Le 27 mai 1848, le gouverneur de la Guadeloupe Jean-François Layrle proclamait l’abolition de l’esclavage dans l’île, par crainte d’une insurrection des esclaves. Le décret officiel arrivera le 5 juin à Basse-Terre. Retour sur cet événement historique.
Le mois de février 1848 marque l’avènement de la deuxième République en France. Depuis quelques années déjà, de nombreuses voix s’élèvent pour demander l’abolition de l’esclavage. L’abbé Grégoire, Tocqueville, Victor Schoelcher, le Martiniquais Cyrille Bissette, entre autres, ont sensibilisé l’opinion publique à cette question. La Grande-Bretagne a aboli l’esclavage en 1833 et, sous cette impulsion, les idées humanistes progressent en France.
Pendant ce temps en Martinique, les esclaves s’impatientent devant la lenteur de l’arrivée du décret sur l’île. Des révoltes sporadiques éclatent ça et là. Le 22 mai 1848, une violente rébellion embrase la ville de Saint-Pierre. De peur d’une insurrection généralisée, le gouverneur de la Martinique, Claude Rostoland, proclame l’abolition le 23 mai.
L’impatience gagne également la Guadeloupe. Cependant, échaudé par les événements de Martinique, le gouverneur de la Guadeloupe, Jean-François Layrle, décide de prendre les devants. Il promulgue l’abolition de l’esclavage le 27 mai 1848. Quant au décret officiel d’abolition du 27 avril, il arrivera sur l’île, à Basse-Terre, le 5 juin. Si l’on suit le texte à la lettre, l’esclavage aurait dû être aboli en Guadeloupe deux mois après l’arrivée du commissaire général porteur du décret, soit le 5 août 1848.
L’émancipation concerne plus de 87.000 personnes, sur une population totale de près de 130.000 habitants à l’époque. L’un des problèmes du commissaire général Gatine sera notamment d’organiser la dénomination des anciens esclaves, qui n’ont pas de patronymes, contrairement aux Blancs (environ 10.000) et aux affranchis. (Sur ce sujet voir le site anchoukaj.org, qui permet aux familles guadeloupéennes et martiniquaises de retrouver des prénoms, matricules et autres renseignements sur leurs ancêtres éventuellement esclaves avant 1848).
L’abolition de l’esclavage va bouleverser l’équilibre socio-économique de la Guadeloupe. A part l’indemnisation des colons, aucun projet n’est prévu, aucune réforme agraire ou foncière, cruciale pour l’avenir des nouveaux hommes et femmes libres. Nombre d’anciens esclaves désertent les plantations et les habitations, et les anciens maîtres se trouvent confrontés à une pénurie de main d’œuvre. Au début des années 1850, la production sucrière, qui fait la fortune des colons, chute environ de moitié.
Les planteurs ont besoin de nouveaux travailleurs, de préférence docile. Les tentatives de recrutement de « petits Blancs » venus d’Europe sous contrat échouent. Les colons se tournent alors principalement vers l’Inde et ses nombreux comptoirs français. (Lire ici : L’indianité des Antilles, l’oubliée de l’histoire). Le premier contingent d’engagés indiens, environ 300 personnes, arrive en Guadeloupe en décembre 1854 à bord du bateau « l’Aurélie ». Entre 1854 et 1889, plus de 42.000 travailleurs indiens accostèrent en Guadeloupe. On estime que plus de la moitié n’y survivra pas, à cause des dures conditions de travail et des mauvais traitements. Et des milliers d’entre eux choisirent de repartir en Inde.
Promulgation du décret
Le 27 avril 1848, le gouvernement provisoire promulgue le décret d’abolition de l’esclavage. Son article premier stipule que « l’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d’elles ». Le 8 mai de la même année, le commissaire général Adolphe Ambroise Alexandre Gatine, membre de la Commission d’abolition de l’esclavage présidée par Schoelcher, monte à bord de la frégate « le Chaptal » avec le décret d’abolition. Direction les Antilles françaises.Pendant ce temps en Martinique, les esclaves s’impatientent devant la lenteur de l’arrivée du décret sur l’île. Des révoltes sporadiques éclatent ça et là. Le 22 mai 1848, une violente rébellion embrase la ville de Saint-Pierre. De peur d’une insurrection généralisée, le gouverneur de la Martinique, Claude Rostoland, proclame l’abolition le 23 mai.
L’impatience gagne également la Guadeloupe. Cependant, échaudé par les événements de Martinique, le gouverneur de la Guadeloupe, Jean-François Layrle, décide de prendre les devants. Il promulgue l’abolition de l’esclavage le 27 mai 1848. Quant au décret officiel d’abolition du 27 avril, il arrivera sur l’île, à Basse-Terre, le 5 juin. Si l’on suit le texte à la lettre, l’esclavage aurait dû être aboli en Guadeloupe deux mois après l’arrivée du commissaire général porteur du décret, soit le 5 août 1848.
L’abolition de l’esclavage va bouleverser l’équilibre socio-économique de la Guadeloupe. A part l’indemnisation des colons, aucun projet n’est prévu, aucune réforme agraire ou foncière, cruciale pour l’avenir des nouveaux hommes et femmes libres."
Dénomination des esclaves
L’émancipation concerne plus de 87.000 personnes, sur une population totale de près de 130.000 habitants à l’époque. L’un des problèmes du commissaire général Gatine sera notamment d’organiser la dénomination des anciens esclaves, qui n’ont pas de patronymes, contrairement aux Blancs (environ 10.000) et aux affranchis. (Sur ce sujet voir le site anchoukaj.org, qui permet aux familles guadeloupéennes et martiniquaises de retrouver des prénoms, matricules et autres renseignements sur leurs ancêtres éventuellement esclaves avant 1848).L’abolition de l’esclavage va bouleverser l’équilibre socio-économique de la Guadeloupe. A part l’indemnisation des colons, aucun projet n’est prévu, aucune réforme agraire ou foncière, cruciale pour l’avenir des nouveaux hommes et femmes libres. Nombre d’anciens esclaves désertent les plantations et les habitations, et les anciens maîtres se trouvent confrontés à une pénurie de main d’œuvre. Au début des années 1850, la production sucrière, qui fait la fortune des colons, chute environ de moitié.
Les planteurs ont besoin de nouveaux travailleurs, de préférence docile. Les tentatives de recrutement de « petits Blancs » venus d’Europe sous contrat échouent. Les colons se tournent alors principalement vers l’Inde et ses nombreux comptoirs français. (Lire ici : L’indianité des Antilles, l’oubliée de l’histoire). Le premier contingent d’engagés indiens, environ 300 personnes, arrive en Guadeloupe en décembre 1854 à bord du bateau « l’Aurélie ». Entre 1854 et 1889, plus de 42.000 travailleurs indiens accostèrent en Guadeloupe. On estime que plus de la moitié n’y survivra pas, à cause des dures conditions de travail et des mauvais traitements. Et des milliers d’entre eux choisirent de repartir en Inde.