Face à des finances calédoniennes exsangues, un nouveau prêt de l’Etat

Sébastien Lecornu visitant le Médipôle en pleine crise Covid, en octobre 2021.
L'Etat va accorder un nouveau prêt à la Calédonie, d'un montant de 175 millions d'euros soit 21 milliards de francs Pacifique, alors que les finances de la collectivité sont dans le rouge. C’est ce qu’a indiqué le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu ce jeudi, heure de Paris.

Le prêt garanti, souscrit auprès de l'Agence française de développement, "sera accordé pour un montant qui permettra à la Nouvelle-Calédonie de boucler son budget", explique le ministre des Outre-mer dans un communiqué. "De cette manière, l'État sécurise tout le système social : les retraites, les salaires à l'hôpital notamment." La somme s'élève à 175 millions d'euros, soit 21 milliards de francs CFP.

Entretien

L'accord a été conclu après un entretien en visio-conférence entre Louis Mapou, le président indépendantiste du gouvernement collégial, et Sébastien Lecornu. Lequel a "salué l'esprit de responsabilité" de ce dernier et "sa volonté d'honorer les engagements de réformes structurelles pris par ses prédécesseurs au premier semestre 2020". 

Un taux d'endettement à 162%

Le ministre des Outre-mer a cependant précisé qu'il n'a pas été possible "d'accorder l'intégralité du prêt" sollicité par l'exécutif local : 280 millions d'euros, soit plus de 33 milliards CFP. Et ce en raison "du taux d'endettement de la Nouvelle-Calédonie [qui] dépasse les 160%". Un prêt garanti par l'Etat de 240 millions d'euros (soit 28,7 milliards CFP), de l'AFD, a déjà été consenti à la Calédonie, en 2020, pour faire face  à la crise sanitaire.

Le budget, puis les réformes

Ce nouveau coup de pouce va permettre d'adopter, d'ici la fin du mois, un budget 2022 équilibré. Puis d'engager des réformes fiscales pour lutter contre ses déficits structurels. "L'Etat a mis des conditions sur la table", a indiqué un expert du gouvernement. Plusieurs pistes ont été suggérées par le membre - indépendantiste - en charge de la fiscalité, pour dégager des recettes supplémentaires: révision du barème de l'impôt sur le revenu, taxe sur les produits sucrés, suppression de niches fiscales ou encore taxe sur les plus-values immobilières et les exportations minières.

Economie en repli

Certaines mesures suscitent toutefois la controverse dans les rangs non-indépendantistes. Rappelons que l'économie est en repli depuis plusieurs années, en raison, notamment, des difficultés du secteur minier et des incertitudes institutionnelles. La crise Covid a aggravé la situation, et le déficit des comptes sociaux se chiffre désormais à quatorze milliards de francs.