L'agenda politique calédonien est très chargé en cette fin d'année. L'occasion pour Sonia Backès, cheffe de file des Loyalistes, de livrer son regard sur les actualités récentes, qu'il s'agisse des élections sénatoriales, de l'absence de l'UC à la table des discussions en cours, ou encore du nickel.
Sénatoriales : "porter une voix forte pour la Nouvelle-Calédonie"
Sonia Backès, qui ne s'était pas exprimée, en longueur, sur Nouvelle-Calédonie La 1ère depuis les élections sénatoriales, est revenue sur le résultat de ce scrutin. "Quand on se présente à une élection et qu’on la perd, ce n'est jamais très agréable. C’est la vie politique et on apprend de ses défaites, comme de ses victoires. Quand j’ai décidé de me présenter, avec le président de la République, c’était pour porter une voix forte pour la Nouvelle-Calédonie française, pour le dégel du corps électoral, dans le cadre d’une union avec les Républicains."
Des élections sénatoriales finalement remportées par Georges Naturel et Robert Xowie. "On a maintenant un indépendantiste au Sénat, avec un groupe qui s’appelle Kanaky, parce qu’il y a eu un accord entre Georges Naturel, Calédonie ensemble et les indépendantistes, qui avaient un intérêt à faire ça."
"Il était difficile de prévoir ça"
Interrogée sur sa responsabilité dans cette défaite aux sénatoriales, Sonia Bakès défend que tous les grands électeurs loyalistes, à part ceux de Calédonie ensemble et de Georges Naturel, ont voté pour leur candidature. "J’ai fait le choix de me présenter au nom des Loyalistes, au nom d’une union. Il y a eu en face un accord avec les indépendantistes, il était difficile de lutter. Ce serait à refaire, peut-être qu’il aurait fallu mettre quelqu’un dont Calédonie ensemble ne voulait pas la tête. Ça nous aurait peut-être permis de gagner, mais il était difficile de prévoir ça."
Des liens utiles pour la Calédonie créés à Paris
Après sa défaite aux sénatoriales, Sonia Backès a démissionné de son poste de secrétaire d'Etat. Quinze mois à Paris pour, selon elle, porter la voix de la Nouvelle-Calédonie au sein du gouvernement. "Ça m'a permis de créer des liens forts d’amitié avec ceux que je connaissais déjà et des liens avec les parlementaires. Ça sera utile à la Nouvelle-Calédonie pour les mois qui viennent."
La perspective des élections provinciales
Quant à savoir si elle se sent toujours légitime comme cheffe de file des Loyalistes après ce résultat, Sonia Backes confirme. "Je suis aujourd’hui présidente de la province Sud. J’ai porté un certain nombre de combats, de dossiers pour l’intérêt des Calédoniens. Une élection sénatoriale, c’est une élection avec des grands électeurs."
Ce sont les électeurs au sens large qui décident et pas uniquement les grands électeurs.
Sonia Backès
En revanche, à ce stade, elle ne se positionne pas encore pour les élections provinciales à venir. "C’est très loin. Les élections provinciales auront sans doute lieu en fin d’année 2024. D’ici là, on a des choses importantes à faire en matière de réforme de la constitution ou de pouvoir d’achat pour les Calédoniens."
Une réforme constitutionnelle votée en mars 2024
Le document martyr est au cœur des discussions institutionnelles ces dernières semaines. Des discussions sont en cours sous l'égide du préfet Rémi Bastille entre les non-indépendantistes, le Palika et l'UPM, pour affiner les propositions de chacun. "On est quand même arrivés au bout du processus. Les choses sont claires. Le président a réaffirmé le calendrier, [...] parce qu’on doit passer par une réforme constitutionnelle pour dégeler le corps électoral." Une réforme constitutionnelle qui devrait être votée au mois de mars 2024.
Les conditions de l'UC
Réunie en congrès à l'île des Pins ce week-end, l'Union calédonienne, par la voix de son président réélu, Daniel Goa, pose des conditions à sa participation aux discussions avec le ministre Gérald Darmanin. "L’UC a contribué au mal-être des Calédoniens, estime Sonia Backès. Depuis le troisième référendum, l’UC est entrée, puis sortie, a discuté, puis plus discuté. C’est infernal. Aujourd’hui, on a des discussions extrêmement constructives avec le Palika, avec l’UPM, avec l’Uni. [...] On avance."
Reste maintenant à savoir si un accord sera trouvé. "Si [Daniel Goa] veut le droit à l’autodétermination, il faut une réforme constitutionnelle pour le mettre en œuvre. Donc, s’il ne vient pas autour de la table, il n’y aura pas de droit à l’autodétermination. Ses militants les plus durs doivent comprendre ça. Concrètement, il n’y aura plus de nouveau référendum, s’il ne se met pas autour de la table."
"La lumière au bout du tunnel"
Pour Sonia Backès, l'UC s'exclut seule. "Notre conviction, c’est qu’il faut construire avec ceux qui veulent construire ensemble. Ça fait deux ans que l’UC refuse de parler aux Loyalistes. Nous avons la chance de travailler et de continuer à travailler la semaine prochaine, puis la semaine d’après avec le ministre. Ceux qui voudront bien discuter, feront partie de ceux qui rédigeront cette réforme constitutionnelle."
Le calendrier est extrêmement contraint et c'est ça qui doit donner de l’espoir aux Calédoniens. La lumière est au bout du tunnel.
Sonia Backès
"La SLN sera sauvée"
L'avenir institutionnel occupe une large place de l'actualité calédonienne, mais il y a beaucoup d'autres dossiers urgents, parmi lesquels le nickel. "La SLN sera sauvée, mais elle sera sauvée grâce à qui ? Grâce à l’Etat, assure la présidente de la province Sud. Ça fait des années qu’Eramet n’a pas été à la hauteur. Le ministre Bruno Le Maire vient pour affirmer, j’en suis convaincue, son soutien aux trois usines. [...] Pour la SLN, c’est un problème de coût de l’énergie et le président de la République s’est engagé à la construction d’une centrale."
On n’a pas les moyens de subir une fermeture.
Sonia Backès
Autre sujet d'actualité, la réforme fiscale, présentée comme "mortifère" par Sonia Backès. "On décide de faire peser 3,4 milliards d’impôts sur les entreprises. Elles sont de moins en moins, elles ne peuvent pas supporter ça. Donc quel est le but ? De faire encore partir des gens ? Si c’est l’objectif de Gilbert Tyuienon, qui porte la réforme, eh bien c’est politique. On ne laissera pas faire ça."
La relance économique au cœur de la visite de Bruno Le Maire
Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, est attendu en Nouvelle-Calédonie à la fin du mois de novembre avec Gérald Darmanin. Parmi ses sujets prioritaires : le sauvetage des trois usines donc, et la relance économique. "On a demandé à ce qu’au moment de la réforme constitutionnelle, il y ait un accompagnement de l’Etat pour mettre plusieurs dizaines de milliards dans des infrastructures calédoniennes et relancer les entreprises de BTP. On a besoin de cette manne financière pour redémarrer."