Après des passages compliqués, une filière apicole bien présente à Miel Vert 2024

Du miel, du pollen ou de la gelée royale dans les allées des exposants, des ruchers et leurs abeilles un peu plus loin... C'est une certitude, nous sommes bien à Miel Vert, manifestation agricole incontournable qui vient de débuter à la Plaine-des-Cafres. 

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Si ce produit est si présent sur le site du 23ème km, c'est qu'il donne son nom à cette grande fête agricole du Tampon qui attire des dizaines de milliers de visiteurs chaque année. Pascal Fontaine, apiculteur, débute cette édition anniversaire avec une certaine émotion, sur son stand. "Ça fait plus de 30 ans que je fais Miel Vert, et c'est de l'émotion, de la nostalgie. C'est toujours un moment attendu en ce début d'année pour moi", dit-il, se disant "frissonner" en en parlant.

Des miels réunionnais "extraordinaires" 

D'autant que, dit-il, "La Réunion a des produits endémiques, des terroirs, ça donne des miels extraordinaires". Et la manifestation est justement une occasion pour lui de rencontrer le public et de lui faire déguster le fruit du travail des abeilles réunionnaises.

Le miel de tan rouge, fameux "miel vert" 

Parmi ces produits, le fameux "miel vert", qui donne son nom à cette fête des produits agricoles et du savoir-faire local. Sous son nom se cache en fait le miel de tan rouge, "endémique des Mascareignes, qui pousse sur les hauteurs de l'île à 1 000 mètres d'altitude", souligne Pascal Fontaine. Et pourquoi "vert" ? "Il a une apparence verdâtre quand on l'extrait de la gaufre", explique l'apiculteur, toujours très content d'en proposer. 

"Quand on le récolte, c'est la cerise sur le gâteau. Il est très rare, et très très parfumé. Quand on le goûte, c'est comme faire un petit tour dans la forêt !" 

Pascal Fontaine, apiculteur

"Le rendez-vous de l'année" 

Ce miel rare est rejoint par celui de baie rose, de forêt, d'eucalyptus, ou encore toutes fleurs, sur les étals des apiculteurs. L'un d'entre eux, Bruno Ariapoutri, n'aurait manqué ce rendez-vous pour rien au monde. Il y fait son plus gros chiffre d'affaires de l'année. En ce début d'année, il propose "des coffrets pour faire des cadeaux au lieu d'offrir des chocolats". Un assortiment qui évite d'ailleurs de n'en choisir qu'un seul... Car Bruno lui, ne saurait pas le faire : "Je les aime tous, je ne fais pas de préférence, sinon mes abeilles ne seront pas contentes !" rigole-t-il. 

"C'est le rendez-vous de l'année pour tous les apiculteurs de La Réunion. J'aimerais bien écouler tout le miel que j'ai emmené !"

Bruno Ariapoutri, apiculteur du Tampon

Des miels médaillés 

Bruno et Jacqueline Ariapoutri, apiculteurs, sont d'ailleurs fiers de présenter leurs miels primés en 2023 : le miel crémeux de letchis médaillé d'or au concours agricole, et le miel de camphrier-cannelle considéré comme miel de forêt médaillé d'or par l'Union nationale des apiculteurs de France. 

"Pour la première fois que j'envoyais mon miel en concours, ils ont obtenu deux médailles d'or direct", dit fièrement Bruno Ariapoutri. Le fruit d'un "travail minutieux, pour respecter les normes, mettre les abeilles au bon endroit, et faire un miel sain". 

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Des ruchers exposés sur le site 

Avant de procéder aux achats, un petit détour parmi les ruches de Miel Vert s'impose, histoire de découvrir les coulisses de la fabrication de ce liquide doré utilisé depuis des millénaires, puisque l'Homme récolte le miel depuis au moins 7 000 ans avant JC. Pour découvrir le métier d'apiculteur, des ruchers ont été installés sur le site de la manifestation, avec leurs 100 000 à 150 000 abeillles qui sillonnent un rayon de 3 kilomètres pour récolter du pollen.

Des parasites qui malmènent abeilles et apiculteurs 

L'apiculture, pratique ancestrale, a pourtant connu des périodes difficiles à La Réunion : le varroa, parasite qui décime les colonies d'abeilles, ou encore plus récemment le petit coléoptère des ruches, mettent à mal la filière apicole péi. 

En juillet 2022, la présence du petit coléoptère des ruches était détectée à La Réunion. Un insecte ravageur des colonies qui avait contraint les apiculteurs à brûler les ruchers contaminés par précaution, à la demande des services sanitaires qui appliquaient la réglementation nationale. 

La fin de la destruction des ruches en 2023, un soulagement

Au fil des mois, désemparée et convaincue que cette mesure extrême n'avait aucun effet concret sur l'éradication du parasite, la filière apicole a pu faire entendre son argument du "vivre-avec". Leur stratégie ? Soutenir et renforcer leurs abeilles pour mieux faire face au petit coléoptère. D'autant que la destruction des ruches n'était plus justifiée, dès l'instant où la présence du nuisible a été avérée dans les ruchers sauvages, qui eux n'étaient pas brûlés en cas de contamination, et qu'il était donc impossible de l'éliminer totalement. 

"On a pu faire assouplir les mesures et on reprend du poil de la bête. Le petit coléoptère est un danger, mais si les ruches sont populeuses, elles résistent mieux au petit coléoptère. Pour qu'elles soient fortes, elles ont besoin de l'aide de l'apiculteur, qui va les nourrir à bon escient et les traiter, notamment contre le varroa qui est le premier danger. Si l'apiculteur fait son travail, les abeilles résistent également".

François Payet, président du syndicat des apiculteurs de La Réunion

Ainsi, le 7 août 2023, la préfecture de La Réunion annonçait, au grand soulagement de la filière, l'arrêt de l'éradication systématique des ruchers contaminés. "On a été largement soutenus par la population, par les élus (...), mais égalements tous les organismes agricoles de l'île. Tous ces gens-là ont vraiment compris l'importance de l'abeille pour notre agriculture et notre biodiversité", conclut François Payet, reconnaissant.

Mauvaise récolte sur le baie rose et le letchis 

Désormais, la situation s'est améliorée. "La filière est résiliente, comme les abeilles et les apiculteurs. Nous sommes là, les abeilles sont vaillantes et en bonne santé", sourit l'apiculteur. Même si l'année 2023 en termes de récolte n'a pas été des plus abondantes, par rapport à une saison médiocre sur le miel de baie rose, tout comme sur le miel de letchis. "Mais on s'est rattrapés sur le miel toutes fleurs et le miel de forêt.", souligne François Payet. 

200 tonnes de miel produites chaque année 

La production stagne, selon lui. Mais chaque année, le travail de 150 apiculteurs professionnels réunionnais et de leurs butineuses aboutit à une récolte de 200 tonnes en moyenne. 

"Sans l'abeille, pas d'agriculture ni de biodiversité" 

Au-delà du miel, François Payet tient à rappeler, en ce début de Miel Vert 2024, l'importance de l'abeille, cet insecte pollinisateur. 

"Souvent on parle de la canne comme pilier de l'agriculture, mais le pilier central, c'est l'abeille. Sans elle, il n'y a pas d'agriculture parce qu'on a besoin de la pollinisation, et ça on ne s'en rend pas compte. Et le miel est un produit excellent. Les abeilles sont des animaux qui nous fournissent une alimentation directe : le miel, le pollen, la gelée royale, etc. Nos fruits, nos légumes, notre grande biodiversité, viennent des pollinisateurs, et de l'abeille en particulier". 

François Payet, président du syndicat des apiculteurs réunionnais