprimée a envoyé un cri de souffrance, car elle a toujours été laissée au bord de la route."

Retour également sur les motions du congrès avec Thérèse Waïa et Franck Vergès :

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