Matières premières : 200 millions d’euros pour la SLN qui sort de la zone de risque

Usine de ferronickel SLN-Eramet de Doniambo en Nouvelle-Calédonie
Accord conclu. Selon nos informations, le conseil d’administration de la SLN qui s’est tenu à Nouméa ce lundi a approuvé le prêt de 200 millions d’euros proposé par le Premier ministre Manuel Valls. Le groupe Eramet, la maison-mère, respire.
L’opération de sauvetage de l’opérateur historique calédonien intervient dans un contexte de remontée des cours du nickel. Le communiqué de la SLN est attendu lundi soir à Paris. Il doit confirmer que le Conseil d’administration de l’entreprise calédonienne, qui s’est tenu à Nouméa, a approuvé le prêt de l’Etat. Les représentants syndicaux ont voté pour, après une heure d’échanges constructifs.

Le coeur de l'industrie calédonienne

L’usine SLN de Doniambo est adossée à un mur de collines verdoyantes, malgré les fumées du nickel. À l’ouest, le chenal du port de Nouméa ouvre sur l’océan. La route passe entre les bâtiments de l’usine qui ne dort pas la nuit. Elle travaille aussi le week-end, aux heures où les Nouméens vont prendre le soleil en bord de mer. Huit cents salariés se relaient sur le site, deux mille au total avec les mines de l’entreprise sur le Territoire. Une bonne part de la production de ferronickel est vendue en Chine ou au Japon.

Usine de ferronickel SLN du groupe Eramet en Nouvelle-Calédonie

Le Soldat Le Nickel est soigné

Depuis lundi soir en Nouvelle-Calédonie, la SLN est sauvée, au moins pour un an, ce qui permet de donner du temps au temps et d’espérer que se confirme la reprise des cours du nickel. Le Conseil d’administration de l'entreprise, premier producteur mondial de ferronickel pour l'acier inoxydable, a approuvé le prêt de 200 millions d’euros ( 24 milliards CFP) du gouvernement français via l’Agence des Participations de l’État. Après tant d’incertitudes, le volontarisme de Manuel Valls a payé, ainsi que la mobilisation des élus calédoniens, ceux de Calédonie Ensemble et des Républicains. C'est aussi le soutien résolu du groupe Eramet à sa filiale qui est récompensé.

Eramet, satisfaction discrète

À Paris, la direction de la maison-mère, le groupe Eramet a la satisfaction discrète. Ne rien dire, ne rien faire qui pourrait contrarier le plan de sauvetage de l’usine calédonienne, tel est le mot d’ordre, la consigne. Tout juste reconnaît-on que l’ambiance a changé et que le moral remonte au 52e étage de la tour Montparnasse, au siège de la dernière entreprise métallurgique et minière française.

"Chips" de ferronickel calédonien SLN 25 [Eramet] pour l'acier inoxydable

Assurance japonaise

Patrick Buffet, PDG du groupe Eramet est sans doute soulagé. La semaine dernière, en déplacement au Japon comme chaque année à la même époque, il a rencontré ses principaux clients de l’archipel, notamment les grands sidérurgistes, consommateurs de nickel. Ce fut sans doute l’occasion pour lui de remercier Nisshin Steel, l’actionnaire de la SLN. Ce dernier a accepté de céder une action qui a rendu possible le prêt de l’État français au producteur de ferronickel calédonien. Patrick Buffet a rappelé l’importance du Japon dans l’exportation du nickel en provenance de Nouvelle-Calédonie : "La Nouvelle-Calédonie a besoin du Japon et le Japon a besoin de la Nouvelle-Calédonie", dit-il.

Eramet bondit en bourse

La bourse de Paris réagissait favorablement au feu vert donné par le Conseil d’administration de la SLN au prêt de 200 millions d’euros accordé par l’État. En fin d’après-midi, l’action Eramet progressait de 11 %. À Londres, à la bourse mondiale des métaux (LME), le cours du nickel était en hausse de 2,64 % à 10 122 dollars la tonne. Pour la SLN, le timing du nickel est donc favorable au challenge qui attend l’entreprise : baisser les coûts de production de l’usine de Doniambo.