Une page se tourne chez Air Austral : les explications de Marie-Joseph Malé et les réactions des syndicats

A l'ordre du jour de ce conseil d'administration, la transition de gouvernance de la compagnie aérienne.
Au lendemain de l'annonce officielle du départ de Marie-Joseph Malé, l'ex-PDG d'Air Austral s'est adressé aux salariés de la compagnie dans une vidéo. Les syndicats, eux, saluent le changement de gouvernance, mais surtout, l'arrivée de nouveaux investisseurs qui pourrait avoir lieu prochainement.

Mardi soir, la compagnie aérienne régionale a officialisé le départ de son PDG depuis dix ans, Marie-Joseph Malé. Non loin d’être une surprise, ce départ avait déjà été évoqué par le passé, mais est devenu concret lors de ce conseil d’administration qui avait pour ordre du jour la transition de gouvernance.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère et les réactions de Marie Noëlle-Wolff, déléguée syndicale UNSA Aérien : 

Air Austral : un nouveau plan de vol avec un pilote intérimaire

Une vidéo de départ 

Dans une vidéo d’une petite dizaine de minutes publiée sur la chaîne YouTube de la compagnie, le désormais ancien PDG d’Air Austral s’est adressé aux salariés de la boîte, leur annonçant son départ.

"Mon départ doit être pris dans un contexte extrêmement positif"

Il explique ainsi le timing de cette décision : 

Mon départ doit être pris dans un contexte extrêmement positif pour la compagnie. (...) Je suis venu il y a dix ans au moment où la compagnie traversait une crise existentielle. (...) Au sortir de la pandémie aujourd’hui, j’ai souhaité rester, en accord avec la Sematra notre actionnaire majoritaire, jusqu’à ce qu’on aie une vraie visibilité sur la sortie de crise.

Marie-Joseph Malé, ex-PDG d'Air Austral

L'arrivée de nouveaux investisseurs se précise

Mais surtout, du propre aveu de l’ex-PDG, ce départ est aussi le souhait des potentiels futurs investisseurs qui devraient entrer au capital d’Air Austral prochainement. 

Des investisseurs réunionnais se sont déclarés. Depuis peu, l’offre qu’ils ont pu faire parvenir à la Région et au gouvernement, est une offre qui est engageante. Eux-mêmes ont souhaité, dans le cadre de cette offre, prendre le contrôle de la gouvernance dans les semaines qui viennent, une fois que certaines phases seront accomplies.

Marie-Joseph Malé, ex-PDG d'Air Austral

Un projet à présenter avant le 30 juin 

Le changement au sein d’Air Austral pourrait donc intervenir très rapidement.

Au mois d’avril, un groupe d’actionnaires locaux avait affiché son intérêt pour la compagnie aérienne. L’offre de ce consortium, Newco, aurait eu la préférence du comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI). Mais le CIRI doit confirmer un accord d'ici peu, l’Etat devant présenter le projet de reprise à la Commission européenne avant le 30 juin 2022.

Ce fonds réunionnais comprend entre autres, parmi une dizaine d’entrepreneurs de La Réunion, le groupe Deleflie. Mais cette reprise est aussi conditionnée à la restructuration de la dette d’Air Austral, et donc à un nouvel engagement financier de l’Etat. 

"Une page qui se tourne"   

Les syndicats semblent quant à eux plutôt satisfaits, au lendemain de cette annonce.

Pour l’UNSA Aérien - SNMSAC, “c’est une page qui se tourne et l’avenir s’annonce plein de perspectives”.

Joseph Bréma à l'intérim

Dans un communiqué, le syndicat se réjouit de la transition assurée par Joseph Bréma, nouveau PDG par intérim d’Air Austral. “Un homme de terroir, humain et abordable, toujours présent à chaque étape”, qui “connaît bien l’entreprise pour avoir grandi avec elle”, “le pdg de transition idéal qui nous assure d’une transparence rassurante”.

Jusqu’ici, Joseph Bréma était le directeur général délégué en charge des affaires économiques et financières. 

Les syndicats plutôt optimistes

Mais au-delà de ce changement de gouvernance, c’est surtout la confirmation de l’arrivée d’investisseurs réunionnais qui rassure l’UNSA Aérien - SNMSAC.

Rappelons qu’en novembre 2021, un rapprochement entre Air Austral et la compagnie Corsair avait été un temps évoqué pour faire face aux difficultés entraînées par la crise sanitaire. Les salariés de la compagnie régionale avaient alors craint une fusion, un “mariage forcé qui aurait mis fin à l’identité réunionnaise d’Air Austral.

Cette option n’est vraisemblablement plus dans l’air du temps, à en croire l’adresse de Marie-Joseph Malé aux salariés de la compagnie.

L’Unsa s’en réjouit. 

Le patriotisme qui a été entendu par le pôle d’investisseurs et qui est le nôtre, sera également entendu par notre clientèle, nous n’en doutons pas.

Unsa Aérien - SNMSAC

Le SNPNC-FO (Syndicat des personnels navigants commerciaux) estime aussi que c'est là "une très bonne nouvelle". 

Avoir un investisseur local, qui a connaissance des Réunionnais, des clients qui voyagent sur notre compagnie, mais aussi du tissu économique qu'il génère sur l'île, c'est vraiment un atout.

Baptiste Dei-Tos, SNPNC-FO

Un changement espéré au niveau du dialogue social

D’autres eux, espèrent ainsi voir s'améliorer le dialogue social avec le changement de gouvernance de cette semaine. Le SNPNC-FO notamment, voit plutôt d’un bon oeil cette page qui se tourne. 

Pour le SNPNC, on va dire que c'est une bonne nouvelle, parce que ça veut dire qu'on avance, maintenant il faut qu'on aille vers du positif, vers une évolution de la compagnie. (...) Au niveau du dialogue social, je ne vais pas le regretter, mais en tant que financier, il y aura un certain regret de le (Marie-Joseph Malé, ndlr) voir partir. 

Baptiste Dei-Tos, SNPNC-FO

Ces derniers mois, un plan de départ volontaire avait abouti à la perte de 170 personnes au 31 mars 2022. Les pilotes eux, ont dû renoncer partiellement à leur 13ème mois.

Un premier comité social et économique après le départ de Marie-Joseph Malé doit se tenir ce jeudi 16 juin 2022. 

220 millions d'euros de déficit

Ces dernières années, Air Austral a affiché une santé financière dégradée, nécessitant des financements publics conséquents pour traverser la crise Covid : 120 millions d’euros en 2020, et 60 millions en 2021, sous forme de prêts garantis par l’Etat, de prêt d’actionnaire octroyé par la Région, ou d’aide directe. Aujourd'hui, le déficit atteint les 220 millions d'euros.