À l’occasion de sa dernière soirée sur le Caillou, le ministre des Outre-mer nous a accordé un entretien exclusif de plus de 40 minutes. Il est revenu sur deux grandes thématiques : la crise sanitaire et le référendum. Retour sur les temps forts de cette intervention face aux Calédoniens.
Un bilan sur la gestion de la crise sanitaire en Nouvelle-Calédonie
Après avoir salué la mémoire des personnes disparues, Sébastien Lecornu a rappelé que l’épidémie n’était pas terminée sur le territoire et qu’il fallait également travailler sur le phénomène de covid long. Il a aussi insisté sur la mobilisation face à cette crise sanitaire : “Le système de santé calédonien a tenu, il y a eu une très forte mobilisation, ici la situation était tendue, mais tenue. L’autre sujet devant nous reste la vaccination, mais la couverture vaccinale n’est pas complète (...) C'est une priorité importante car le vaccin est la seule solution.”
L'obligation vaccinale existe pour les soignants et pompiers notamment, mais pour les soignants, je considère qu’il y a une obligation morale.
L’obligation vaccinale : la pédagogie comme solution
Le ministre des Outre-mer s’est aussi penché sur la question de l’obligation vaccinale, une mesure qui, on le rappelle, est unique sur le territoire - elle n’a pas été instaurée dans l’hexagone. “Il faut que les autorités du pays, expliquent leur décision, a indiqué le minsitre, il faut porter ces décisions, maintenant que les élus ont fait ce choix courageux, il faut faire de la pédagogie. L’obligation vaccinale ce n’est pas le choix que l’État a fait, néanmoins, cela n’interdit pas la pédagogie vaccinale.”
Sébastien Lecornu a évoqué la question de la vaccination chez les soignants : "L'obligation vaccinale existe pour les soignants et pompiers notamment, mais pour les soignants, je considère qu’il y a une obligation morale. (...) Quand des soignants résistent à la vaccination, cela crée des questionnements sur celles et ceux à qui on demande du renfort sanitaire.”
Un aide médicale et financière pour “éviter une baisse du niveau de soin”
Quant à la question de la poursuite de l’aide médicale par l’État ainsi que du soutien financier, Sébastien Lecornu a rassuré les Calédoniens : “La covid-19, personne ne l’a souhaitée, la République a un projet de fraternité, “ce quoiqu’il en coûte”, cette capacité à se serrer les coudes pour faire en sorte de mieux combattre l’épidémie, ce n'était pas un sujet de compétence. (...) Nous nous sommes dit pour ces territoires-là : “une subvention de 80 millions d’euros, 10 milliards de francs, et jusqu'à 40 millions d’euros, 5 milliards de francs, pourra être débloquée pour aider le pays à payer ses soignants. L’argent est là pour ne pas baisser le niveau de soin.”
Concernant la relance économique du pays, Sébastien Lecornu a rappelé que deux dispositifs étaient mis en place : le fonds de solidarité pour les entreprises et les PGE (prêts garantis par l’État). Le ministre des Outre-mer a insisté : “On est là parce que la mer est agitée, cela revient à de la fraternité.” Quant au plan de relance économique du territoire, le ministre a décrit le système économique global comme “en défaut de confiance.”
Référendum : des questions encore floues
Selon Sébastien Lecornu, le projet de l’indépendance doit être "clarifié", l’État a fait son chemin avec le document ‘oui’/’non’, il y a trop de personnes qui se posent encore des questions angoissantes sur leur avenir, des questions humaines. Il a également donné sa définition de l’autonomie :
C’est exercer des compétences et se donner les moyens de les exercer au plus proche du territoire. L’autonomie est un bon modèle (...) je suis un militant de l’autonomie. Néanmoins, l’autonomie ne peut pas aller sans des exigences politiques et budgétaires. Sinon, cela devient tout l’inverse : de la sur-dépendance.
Il a ajouté : “Je demande aux indépendantistes d’expliquer dans la précision désormais ce qu’est l’indépendance de demain. (...) Les liens entre la République et le pays qui accède à sa pleine souveraineté sont des liens qui sont désormais rompus. Est-ce que des partenariats peuvent exister : oui, mais pas n’importe comment et pas pour des durées illimitées.”
Le ministre des Outre-mer a également insisté sur le document du ‘Oui’ et du ‘Non’ : “Il n’a pas été enrichi autant que je le souhaitais, je ne vais pas vous mentir (...) Faut-il leur en vouloir ? (les élus) Je ne pense pas non plus. (...) Le travail des 153 questions auxquelles il faut répondre n’a pas été demandé au printemps dernier, ce sont des questions qui se posent depuis 30 ans parfois. (...) Le travail a été fait pour l’État. Il y a beaucoup de contributions mais moins les explications sur le ‘oui’ ou le ‘non’ seront floues, plus le ‘oui’ et le ‘non’ se conjugueront, et moins les choses seront violentes. (...)
Enfin, Sébastien Lecornu est revenu sur la question du report ou non de la 3ème consultation. D’après lui, tout dépendra des indicateurs sanitaires. Toutefois, les campagnes peuvent d’ores et déjà reprendre, tout en respectant les mesures sanitaires :
Au sujet de la méthode, il faut regarder les indicateurs sanitaires, j’ai demandé au haut-commissaire de continuer la préparation du référendum (...) il peut y avoir une reprise épidémique mondiale, locale ou régionale qui deux jours avant peut nous amener à devoir renoncer au référendum. En vérité, j’ai bon espoir que dans les premiers jours de novembre, nous ayons des tendances sanitaires qui nous laissent une visibilité sur ce sujet. (...) La vérité aussi c’est que la campagne peut rédémarrer dès maintenant, il ne faut pas mentir au corps électoral, avec les mesures barrières et en faisant attention (...)