Après cinq jours de festivités, la 14ème édition du festival des arts et de la culture des Îles Marquises s'achève à Nuku Hiva par un défilé de toutes les délégations. Le Matavaa o te Henua Enana, événement culturel majeur en Polynésie française, a rassemblé des milliers de personnes dans la capitale administrative marquisienne.
1500 festivaliers et autant de spectateurs ont assisté aux différentes prestations de chants et danses, aux activités culturelles ou culinaires. Chaque édition marque l'âme. Le festival est un incontournable pour la transmission des savoirs hérités des ancêtres.
"Un événement d'une telle envergure est très complexe"
Les habitants de toutes les îles de l'archipel se sont exprimés, ont interprété leurs légendes, ont offert leurs plus belles chorégraphies pour donner vie à cet événement d'envergure. Du 16 au 20 décembre sur la place Temehea, l'esplanade Kamuihei, Te Aitua ou Koueva, tous ont célébré leurs traditions avec ferveur et engagement. "Je suis très heureux et ému de l'investissement de tous ceux qui y ont participé, de l'amour et de la passion que porte chacun pour sa culture et ses ancêtres. C'était vraiment magnifique de pouvoir assisté à ça, d'avoir pu y participer, et d'avoir pu offrir cette plateforme pour que les groupes marquisiens puissent s'exprimer", confie le président du comité organisateur, Heretu Tetahiotupa.
Depuis deux ans, le COMOTHE prépare ce rassemblement culturel, non sans difficultés. Cette édition a été marquée par de nombreuses déconvenues, avant même d'avoir commencé. Tout d'abord, la pirogue Vaka Nui a été accueillie par les gendarmes, sur la plage Pahaatea lors de son arrivée à Nuku Hiva. Le concert de Takanini prévu le vendredi 15 décembre a dû être annulé pour des raisons de sécurité. Le président du COMOTHE, s'il est "très heureux et ému de l'investissement de tous ceux qui y ont participé, de l'amour et de la passion que porte chacun pour sa culture et ses ancêtres", avoue qu'un tel événement est difficile à organiser.
J'étais concentré de sorte que l'événement se passe au mieux, pour trouver les meilleures solutions aux problématiques qui apparaissent parce qu'un événement d'une telle envergure, c'est très complexe. Il y a plein d'imprévus qui apparaissent et qui peuvent créer des réactions en chaîne. Il faut être réactif. Mon équipe du COMOTHE et toutes celles qui se sont déplacées sur l'île ont fourni un travail incroyable.
Heretu Tetahiotupa, président du COMOTHE
Ua Huka en 2025
Depuis 2006, un mini-festival est organisé tous les deux ans. Pour la seconde fois, c'est la plus petite île de l'archipel, Ua Huka qui aura l'honneur d'organiser, en 2025 le festival des arts et de la culture des Îles Marquises.
L'île aux chevaux a accueilli les festivités une seule fois depuis la création du festival en 1987, c'était en 2013. Le sentiment d'excitation se mêle à celui de l'appréhension.
On sera prêt. Un festival, ça ne se prépare pas comme ça. Je sais pouvoir compter sur tout le monde pour s'adapter aux conditions et à la capacité d'accueil de l'île.
Ranka Aunoa, président du COMOTHE de Ua Huka
Car à Nuku Hiva, des festivaliers se sont plaints des logements pas toujours adaptés : les salles omnisports ou les écoles ont été réquisitionnées pour les loger. "On a eu des hauts et des bas. Ils n'étaient pas prêts je crois pour nous accueillir" commente une festivalière. À l'école Patoa par exemple, 400 personnes étaient logées pour seulement deux douches et deux toilettes.
"Pour aller aux toilettes, c'est comme l'avion : tu es sur liste d'attente !" ironise un autre participant.
Joseph Kaiha l'admet :
Bien sûr au niveau des hébergements, il y a des petits détails [à revoir] c'est normal...presque toutes les délégations sont venues, parfois avec cent personnes en plus, mais on a réussi à hébeger tout le monde. Il y a des petits détails aussi au niveau du repas : quelques-uns ont été malades, mais personne n'a été hospitalisé. Je suis très content. Le beau temps est revenu...sans oublier l'accueil de Vaka Nui, c'était super. On va entendre parler de cette pirogue, peut-être faire d'autres traversées.
Joseph Kaiha, maire d'Ua Pou
Mais ce qu'il retient avant tout : "j'ai la chair de poule quand on parle de Te Auii Tupuna. Le thème a été bien choisi. Nos tupuna étaient avec nous tout au long de ce festival", décrit-il encore ému. Un sentiment partagé par son confrère, Félix Barsinas, qui n'en garde que le positif.
Je remercie les associations de Nuku Hiva d'apporté leur expertise, pour que les festivaliers puissent se retrouver dans de meilleures conditions. Même au niveau des hébergements : je remercie les différentes confessions religieuses de nous mettre les salles à disposition. Et au niveau des spectacles, il n'y a rien à dire. On a vu durant les trois soirées, une déclinaison de la thématique imposée par le comothe à savoir l'énergie ancestrale...
Félix Barsinas, maire de Tahuata
Le rendez-vous est donné en 2025, "participer est même une obligation : c'est la commune de Ua Huka qui accueille les différentes délégations, mais c'est avant tout le festival de toute la communauté marquisienne soutenue par les six maires, la CODIM et le Pays !" conclut avec ferveur le maire de Tahuata.
Le comité organisateur aura deux ans pour se préparer à accueillir les festivaliers et les visiteurs avec l'appui essentiel des bénévoles. L'île du Pihiti le Lori ultramarin, un oiseau endémique de l'archipel, abrite aujourd'hui près de sept cents habitants.